La lanterne à la main

CHANSON par le Frère Fréron

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CHANSON par le Frère Fréron

La lanterne à la main,
En plein jour dans Athène,
Tu cherchois un humain,
Sévère Diogène.
De tous tant que nous sommes,
Visite les maisons,
Tu trouveras des hommes,
Dans tous nos franc maçons

2e

L'heureuse liberté
A nos banquets préside,
L'aimable volupté
A ses côtés réside;
L'indulgente nature
Unit dans un maçon,
Le charmant Epicure,
Et le divin Platon.

3e

Pardonne, tendre amour,
Si dans nos assemblées
Les nimphes de ta cour,
Ne sont point appellées;
Amour, ton caractère,
N'est pas d'être discret :
Enfant pourois-tu taire
Notre fameux secret ?

4e

Tu fais assez de maux,
Sans troubler nos mistéres
Tu nous rendrois rivaux,
Nous voulons être frères ;
Notre chére famille,
Redoute les débats
Qu'enfante la béquille
Du père Barnabas.

5e

Toutefois ne crois pas,
Que des âmes si belles;
A voler sur tes pas,
Soient constament rebelles;
Nos soupirs font l'Eloge,
Des douceurs de ta loy
Au sortir de sa loge
Tout bon frère est à toi. 

6e

Mes frères, par ma voix,
Un élève D'horace,
Jaloux de votre choix;
Vous demande une place,
De la maçonnerie,
Il est bien plus épris ;
Que de la confrèrie
De certains beaux Esprits.

Fréron est également l'auteur d'une autre chanson figurant au même recueil.

Les derniers vers de l'avant-dernier couplet évoquent, dans son sens quelque graveleux, la chanson populaire dont l'air est utilisé ici, la béquille du père Barnabas.

Diogène

Diogène se rencontre à plus d'une reprise dans le chansonnier maçonnique des XVIIIe et XIXe. En France, on le retrouve notamment dans cette chanson-ci et dans celle-ci et celle-ci.

La gravure ci-contre figure à la couverture d'un recueil allemand, Gesänge für Freimaurer (Leipzig 1792).

Diogène est cité dans une chanson allemande de 1798. Et l'un des lieder de Bierey a pour incipit Bei der hellen Mittagssonne nahm Diogenes ein Licht (au brillant soleil de midi Diogène prit une lumière).

Le recueil (1779) Gesammlete Freimaürer-Lieder zum Gebrauch der Loge zum Schwerdt in Riga (recueil de chansons maçonniques à l'usage de la Loge zum Schwerdt à Riga) contient une quinzaine de chansons en français, dont (pp. 74-6) celle-ci, agrémentée du cul-de-lampe ci-contre. 

La même chanson figure à la page 43 du Recueil de chansons et poésies maçonnes, ainsi que (à l'exception du dernier couplet) aux pages 138 et 139 de la Lire maçonne, avec le même air. Cette même version à 5  couplets se retrouvera au Banquet maçonnique de Gentil en 1820 (pp. 29-30).

Avec un texte (reproduit plus bas ci-dessous) réduit à 4 couplets et quelque peu différent (les différences sont marquées en mauve), mais sans partition, on la trouve aussi aux pages 112-113 (à la 1ère édition) ou 173-4 (à l'édition 1810) du Vocabulaire des francs-maçons ainsi qu'aux pp. 127-8 du Nouveau Code récréatif des Francs-Maçons. C'est par contre la version à 6 couplets qui figure (pp. 199-201) au Code Récréatif des Francs-Maçons.

Mais c'est bien la version originale de Naudot avec ses 6 couplets qui est reprise dans la partie francophone du Free-mason's vocal assistant paru à Charleston en 1807 (p. 197).

CHANSON maçonique

La lanterne à la main
En plein jour dans Athène
Tu cherchais un humain,
Sévère Diogène;
De tous tant que nous sommes
Visite les maisons,
Tu trouveras des hommes,
Chez tous les Francs-Maçons.

L'heureuse liberté
A nos banquets preside,
L'aimable volupté
A ses côtes reside,
Et la simple nature
Unit dans un maçon,
Le riant
Epicure,
Et le divin Platon.

Pardonne, tendre Amour,
Si dans nos assemblées,
Les Nymphes de ta Cour
Ne sont point appellées,
Veux-tu sur nos mystères
Etendre aussi tes maux ?
Nous voulons être Frères,
Tu nous rendrais rivaux.

Toutefois ne crois pas
Que des ames si belles,
A
marcher sur tes pas
Soient constament rebelles;
Nos soupirs sont l'eloge,
Des douceurs de ta loi,
Au sortir de la Loge
Tout bon Frère est à toi. 

Cette version à 4 couplets a été transposée dans une version pour la Charbonnerie aux pp. 130-1 du Recueil précieux de la Charbonnerie des premiers tems de 1803.

La chanson (dans sa version initiale, mais avec En plein air au lieu de En plein jour au 2e vers) figure dans le n° 6 (juin 1855) des Esquisses de la vie maçonnique suisse (pp. 93-94), sous le curieux titre Gottrau-Treyfaye ou les francs-maçons de 1763, Episode de l'histoire fribourgeoise et suivie de la mention copie conforme des archives de la ville de Fribourg.

Gottrau-Treyfaye, ou les francs-maçons de 1763 est un ouvrage d' Alexandre Daguet ( 1816-1894) publié en 1843.

Le même Alexandre Daguet a publié en 1879 une Histoire de la confédération suisse dans laquelle on peut lire (p. 206) :

A Fribourg, un patricien ruiné et de mauvaises mœurs, Gottrau-Treyfaye, seigneur de Villariaz et ex-colonel au service d'Autriche, forma, sous le couvert de la maçonnerie, une société de bourgeois et de jeunes patriciens, dans le but d'accroître son pouvoir et de se faire nommer avoyer par la bourgeoisie. Ce Catilina fribourgeois fut banni à perpétuité, ou selon la formule en usage, pour cent et un an, du sol helvétique et ... n'échappa à la mort que grâce aux supplications de ses parents qui, au nombre de vingt huit, siégeaient dans les Deux-Cents (1 763)

On peut supposer que les rédacteurs de la revue suisse, ne connaissant pas les chansonniers du XVIIIe, ont découvert la chanson par le fait que, figurant au dossier du procès de Fribourg de 1763, elle en fut exhumée par l'historien de 1843.

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