Couplets sur le réveil à Douai en 1800

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Ces couplets, dont l'incipit est Sous le dôme de la Nature, sont l'oeuvre des Frères Delalande et Ducolombier et ils constituent le n° VI (pp. 10-11) du Recueil de Cantiques pour la Loge de la Parfaite-Union à l'Orient de Douay.

Au XVIIIe, la principale Loge de Douai était la Parfaite-Union, mais Allender & Rousseau, dans leur riche ouvrage Les francs-maçons dans la Loge et la Cité Orient de Douai 1743-1946, mentionnent également l'existence d'une Loge militaire et d'une Loge civile toutes deux dénommées La Concorde. Lorsqu'en 1800, après la parenthèse révolutionnaire et sous l'impulsion de Philippe Bommart (ancien Vénérable, qui le redevint pour un an à ce moment) et Delalande (qui allait ensuite le devenir de nombreuses fois), le reliquat des maçons se réunit en vue de relancer les travaux, c'est le titre de la Parfaite-Union qui fut retenu plutôt que celui de La Concorde. Voilà qui explique le titre de ces couplets chantés le 18 juillet 1800 pour célébrer cette renaissance.

Ce n'est que quelques mois plus tard, le 1er mars 1801, que la Loge ainsi ressuscitée inaugurait un nouveau local : c'est donc au sens symbolique et non au sens physique qu'est évoquée ici la reconstruction du Temple après sa destruction. L'évocation de la tombe des maçons n'est d'ailleurs pas une figure de style, puisqu'Allender & Rousseau mentionnent que deux maçons douaisiens avaient péri du fait des événements de la Révolution.

Voir sur l'air A voyager passant sa vie.

On retrouvera ce texte, un peu modifié, aux pages 145-6 du recueil édité par Desveux en 1804.

Mais sa première parution à notre connaissance était (avec le même titre et dans la même version que celle de Desveux) en 1800, aux pp. 31-32 du premier volume du Miroir de la Vérité, qui le faisait suivre du commentaire suivant :

Nous avons crû devoir communiquer à nos Frères cette pièce, qui nous a été adressée par la Respectable Loge de la Parfaite-Union. Elle ne peut, suivant les expressions de sa lettre, que nous procurer les jouissances qui se trouvent dans l'amour de l'ordre, et l'attachement aux vertus qui sont la base de l'art sublime que nous professons.


     

couplets

 

Chantés lors de la réunion des deux Loges de la Concorde et de la Parfaite-Union, Orient de Douay, le 18.e jour du 5.e mois 5800.

 

Air : A voyager passant sa vie.

 

Sous le dôme de la Nature, 
Loin du profane curieux, 
Une sublime Architecture 
Elevait son front vers les cieux ; 
Des vrais Amis, c'était le temple ;
Il portait pour inscription :
« Au monde entier donnons l'exemple 
« De la plus Parfaite-Union.
»

 

Mais les vents qui portent l'orage, 
En rassemblent les élémens ;
Le ciel, bientôt, n'est qu'un nuage, 
Qui cache la mort dans ses flancs : 
L'éclair paraît, la foudre tombe, 
Le temple auguste est ébranlé ; 
Ses débris deviennent la tombe 
des Maçons qui l'ont élevé.

 

Trois fois l'astre de la Lumière 
Venait de tripler ses bienfaits ; 
Enfin sa nouvelle carrière 
Amenait l'espoir de la Paix : 
La Concorde aussi-tôt rassemble 
Dix enfans au même atelier,
Et dit : « Reconstruisez ensemble 
« Ce temple où je dois présider.
»

 

Que d'efforts, de soins, de constance,
Maçons, il faudra réunir ; 
Cependant l'édifice avance,
Vos bras pourront-ils le finir ?
Non ..... ; mais le secours de vos Frères 
Viendra bientôt le couronner ; 
Ils sont ici ...... Moment prospère ..... ! 
L'heure du bonheur va sonner !

 

Allons, Amis, posons le faîte
De ce temple majestueux ; 
Encor un effort, et sa tête 
Bientôt s'élève vers les cieux :
Que le cœur, que le bras s'accorde ; 
Attachons cette inscription : 
 « Temple qu'aujourd'hui la Concorde
« Ouvre à la Parfaite-Union.
»

 

                          Par les Frères Delalande et Ducolombier.

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