Hommage funèbre à W. Sinclair

Cliquez ici pour entendre l'air mentionné ci-dessous

 

Nous avons trouvé cette cantate (avec une traduction en français, sans doute par Thory lui-même : elle est totalement fantaisiste et nous ne l'avons reproduite qu'à titre de curiosité) aux pp. 132-3 du Tome 1 des Acta Latomorum de Thory, qui l'accompagne des commentaires suivants :
 

ECOSSE - 24 janvier 1778. - Mort de W. Sinclair de Roslin, dans la 78e année de son âge.
14 février. - La Grande Loge célèbre ses obsèques dans une réunion de plus de quatre cents personnes. Le chevalier Forbes prononce son oraison funèbre. Après le discours, les Frères chantent, en chœur , l'hymne de la résurrection ; et cette triste cérémonie est terminée par la cantate suivante, composée pour cette occasion et chantée, avec accompagnement d'un orchestre nombreux, par Roslin Castle.

William Sinclair (ci-contre) avait été en 1736-7 le premier Grand Maître de la Grande Loge d’Écosse. Thory signale également que, le 30 novembre, le duc d'Athol, qui était déjà Grand-Maître de la Grande-Loge des anciens Maçons de Londres, lui succéda comme Grand Maître de la Grande Loge d'Ecosse (ce fait est commenté à notre page concernant Erskine).

 

Thory aurait-il, comme le singe de La Fontaine, pris le Pirée pour un homme ?

La mention par lui de Roslin Castle comme compositeur ou interprète de la cantate résulte manifestement d'une interprétation incorrecte du texte anglais qu'il aura consulté : Roslin Castle (qui est le nom du château de la famille Sinclair, voisin de la célèbre chapelle), n'est en effet pas le nom d'une personne, mais celui de lair sur lequel ce texte fut chanté, comme on peut le voir à cette page.

Il s'agit d'un air traditionnel écossais du XVIIIe (dont la métrique correspond). Nous l'avons trouvé par exemple à la page Roslin Castle du Contemplator's Folk Music Site de Lesley Nelson-Burns, où il est accompagné d'un fichier midi (séquencé par son webmestre en personne) que nous avons emprunté pour cette page. Selon cette page, cet air a été erronément attribué à James Oswald.

C'est précisément sous le titre Roslin Castle que nous avons trouvé la partition ci-contre, dans l'ouvrage Old Masonic lodges of Pennsylvania, "moderns" and "ancients" 1730-1800 (1912).

Cette partition constitue manifestement une autre version (différant notamment par l'introduction) du même air.

Sa légende est la suivante : Dirge played by col. Procter's band, when passing the graves of Bros. capt. Davis and lieut. Jones. It was also played after the reading of Washington's farewell address, and at the funerals of Washington and R. W. grand master William Ball. Le même ouvrage précise (p. 8) que Roslin Castle était traditionnellement interprété lors des enterrements militaires.

Davis et Jones sont deux officiers, maçons, qui furent capturés et scalpés par des Indiens le 23 avril 1779.

D'autres membres de la famille Sinclair (autrement écrit St Clair) ont figuré ultérieurement à la liste des Grands-Maîtres de la Grande Loge d'Ecosse.

Il existe d'ailleurs une Loge d'Edimbourg portant le nom de St Clair.

Frail man ! how like the meteor's blaze,
How evanescent are thy days:
Protracted to its longest date,
How short the time indulg'd by fate.
No force death's potent arm can brave;
Nor wisdom's felf elude the grave:
Where'er our various journies tend,
To this we soon or late descend.

Thither from mortal eyes retir'd,
Though oft beheld and still admir'd,
Sinclair to dusts its claims resigns,
And in sublimer regions shines.
Let us, whom ties fraternal bind,
Beyond the rest of human kind,
Like Sinclair live, like Sinclair die,
Then join th' eternal Loge on high.

Homme fragile ! Aussi fugaces que le flamboiement d’un météore sont les jours :
Prolongé jusqu’à la date ultime, 
Combien court est le temps accordé par le destin. 
Aucune force ne peut braver le bras puissant de la mort ; 
Et aucune sagesse ne peut éviter la tombe : 
Où que nous mènent nos divers voyages, 
Tôt ou tard nous y descendons.

Là, caché aux yeux des mortels, 
Souvent vu pourtant et toujours admiré, 
Aux cendres Sinclair abandonne son salaire
Et brille dans des lieux sublimes. 
Nous qui, comme Sinclair vivant, comme Sinclair mort, 
Sommes plus que le reste du genre humain
Unis par le lien fraternel,
Préparons-nous donc à rejoindre la Loge éternelle là-haut.

Voici la traduction - ou plutôt la transposition, bien dans le style de son époque - donnée par Thory :

Homme faible et doué d'une raison sublime, 
comme tes jours s'évanouissent ! 
Hélas ! qu'elle est courte, 
même la plus longue vie que Dieu t'accorde ! 
La force ne peut s'opposer à la puissance de la mort ;
 la sagesse ne peut éviter la nuit du tombeau. 
Un peu plus tôt, un peu plus tard, 
le pèlerin descend dans le sombre séjour. 

C'est ici que, loin des humains, 
Sinclair, toujours aimé, toujours admiré, 
dépose dans la poussière la gloire passagère de ce monde,
mais il brille de l'éclat des bienheureux dans un séjour plus élevé. 
Il mourut ainsi qu'il vécut. 
Que chaque membre de la Société soit assez heureux pour terminer ainsi une vie sans reproche ; 
et puissions-nous tous, un jour, 
par une union céleste,
 nous réunir dans la Loge éternelle !

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