Antoine ROMAGNESI

Cliquez ici pour entendre le fichier mp3 de sa chanson Le chien du régiment, séquencé par Daniel Bourgeois, qui en a formalisé cette partition.

 

Antoine-Joseph-Michel Romagnesi (1781-1850) descend d'une famille vouée au théâtre, dont firent partie Cinthio, célèbre acteur italien fixé en France sous Louis XIV, et l'acteur-auteur Jean-Antoine (1690-1742). Il ne doit pas être confondu avec son homonyme le sculpteur Antoine Joseph Michel Romagnesi (1782-1852). 

Il fut, selon la Biographie universelle des musiciens de Fétis - qui le prénomme erronément Henri, ce qui a provoqué quelque confusion parmi les musicologues - compositeur de romances et éditeur de musique.

Etudiant les mathématiques, il ne fut pas admis à l'Ecole Polytechnique et se tourna alors vers la chanson, non sans un passage par la carrière militaire : à 18 ans, il combattait en Vendée, et plus tard il fut lieutenant à Austerlitz, mais il abandonna la carrière militaire en 1806 pour devenir commis chez un éditeur de musique, Leduc, puis fonctionnaire au ministère de la Guerre.

Ayant eu quelque succès avec des romances de sa composition, il se décida à apprendre sérieusement la musique et étudia notamment avec Cambini.

Il s'essaya sans grand succès à l'opéra, collabora avec Adolphe Adam pour son "tableau national mêlé de chants" Trois jours en une heure (monté à la hâte en 1830 dans la foulée des journées de juillet), et rédigea des méthodes de chant.

Il est surtout connu comme l'éditeur (et un contributeur) de divers périodiques de partitions, dont Le Troubadour des Salons, Journal de chant avec Accompagnement de Lyre ou Guitare, et (de 1828 à 1839) L’Abeille musicale, Journal de Chant, Composé pour les jeunes personnes, par les Auteurs les plus estimés en ce genre.

Il composa notamment une partition pour la chanson de Béranger, l'Exilé.

Quoique nous n'ayons que peu d'indications sur son parcours, sa qualité maçonnique est attestée notamment par la dénomination de Frère qui lui est donnée dans de nombreux documents, notamment dans la Lyre des francs-maçons de 1830, qui publie de lui (ci-contre) un Cantique de banquet.

Il est également mentionné comme le compositeur d'autres cantiques à la Lyre maçonnique de 1812 (ci-contre : Cantique de Banquet - c'est le même que celui mentionné plus haut - et Cantique de Rose-Croix) et à celle de 1813-14 (Hymne sur les vertus maçonniques).

Il a également composé en 1821 la musique d'une Cantate sur la réunion de l'Ecossisme français et américain et en 1822 d'une Cantate pour les Obsèques Maçonniques du comte de Valence, ainsi que celle d'une Complainte d'un Chevalier Rose-Croix.

Nous avons également trouvé deux partitions qu'il a composées pour la Saint-Jean d'Eté 1816 de la Loge d'Anacréon, un chant maçonnique pour l'inauguration d'un buste de Louis XVIII et un chant anacréontique.
 

relation avec Naudet

Beaucoup de ses musiques, tant profanes que maçonniques, résultent d'une collaboration avec Naudet pour les textes. 

Parmi les lauréats 1805 du concours de Littérature Philanthropique et Maçonnique organisé par la Loge de Calais, on trouve un Naudet, secrétaire adjoint de la Loge des Amis réunis sur les côtes de l'Océan et un Romagnesy, Maître de la même Loge. Même si notre Naudet (né en 1785) était encore fort jeune à l'époque (mais il n'est pas exclu qu'il soit devenu maçon à 18 ans, si son père l'était), on trouve peut-être - si, comme il est très probable, il s'agit bien d'eux - dans cette commune appartenance l'origine de la future complicité artistique entre Naudet et Romagnesi.

Beaucoup de ses partitions peuvent être consultées sur le site de la BNF.

Sa romance Le chien du régiment, qui rendait hommage à un vétéran canin des troupes de l’épopée napoléonienne, fut longtemps fredonnée après l’Empire par ses nostalgiques et elle inspira Horace Vernet. Elle raconte le chagrin d'un Grognard de la Grande Armée, qui perdit son chien durant une bataille à la fin de l’Empire. Né pendant la campagne d’Égypte en 1799, le brave chien, devenu la mascotte d’un régiment, fit toutes les campagnes du Consulat et de l’Empire. Il fut tué lors de la campagne de France, à la bataille de Brienne-le-Château, le 29 janvier 1814.

De mon vieux compagnon de gloire
Il a fallu me séparer
En vous racontant son histoire
Je sens encore mes yeux pleurer
Mes amis il fut le modèle
Sans en faire le serment :
A l'infortune, il fut fidèle
Le chien du régiment.

En Egypte il reçu la vie,
Un obusier fut son berceau ;
Aux champs de la belle Italie,
Il suivit aussi mon drapeau,
Partageant notre ardeur guerrière,
Sans perdre haleine un moment
Il parcourut l'Europe entière,
Le chien du régiment.

A Brienne, la destinée
Nous a séparés pour jamais,
Ainsi sa dernière journée
Fut un de nos dernier succès.
Plus tard de la France envahie,
Il aurait vu l'abattement.
A temps, il a perdu la vie,
Le chien du régiment.

 

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