Colin

 

A la p. 94 de leur riche ouvrage Les francs-maçons dans la Loge et la Cité Orient de Douai 1743-1946, Allender & Rousseau mentionnent, parmi les membres de la Loge douaisienne de la Parfaite-Union, un nommé Pierre Colin, né à Soignies en 1763, enfant de choeur à 8 ans et ensuite maître de chapelle à la maîtrise de la cathédrale de Tournai, chantre à partir de 1787 à la collégiale Saint-Pierre de Douai, membre pendant la Révolution de la Société Populaire et coorganisateur en 1793 de la musique de la Garde nationale. Selon ces auteurs, il va ensuite être tout à la fois marchand, chantre, compositeur, enseignant à l'académie de musique, interprète dans l'orchestre du théâtre ... tout en fréquentant assidûment la Loge jusqu'à 78 ans.

A leur p. 176, ils mentionnent également qu'il mit en musique deux poèmes de Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) : Les ailes d'ange et Le bouquet sous la croix.

ci-contre : Portrait de Marceline Desbordes-Valmore, médaille par David d'Angers (qui était membre de la loge d'Angers le Père de Famille), 1832 (image sous licence CC0 empruntée à cette page du Musée Carnavalet sur le richissime site Paris Musées.)

Depuis la première mise en ligne de cette page le 3 octobre 2011, un de ses visiteurs, le musicologue dunkerquois Christian Declerck, que nous remercions ici de son obligeance, a attiré notre attention sur la mention suivante concernant Colin, mention figurant en 1862 à la p. 70 des Biographies artistiques ou notes et documents pour servir à l'histoire musicale de Douai de Léon Nutly, ainsi qu'à la p. 151 des Mémoires de la société Impériale d'agriculture, sciences & arts de Douai :

1819. Les premières poésies de Mme Desbordes-Valmore inspirent Pierre Colin. Il met en musique quelques romances de la charmante muse et dédie les Ailes d'Ange au président de la société Philharmonique, lldefonse Luce

Ancien élève de la cathédrale de Tournay - l'abbé Rousseau, le compositeur, étant maître de chapelle - Colin, né le 10 juin 1763, à Soignies (Belgique), est nommé chantre de la collégiale de Saint-Pierre de Douai, vers 1788. Cinq ans plus tard, 1793, tous les membres du chapitre émigrent, ou sont déportés. La mesure ne l'atteint pas. Sa voix de basse, pleine et vibrante alors, lui sert de sauvegarde. Aux fêtes publiques, à chaque victoire annoncée, Colin était requis pour chanter les hymnes patriotiques, soit sous les voûtes du temple de la Raison (église Saint-Pierre), soit sur l'autel élevé place d'Armes. Il était l'homme de France qui possédait le mieux Rouget de l'Isle et Méhul. A la même époque (1793), il organise avec Pierre Lecomte la musique de la garde nationale de Douai. En 1813, il compte parmi les professeurs de l'Académie de cette ville ; et l'orchestre du théâtre le voit cinquante et un ans au pupitre de contre-basse. Pierre Colin est mort le 4 mai 1842.

Depuis lors nous avons encore trouvé ceci aux pp. 45-7 du Tracé de la Pompe funèbre célébrée le 12 janvier 1846 à la Loge de la Parfaite-Union de Douai :

Parlons enfin de cet homme bon, modeste, qui a aussi laissé dans le monde profane et au milieu de nous d'aimables souvenirs. Pierre Colin était de Soignies, en Belgique, où il avait vu le jour le 10 juin 1763 ... Ses dispositions pour la musique, qu'il cultiva dans la suite avec tant de succès, se manifestèrent de bonne heure. Aussi dès l'âge de huit ans entra-t-il en qualité d'enfant de choeur à la maîtrise de la cathédrale de Tournay, sous la direction de l'excellent et habile maître de chapelle Rousseau. Il avait vu se développer ses connaissances, était devenu musicien consommé, lorsque en 1789 il fut appelé à Douai pour y diriger les chants et la musique de l'église collégiale de St.-Pierre ; ses talents y furent bientôt appréciés, aussi se fixa-t-il à Douai par le mariage. Tous les membres du chapitre de St.-Pierre émigrèrent en 1790, Colin fut le seul qui ne voulut point quitter sa patrie, quoiqu'il fut sûr de trouver, à cause de son talent musical et spécial, une position aisée dans les pays étrangers. Sa méthode, son habileté, sa belle et résonnante voix le firent alors choisir par l'autorité du temps comme le chantre public des fêtes et des victoires, des hymnes patriotiques. Il entra bientôt à l'orchestre du théâtre auquel il resta attaché cinquante-un ans. Pendant cinq ans il fut professeur à l'académie de musique et fit quelques élèves distingués. Il composa plusieurs airs de romance avec accompagnement de guitare, entr'autres le Convoi du Pauvre, le Bouquet sous la Croix et les Ailes d'Anges, sur les paroles de notre illustre compatriote Madame Marceline Desborde-Valmore.

En 1790 il avait été chargé de l'organisation de la musique de la garde nationale ; M. Leconte (NDLR : étonnamment, l'auteur de cet hommage funèbre, qui est le Vénérable Duthilloeul, semble ignorer que ce Leconte avait été lui aussi membre de la Loge) n'eut ensuite qu'à achever ce qu'il avait si heureusement commencé, pour donner à ce beau corps de musique le premier rang entre ceux de nos contrées, rang qu'il a toujours su conserver depuis.

Il composa dans la suite plusieurs morceaux de musique sacrée, qui furent exécutés avec succès et qui le sont encore dans les établissements de cette ville consacrés au culte.

Pendant le cours de sa longue carrière musicale, jamais Colin n'a refusé l'appui gratuit de son talent à tous les musiciens voyageurs qui l'ont réclamé, pour les seconder dans les concerts. Toujours il s'y est prêté de la meilleure grâce.

Colin est entré dans l'Ordre Maçonnique en 1807, il a parcouru tous les grades jusqu'à celui de Rose-Croix inclusivement. Il a été Elémosinaire, Intendant de l'harmonie et Ordonnateur des banquets. La Loge s'est toujours applaudi du zèle qu'il apportait dans l'exercice de ses fonctions. Plusieurs de vous se rappelleront, Mes Frères, qu'il charmait nos banquets par sa franche gaité, ses joyeux cantiques et son aimable commerce ; qu'il n'a cessé de fréquenter la Loge qu'à 78 ans, et lorsque déjà sa santé délabrée le menaçait d'une fin prochaine.

Colin est aussi le compositeur d'un Chant funéraire pour Gautier d'Agoty, ex-Vénérable de la Parfaite-Union, sur un texte d'Alfred André.

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