La Parfaite Union (Douai)

 

L'ouvrage de référence sur la Loge douaisienne de la Parfaite-Union est celui d'Allender & Rousseau, Les francs-maçons dans la Loge et la Cité Orient de Douai 1743-1946.

Cette Loge de la Parfaite-Union à l'Orient de Douay (Douai) s'est illustrée en publiant vers 1804 un Recueil de Cantiques et en 1807 un Recueil de Cantiques et de Poésies.

Une Loge très musicale

le siège de l'Académie de Musique en 1852

L'ouvrage de Guy Gosselin, L'Age d'or de la vie musicale à Douai, 1800-1850 (Ed. Mardaga, 1994), permet d'apprécier le rôle très important joué à cette époque par la Loge et par ses membres - en particulier Luce-Varlet - dans la vie musicale douaisienne. Citons quelques extraits :

... La convergence d'esprit qui animait cette réunion d'artistes douaisiens s'exprimait encore au cours des tenues de la Loge de la Parfaite-Union. Dans l'étude qu'il a consacrée à cette société, Roland Allender affirme qu'il paraît plus rapide de dresser la liste des musiciens douaisiens qui ne furent pas francs-maçons que de procéder à l'inventaire de ceux qui le furent. Parmi ces derniers figurent Pierre Lecomte, le fondateur de l'Académie de Musique, le violoniste Eloy de Vicq, le compositeur Charles Heisser et F.-J. Fétis ... En 1816, le jury du concours de l'Académie de Musique est entièrement composé de francs-maçons, et, en 1844, sur les 11 membres qui constituent la commission de la Société philharmonique, 7 le sont également ...

... le rôle exercé par la FM dans les productions musicales douaisiennes paraît indéniable. La bibliothèque de la Société nationale d'Agriculture, des Sciences et Arts de Douai conserve une brochure de la pompe funèbre de deux musiciens maçons. Cette dernière indique la participation de la musique de 10e régiment d'artillerie qui exécute trois grands morceaux d'harmonie religieuse. La loge organisait également des séances de distributions de prix pour rendre hommage à certains actes de dévouement humanitaire, mais aussi pour encourager la création musicale. Dans la programmation des sujets de prix proposés en 1848, le troisième prix est attribué au meilleur cantique maçonnique qui sera envoyé

En dehors de ses propres cérémonies, la loge était encore présente dans la vie musicale de la cité. Au cours du dernier trimestre de l'année 1846, Wilhelm von Lenz, élève de Liszt, donne plusieurs concerts à Douai. Entre deux comptes-rendus, la presse publie un article d'où sont extraites les lignes suivantes :

M. Lenz nous semble mériter d'autant plus d'intérêt de nos concitoyens qu'il a pris spontanément une part active et brillante comme maçon au concert que vient de donner le loge de cette ville au profit, moitié des pauvres de la localité, moitié des inondés de la Loire.

Comme conclut Gosselin, un véritable réseau de relations maçonniques était donc directement en rapport avec les structures et la vie musicale de la cité. On en trouvera des exemples dans l'ouvrage d'Allender & Rousseau, Les francs-maçons dans la Loge et la Cité Orient de Douai 1743-1946.

Les compositeurs membres de la Loge qui figurent déjà à ce site sont Luce-Varlet, Fétis, Baumal, Colin, Lecomte, Mastrick et (probablement) Choulet. Il faut également noter les chansons d'Alfred André.

Comme on le voit aux médailles ci-dessous, et comme le signale Le Bihan dans son ouvrage Loges et Chapitres de la Grande Loge et du Grand Orient de France (2e moitié du XVIIIe siècle), cette Loge fut créée en 1777 (installée en 1779 par son homonyme la Parfaite Union de Valenciennes- avec laquelle elle continuera à entretenir les meilleurs rapports comme on peut le voir ici en 1803) et adhéra en 1784 au Rite Ecossais Philosophique.

Dans le Tome I de son ouvrage La Franc-Maçonnerie templière et occultiste aux XVIIIe et XIXe siècles (réédition en 1987 par La Table d'Emeraude), René Le Forestier signale (p. 530) qu'elle se distinguait tant par le nombre que par la situation sociale et la culture de ses membres.

Elle avait suspendu ses travaux avant la Révolution et les reprit en 1800.

En 1803, elle souscrivit au Rite d'Hérédom (de Kilwinning).

Ligou signale dans son Dictionnaire de la Franc-maçonnerie (PUF) que le Chapitre de la Parfaite Union de Douai fut le dernier survivant de ce Rite, qui disparut en 1850.

