Les devises sacrées des Francs-Maçons

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C'est dans le n° 4 en 1836 de L'Univers maçonnique (à la colonne 716) que nous avons trouvé cette chanson.

C'est une des chansons de Delalande qui figurent à ce recueil mais que nous n'avons pas encore trouvées dans un recueil antérieur.

Elle se retrouve, sans mention d'auteur, aux pp. 120-122 du recueil d'Orcel.

Chaque couplet se termine par l'évocation d'une triade pouvant servir de devise pour la maçonnerie, à savoir, pour les 3 premiers couplets :

Dans le 4e et dernier couplet, ce sont l’égalité, la liberté, la fraternité qu'on voit évoquées ensemble à ce titre.

Contrairement à ce que beaucoup pensent, c'est la maçonnerie qui - en 1849 - a emprunté à la République la devise Liberté, Égalité, Fraternité, et non pas - selon une légende inventée en 1848 -  le contraire.

Cette chanson est à notre connaissance un très rare document maçonnique, antérieur à cette date (elle a paru en 1836 et est sans doute encore bien antérieure), où cette triade (mais ici dans un ordre différent) soit présentée comme une devise maçonnique.

Il n'en est pas moins vrai que depuis longtemps ces trois mots se trouvaient souvent réunis, tant dans le discours politique (le 22 septembre 1792 avait été adoptée la devise : Unité, indivisibilité de la République, Liberté, Égalité, Fraternité ou la mort) que dans le discours maçonnique, particulièrement pendant la période révolutionnaire.

Selon Emmanuel Pierrat, on trouve, dans un discours prononcé le 20 janvier 1791 dans la Loge du Contrat Social, la phrase suivante :

Bien des siècles avant que Rousseau, Mably, Raynal, eussent écrit sur les droits de l’Homme et eussent jeté dans l’Europe la masse des Lumières qui caractérisent leurs ouvrages, nous pratiquions dans nos Loges tous les principes d’une véritable sociabilité. L’égalité, la liberté, la fraternité, étaient pour nous des devoirs d’autant plus faciles à remplir que nous écartions soigneusement loin de nous les erreurs et les préjugés qui, depuis si longtemps, ont fait le malheur des nations.

Le Grand livre d’architecture de la Très Respectable Grande Loge de France porte sur cette page la mention suivante en décembre 1795 (nivose de la République une et indivisible) :

Avant même la Révolution, on avait déjà rencontré les 3 mots dans une même chanson, mais il n'y étaient pas groupés comme ici.

Voir ici sur l'air Chacun avec moi l’avouera.

LES DEVISES sacrées

des Francs-Maçons.

Par le Frère DELALANDE.

 

Air : Chacun avec moi l’avouera.

 

Chacun avec moi l’avouera,
Dans le passage de la vie,
Pour chasser les chagrins qu'on a,
Il n’est que la Maçonnerie. bis.
Les plaisirs toujours renaissans,
Voltigent auprès des enfans
De la gaîté, de la franchise;
Les Maçons eurent de tous temps,
La loyauté, la volupté, la prospérité pour devise. 

 

 

Chez eux la paisible Amitié
Forme une colonne du temple;
Chez eux la prudente Pitié
Peut au monde servir d'exemple. bis.
A soulager les indigents,
Ils consacrent tous leurs moments;
Ce doux sentiment les maîtrise;
Car ils eurent de tous temps
L’humanité, la charité, l’hospitalité pour devise.

 

 

A leurs banquets, on voit régner
La raison et la tempérance;
Ils savent les accompagner
De la gaîté, de la décence. bis.
Toujours discret, toujours prudents ;
S’il est quelques inconséquences,
Ils sont repris avec franchise;
Les Maçons eurent de tous temps,
La vérité, l’aménité, la sobriété pour devise.

 

 

Chez eux l’équerre et le compas
Règlent les actes de la vie,
Et le niveau ne quitte pas
Les vrais enfants de la patrie. bis.
Fidèles à l'Etat, aux lois,
Amis du peuple et de ses droits,
Sur eux les tyrans n'ont point prise ;
Car ils eurent même autrefois
L’égalité, la liberté, la fraternité pour devise.

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