Chant funéraire à Douai

 

Ce cantique, intitulé Chant funéraire composé pour la mort de M. Gautier d'Agoty, ex-Vénérable de la Parfaite-Union, figure (pp. 201-205) au recueil Chansons par Alfred André, dédiées à M. P.-J. de Béranger, publié à Douai en 1842.

Philippe Gautier d'Agoty (1770-1826), industriel qui fut une personnalité douaisienne, présida à plusieurs reprises la Parfaite-Union ; c'est notamment à lui que cette Loge doit la reprise de ses activités en 1816. On lui doit une Profession de foi maçonnique qui figure à ce site.

Vingt ans après son décès, au cours d'une Pompe funèbre le 12 janvier 1846, le refrain de ce cantique (Repose en paix, Ombre chérie ...) fut récité lors de l'énumération de quelques membres décédés depuis 1784.

Il est mentionné que la partition est de Colin.

Dans une note en fin de volume (pp. 232-233), André commente ainsi ce cantique :

J'ai publié ce Chant funéraire, non seulement pour payer mon tribut à la mémoire de l'un des hommes les plus distingués du Département du Nord, dont le nom est au-dessus de mes éloges ; non seulement pour acquitter une dette de reconnaissance envers son fils, M. Edouard GAUTIER D'AGOTY (ndlr : 1791-1875), qui voulut bien prodiguer à ma jeunesse des marques d'intérêt dont j'ai gardé souvenir ; mais encore pour exposer un peu dans leur jour les principes d'une société trop peu connue d'une part, et trop calomniée de l'autre.

Qu'on veuille bien rapprocher ce Chant funéraire de mes chansons : Le Meunier de Férin ; les Fils de l'Harmonie ; Cantique, Religion Universelle, et l'on sera amené à reconnaître qu'une réunion d'hommes où de tels chants sont goûtés (l'un d'eux y a obtenu la mention honorable au Concours littéraire), qu'une semblable réunion, dis-je, n'est pas telle que la dépeignent les apôtres de l'Intolérance.

Comme tout ce qui se rattache à l'humanité, la Maçonnerie a ses imperfections ; mais les services qu'elle a rendus à la civilisation, à la liberté, à la philosophie, lui donnent un droit incontestable au respect de tous. — C'est encore des institutions humaines, celle que je considère comme la plus avancée dans la voie du Progrès. Cela pourrait bien tenir à ce qu'elle a marché plus lentement que beaucoup d'autres.


 

 

Chant funéraire 

composé 

pour la mort de M. Gautier d'Agoty, 

ex-vénérable de la parfaite-union.

(Musique de M. Colin.)

 

 

choeur.

Repose en paix, Ombre chérie !
Tes vertus, ton nom, tes bienfaits,
Te font regretter à jamais ;
Mais l’Élysée est ta patrie :
Repose en paix !

 

 

Du feu de la Maçonnerie
Il brûlait jusqu'au fond du cœur,
Celui dont l'active industrie
Des indigents fit le bonheur.
Sur eux, à titre de salaire,
Combien de secours répandus :
Gautier n'est plus !
Malheureux, pleurez votre père ;
Gautier n'est plus !

 

 

choeur.

Repose en paix, Ombre chérie !
Tes vertus, ton nom, tes bienfaits,
Te font regretter à jamais ;
Mais l’Élysée est ta patrie :
Repose en paix !

 

 

O vous dont il fit ses délices,
Que pour lui vos chants seraient doux
Muses, si des cieux plus propices
L'avaient conservé parmi nous.
Mais c'en est fait, sans harmonie
Nos luths résonnent détendus ;
Gautier n'est plus !
Pleurez Beaux-Arts, Talents, Génie !
Gautier n'est plus!

 

 

choeur.

Repose en paix, Ombre chérie !
Tes vertus, ton nom, tes bienfaits,
Te font regretter à jamais ;
Mais l’Élysée est ta patrie :
Repose en paix !

 

 

En retrouvant dans ta famille
Ton esprit, ton cœur et tes traits ;
Tu crûs au bonheur, feu qui brille
Pour s'éteindre l'instant d'après.
A tes enfants, puisse Dieu rendre
Les jours heureux qui t'étaient dûs !
Gautier n'est plus !
Que de pleurs versés sur sa cendre :
Gautier n'est plus !

 

 

choeur.

Repose en paix, Ombre chérie !
Tes vertus, ton nom, tes bienfaits,
Te font regretter à jamais ;
Mais l’Élysée est ta patrie;
Repose en paix !

 

 

Entre le sort et ton courage
Lorsque la lutte s'engagea,
Nous vîmes grandir dans l'orage
Ton courage, si grand déjà !
Ainsi le chêne à la tempête
Oppose ses rameaux touffus :
Gautier n'est plus !
La Mort seule a courbé sa tête ;
Gautier n'est plus !

 

 

choeur.

Repose en paix, Ombre chérie !
Tes vertus, ton nom, tes bienfaits,
Te font regretter à jamais ;
Mais l’Élysée est ta patrie :
Repose en paix !

 

 

Il n'est plus, mais dans cette enceinte
Son Ombre auguste reviendra ;
Du pauvre elle entendra la plainte,
A qui notre écho répondra :
Ici, les cris de la misère
Sont calmés sitôt qu'entendus ;
Gautier n'est plus !
Mais chacun de nous est son frère ;
Gautier n'est plus !

 

 

choeur.

Repose en paix, Ombre chérie !
Tes vertus, ton nom, tes bienfaits,
Te font regretter à jamais ;
Mais l’Élysée est ta patrie :
Repose en paix !

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