Une de ses chansons fait allusion à Hérédom.

ci-contre : médaille avec la devise Consociare amat (elle aime à rassembler)

 

le sceau de l'Ordre Royal d'Ecosse d'Heredom de Kilwinning

La Loge, et particulièrement son député, le Frère Abraham, fut étroitement mêlée aux débats du début du XIXe sur les Rites écossais.

Delalande

Charles Delalande (1770-1847), ou Mangon de La Lande, fut Vénérable de la Parfaite Union pendant 13 des 16 années 1800-1815 après avoir été membre du Temple du Silence, Loge qui avait repris ses travaux dès 1795 dans sa ville natale de Roye (dans la Somme) qu'il quitta dès 1796.

Il a conçu de nombreuses chansons dont beaucoup se rencontrent dans les deux recueils de Douai, en particulier une version maçonnique de la Marseillaise et un cantique en 1800.

Il est également considéré comme l'auteur d'une Défense et apologie de la franc-maçonnerie ou réfutation des accusations dirigées contre elle à différentes époques et par divers auteurs, éditée à Paris chez Bailleul en 1814 et signée par un Membre de la Loge Ecossaise de la Parfaite-Union, à Douai.

En 1805 il obtint un premier prix au concours de Littérature Philanthropique et Maçonnique organisé par la Loge de Calais.

En 1819, il fut fondateur et premier Vénérable de l'Heureuse Réunion à Bourbon-Vendée (La Roche-sur-Yon). Selon Allender & Rousseau (p.131), il y était à ce moment en exil politique mais est resté jusqu'en 1835 impliqué dans les activités maçonniques à Douai de l'Académie des Sublimes Maîtres de l'Anneau Lumineux.

Fonctionnaire de l'Enregistrement et des Domaines et inspecteur des Monuments historiques, il fut un passionné d'archéologie, auteur de nombreux mémoires et fondateur à Poitiers de la Société des Antiquaires de l'Ouest.

Voici les nombreux textes de sa plume qui figurent à ce site : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22.

Très prospère sous l'Empire (elle a compté jusqu'à 270 membres), la Loge se réveille ensuite sous l'impulsion de Gautier-d'Agoty ; mais elle s'étiole ensuite et, dans le cadre de la vague de fermetures de Loges en 1850-51, est fermée par arrêté du sous-préfet le 20 décembre 1851, ses réunions devenant une source de danger pour l'ordre et la tranquillité publique (beaucoup de ses membres étaient de tendance républicaine). Sa collection de livres, tableaux et objets d'art sera même mise en vente publique en 1865.

En 1842, elle avait proposé pour son concours littéraire le sujet Quels seraient les moyens à employer pour rendre à la Maçonnerie son ancien éclat ?  

Le sculpteur Théophile Bra (1797-1863) y avait été initié en 1824. En 1852, Douai lui avait rendu hommage au cours d'un concert de sa Société Philharmonique, à l'initiative du Frère Luce-Varlet (source : l'ouvrage de Guy Gosselin, L'Age d'or de la vie musicale à Douai, 1800-1850, p. 18) qui y dirigea une cantate-hommage de sa composition.

Ce n'est qu'en 1896 qu'une Loge renaîtra à Douai, le Réveil.

Médaille (1809) de la Grande Loge de Heredom en France

GDE. [loge] de H — D — M. EN FRANCE. Armoiries dans l'écusson desquelles est un lion debout. NEMO ME IMPUNE LACESSET (personne ne me provoquera impunément) est aussi la devise de l'ordre chevaleresque écossais du Thistle (chardon).

PRO OPERE AUT BELLO (pour le travail ou la guerre). Armoiries dans l'écusson desquelles sont trois tours et équerre et compas superposés. Deux mains sortant des nuages, tiennent l'épée et la truelle. Devise : IN THE LORD WE PUT OUR TRUST (nous mettons notre confiance dans le Seigneur).

 

Le 12 janvier 1846, à l'occasion du décès (le 4 décembre 1845) de son ex-Vénérable le Frère Roty, la Loge a célébré une Pompe funèbre à la mémoire de celui-ci et et de 3 autres membres (Vanackère, Colin et Beaulieu), ainsi que, par la même occasion, de tous ses membres décédés depuis 1784.

Parmi ceux-ci, on relèvera les noms de :

Le rituel, sur un schéma qui présente quelques similitudes avec celui-ci, utilisé en 1816 à Bruxelles, est extrêmement élaboré, avec un grand luxe d'accessoires. Le document contient, pliée, une intéressante gravure grand format, qui donne une idée du faste de telles cérémonies funèbres au XIXe. On en voit ci-contre un détail (qui représente la colonne funéraire sur un transparent gigantesque, due au talent et au zèle du Frère Parent) et ci-dessous la totalité (en cliquant sur cette image, vous la verrez en plus grand format).

Ce document est consultable sur Gallica.

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