Hommage funèbre à Lacépède

 

Cette cantate du Frère Naudet en hommage à Lacépède fut exécutée au cours de la fête solennelle de l'écossisme français du 21 décembre 1825.

CANTATE,

 

Paroles du Frère Naudet

 

CHOEUR. 

Le noir cyprès nous environne, 
Déjà le deuil est dans nos cœurs, 
L'airain funèbre au loin résonne, 
Et se mêle à nos pleurs. 

Cruelle mort ! au fond du sombre abîme, 
Où nous devons descendre tous, 
Quelle est la nouvelle victime 
Qui vient de tomber sous tes coups ?
Pleurez, amis de la science, 
Pleurez, Lacépède n’est plus! 
Par ses talens il illustra la France,
Il l'honora par ses vertus.

  Le noir cyprès, etc. 

Aux vains honneurs, son âme peu commune 
A peine donna des regrets,
Toujours plus grand que la fortune, 
Elle ne l'enivra jamais. 
Dans le cours orageux de sa longue carrière 
Il resta fidèle au malheur, 
Et l'amitié gravera sur sa pierre 
Ces mots sacrés : Patrie, honneur ! 

C'en est donc fait ! plus d'espérance : 
Notre Frère n'est plus ! 
O mort ! tu vois notre souffrance ;
Devais-tu ravir à la France 
Tant de gloire et tant de vertus ! 

Le Frère Naudet 

Nous savons peu de choses de l'auteur du texte, Jean-Aimé-Nicolas Naudet (1785-1847), capitaine au corps royal d'état-major en 1822 et général en 1834 ; il fut chef du cabinet du ministre de la Guerre. 

Il publia un recueil de fables en 1829 ; l'une s'intitule L'Ecolier, l'Abeille et l'Absinthe.

Dans le Tome VI (années 1825 à 28) des Annales chronologiques, littéraires et historiques de la maçonnerie des Pays-Bas à dater du 1er janvier 1814 (accessible via la digithèque des bibliothèques de l’Université Libre de Bruxelles), Auguste de Wargny nous apprend (p. 253) qu'il fut élevé au 31e degré le 21 décembre 1825 et qu'il était à ce moment - tout comme Romagnesi, lui aussi 31e - un des illustres membres de la Grande Loge Centrale.

Sa collaboration avec Romagnesi pour la musique a été la source de trois autres cantiques maçonniques figurant à ce site, exécutés comme celui-ci dans des circonstances solennelles, avec semble-t-il une prédilection pour les hommages funèbres :

  • cantate pour l'Inauguration du Suprême Conseil de France en 1821 ;

  • cantate pour la Fête Funèbre du 29 juin 1821, en l'honneur des Très Illustres Frères membres du Suprême Conseil pour la France ;

  • cantate pour les obsèques du Comte de Valence en 1822.

Il eut de nombreuses autres collaborations avec Romagnesi, mais pour des oeuvres profanes (exemple ci-contre). Et l'on va voir que leur amitié est bien plus ancienne.

Une fiche du fichier Bossu nous présente un Naudet fils, Nicolas-Aimé, commis aux équipages militaires, membre en 1804 de la loge calaisienne Les Amis réunis sur les Côtes. Si, comme c'est très probable d'après le prénom, il s'agit bien du même, il est très jeune à l'époque (19 ans), mais il est fils de maçon, ce qui rend possible son initiation à partir de 18 ans. Et c'est bien lui, désigné comme secrétaire adjoint de la Loge des Amis réunis sur les côtes de l'Océan, qui figure parmi les lauréats 1805 du concours de Littérature Philanthropique et Maçonnique organisé par la Loge de Calais, primé (pour une Epître sur la Légion d'Honneur). Mais ce qui est frappant, c'est que dans cette liste de lauréats, on trouve aussi Romagnesy, Maître de la même Loge, pour un Hymne à la Vertu. Il faut probablement voir là l'origine de la future complicité artistique entre Naudet et Romagnesi.

La Loge des Amis réunis sur les Côtes de l'Océan.

Au moment des préparatifs de l'invasion de l'Angleterre (cfr camp de Boulogne), la Loge des Amis réunis sur les Côtes de l'Océan fut selon cette page constituée à Calais par des fournisseurs de l'armée. Nous verrons qu'elle suivit la Grande Armée dans ses déplacements puisque nous la retrouverons à Vienne - avec Naudet - en fin 1805.

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