Cantique d'un Apprentif

 En cliquant ici (midi) ou ici (MP3), vous entendrez l'air de la Croisée

Fondée à l'abbaye de Saint-Maur vers 1770, la loge du Tendre-Accueil fut transférée en 1778 à Angers, où elle continua ses travaux jusqu'en 1792 (on trouvera ici une de ses chansons en 1779). Elle se reconstitua le 22 octobre 1802 et disparut sous la Restauration ; elle fut réactivée en 1897.

Le 24 mars 1805, en même temps qu'elle s'installait dans son nouveau local à la Maison-Rouge, elle inaugurait solennellement, comme l'autre loge d'Angers, le Père de famille, l'avait fait dès le 20 janvier, un buste de Napoléon, sacré empereur quelques semaines plus tôt, le 2 décembre 1804.

Ce n'était là qu'une manifestation parmi d'autres du culte napoléonien obligatoirement en vigueur dans les Loges.

On peut en lire ici (pp. 118-122) un compte-rendu, qui nous apprend que cette inauguration eut lieu dans un enthousiasme universel envers Napoléon, dont, selon le Vénérable Delaunay-Dalivou, la grande âme, trempée dans le foyer brûlant de la maçonnerie, a relevé ses temples démolis par l'ignorance

On entendit à cette occasion des planches poétiques du Frère Auguste Mame et du Frère Mame fils aîné, premier Surveillant

Des cantiques ont été chantés pendant le banquet, dont celui-ci, dû à Auguste Mame (qui était aussi l'imprimeur de la loge).

Celui-ci n'est évidemment plus Apprenti à ce moment ; mais, suivant une mode de l'époque, il fait mine de se mettre dans la peau d'un Apprenti.

Impressions maçonniques

Les premières impressions d'un nouvel initié constituent un thème fréquent dans le chansonnier maçonnique. 

Un premier exemple en est le dialogue sur les éléments de l'Art de Fréron vers 1744.

On en trouvera d'autres ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici et ici.

Il s'agit pour le nouvel Apprenti d'exprimer son émerveillement et sa reconnaissance devant le bienfait qui vient de lui être accordé, prouvant ainsi qu'il a bien assimilé sa leçon et soigneusement écouté le discours de réception de l'Orateur.

Il ne faut donc pas s'étonner que fréquemment ce soit en fait - comme ici - un maçon expérimenté qui endosse l'habit du nouvel initié pour développer ce thème de la manière la plus adéquate.

On remarquera (couplet 5) le paternaliste culot avec lequel les femmes sont invitées à corriger le défaut (la fameuse tendance au bavardage) censé leur fermer la porte de la Loge jusqu'à ce qu'elles y mettent un terme, ce qui selon l'auteur ne manquerait pas de les leur ouvrir (?).

Voir ici sur l'air de la Croisée.
 

CANTIQUE d'un Apprentif.

  Air : De la croisée.

Dans vos rangs, à peine, Maçons, 
Vous avez bien voulu m'admettre ; 
A peine à vos sages leçons 
Ma raison vient de se soumettre ; 
Déjà j'ose élever la voix, 
Mais bien faible je vais paraître : 
J'en demande pardon trois fois, 
Apprentif n'est pas maître.

 

Maçons, une de vos lois dit
D'aimer, de secourir son frère ; 
En vous voyant, mon cœur apprit
Cette loi qui vous est bien chère :
Ah ! pour suivre un devoir si doux, 
Combien habile je vais être ! 
Car, dans l'art de vous aimer tous 
Je vaudrai bien un Maître !

 

Aux Frères nouvellement initiés.

Mes Frères, vous êtes élus
Par le voeu d'un destin propice
Pour bâtir un Temple aux vertus,
Pour creuser des cachots aux vices.
Un grand Architecte en ce jour
Vient nous donner un nouvel être :
Ah ! payez-le de votre amour,
Des Maçons c'est le Maître.

Aux Dames.

Femmes, l'empire de vos yeux 
Doublerait par l'art de vous taire ; 
Devant vous s'ouvriraient ces lieux 
Que vous ferme une loi sévère ; 
Mais un propos trop indiscret,
Par vous nous trahirait peut-être ;
Car chez vous, pour dire un secret, 
L'apprentif vaut un Maître.

 

Ah ! corrigez vîte un défaut 
Qui nous impose un sacrifice,
Les Maçons à l'ordre aussitôt 
Vous recevront avec délice. 
Par trois fois je vous salurais,
Si vous osiez ici paraître ; 
Trois fois.... c'est bien modeste...., mais 
Apprentif n'est pas Maître.

 

Ne cherchez point dans ces couplets, 
L'esprit du français vaudeville ; 
La gaîté peut, dans nos banquets, 
Briller sans les grâces du style. 
Modeste Apprentif Franc-Maçon, 
J'ose encor vous faire connaître 
Que parmi les fils d'Apollon
Je ne suis pas un Maître.

                  Auguste MAME.

On retrouve ce cantique, avec quelques modifications de forme et amputé de son 3e couplet, aux pages 206-8 de la Lyre maçonnique pour 1810.

Ici trois possibilités (exactement les mêmes que pour un cantique de l'année précédente) sont ici données pour l'air :

La chanson, avec quelques légères modifications (le dernier vers Apprenti n'est pas maître est remplacé par Je ne suis pas un maître ; les autres changements ne sont que de ponctuation), se retrouvera aux pp. 224-5 du volume 6 des Annales Maçonniques ainsi qu'aux pp. 235-7 du Nouveau Code Récréatif des Francs-Maçons, avec pour seule mention d'air : de l'Opéra comique


 


        

 

CANTIQUE d'Apprenti.

  

Air : du Vaudeville de l'Opéra-Comique.

ou : de celui d'Arlequin Afficheur.

ou : de la Croisée.

 

A peine dans vos rangs, Maçons, 
Vous avez bien voulu m'admettre ; 
A peine à vos sages leçons 
Ma raison vient de se soumettre ; 
Déjà j'ose élever la voix ; 
Mais bien faible je vais paraître : 
J'en demande pardon trois fois, 
Apprenti n'est pas maître.

 

Maçons, une de vos lois dit
D'aimer, de secourir son Frère ; 
Auprès de vous mon cœur apprit
Cette loi qui vous est bien chère.
Ah ! pour suivre un devoir si doux, 
Combien habile je vais être ! 
Car, dans l'art de vous chérir tous 
Je vaudrai bien un maître.

 

Femmes, l'empire de vos yeux 
Doublerait par l'art de vous taire ; 
Devant vous s'ouvriraient ces lieux 
Que vous ferme une loi sévère ; 
Mais un propos trop indiscret,
Par vous, nous trahirait peut-être,
Car chez vous, pour dire un secret, 
L'apprenti vaut un maître.

 

Ah ! corrigez vîte un défaut 
Qui nous impose un sacrifice ;
Les Maçons, à l'ordre, aussitôt 
Vous recevront avec délice. 
Par trois fois je vous salûrais,
Si vous pouviez ici paraître ; 
Trois fois.... c'est bien modeste.... mais 
Apprenti n'est pas maître.

 

Ne cherchez point, dans ces couplets, 
L'esprit du Français Vaudeville ; 
La gaîté peut, dans nos banquets, 
Briller sans les grâces du style. 
Modeste apprenti Franc-Maçon, 
J'ose encor vous faire connaître
Que parmi les fils d'Apollon
Apprenti n'est pas maître.

 

                    Par le Frère A. MAME.

de la Loge du Tendre Accueil, à l'Orient d'Angers

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