Lecomte

 

Pierre Lecomte (1761-1829) fut un grand animateur de la vie musicale douaisienne.

Dans leur riche ouvrage Les francs-maçons dans la Loge et la Cité Orient de Douai 1743-1946, Allender & Rousseau lui consacrent (p. 95) la notice suivante :

Né à Arras en 1761, fils d'un sergent-major, Pierre Lecomte est d'abord enfant de troupe et reçoit une solide éducation musicale à la musique de ce régiment. Il possède quasiment tous les instruments: clarinette, flûte, basson, cor, serpent, hautbois, harpe, clavecin, violon et guitare ... ! A 15 ans, il est incorporé dans la musique du régiment de la Couronne puis dans celle du régiment de Vintimille en garnison à Douai. En 1789, Pierre Lecomte quitte l’armée pour entrer dans l'orchestre du théâtre de Douai et le chef de la société chorale douaisienne, le Frère Philippe Dupont, le retient alors qu'il allait quitter la ville, faute de ressources suffisantes. Pierre Lecomte épouse alors une Douaisienne, adhère à la Société Populaire et fonde en 1793 la musique de la Garde Nationale. Dès 1799, il organise des concerts avec les jeunes musiciens qu'il a formés et, en 1806, se lance dans un projet d'envergure, la création à Douai d'une Académie de musique dont le succès est immédiat, d'autant que les dames ne sont pas oubliées, un jour sur deux leur étant réservé. L'Académie fonctionne ainsi toute la semaine six heures par jour avec trois professeurs, dont Pierre Lecomte qui enseigne à lui tout seul la pratique de six instruments ! Dès 1809, Lecomte va introduire dans son Académie le principe des examens, les élèves étant jugés par un jury composé de notabilités qui distribue diplômes et médailles ... De même, des concerts publics des élèves de l'Académie sont organisés trois fois par an, concerts renommés qui attirent une foule importante qui déborde largement le cadre douaisien, le Frère Pierre Lecomte étant secondé par le Frère Ildephonse Luce. De 1807 à 1813, l'harmonie de Douai va remporter le premier prix dans de nombreux concours musicaux grâce à Lecomte qui est capable de passer d'un pupitre à l'autre et de se charger de tous les solis ! 

Sa virtuosité à de nombreux instruments est attestée par l'anecdote suivante, mentionnée à la p. 146 des Mémoires de la société Impériale d'agriculture, sciences & arts de Douai :

En 1818, Lecomte nous offre un concert d'un genre nouveau. Il y joue tous les solos : un concerto de basson — un concerto de flûte — un concerto de clarinette — un concerto de hautbois. — La partie de flûte (air de Philis) de l'opéra de Lebrun, le Rossignol, dont la partition venait de paraître. — Il tenait aussi le piano. — M. Mastrikt père conduisait l'orchestre.

Lecomte était également compositeur : les Mémoires précités nous disent, à la même page, que dès 1803 il commence une série d'œuvres, symphonies-militaires, ouvertures, airs variés, marches, pas redoublés, motets, chœurs, etc., où le jet mélodique de l'auteur se produit avec une extrême facilité, cependant que dans son ouvrage L'Age d'or de la vie musicale à Douai, 1800-1850 (Ed. Mardaga, 1994), Guy Gosselin écrit (p. 56) que plusieurs de ses motets à grand orchestre avaient été exécutés à l'église Saint-Pierre en 1803.

Allender & Rousseau attestent également (p. 95) de son appartenance à La Parfaite Union :

Membre de La Parfaite Union dès 1800 et jusqu'à son décès en 1829, Pierre Lecomte aura la douleur de perdre en 1812 son fils Pierre, lui aussi Franc-Maçon, premier prix de violon au Conservatoire de Paris, disparu en Russie avec la Grande Armée, abandonné à Moscou dans un hôpital. 

Il a d'ailleurs composé en 1806 la musique des Strophes pour la Fête de l'Ordre de Hérédom, célébrée dans le Chapitre attaché à cette Loge.

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