Auguste Panseron

   Cliquez ici pour entendre l'air de Ma Nacelle (fichier midi séquencé par David C.)

Portrait  par C. Bazin, vers 1850

Fils d'un organiste ami de Grétry (qui l'avait convaincu de s'installer à Paris après l'avoir découvert à Honfleur), Auguste Mathieu (ou Mathurin au registre de sa Loge, sans doute à la suite d'une erreur de transcription) PANSERON (1795-1859) fut chanteur (ténor, il se produisit notamment aux concerts de la Société académique des enfants d’Apollon), compositeur et pédagogue.

C'est à 10 ans qu'il entra au Conservatoire de Paris, où il suivit, en y récoltant de nombreux prix, les cours de solfège, de piano de Jadin, de violoncelle, d’harmonie, de fugue et (avec Gossec) de composition. 

Couronné par un Premier Prix de Rome en 1813, il passa donc trois ans en Italie avant de voyager en Allemagne, en Autriche  (où il rencontra Salieri et où il occupa quelques mois le poste, antérieurement tenu par Haydn, de maître de chapelle à la cour du prince Esterhazy) et en Russie.

Rentré à Paris en 1818, il se livra à l’enseignement du chant, devenant professeur au Conservatoire de Paris.

Il fut un des fondateurs de la Société des Concerts du Conservatoire.

Il rédigea de nombreux ouvrages pédagogiques de solfège et de chant qui, ayant recueilli les louanges notamment d'Auber, de Chérubini, de Fétis, de Meyerbeer et de Rossini, firent longtemps autorité en France et dans plusieurs autres pays (Rossini l'avait notamment fait adopter au Conservatoire de Bologne), et dont certains sont encore utilisés. 

Il fut attaché à la Chapelle royale de Louis XVIII, de Charles X puis de Louis-Philippe.

Son oeuvre comprend, outre quelques pièces instrumentales :

  • de nombreuses pièces de musique religieuse, dont une première messe en 1814 et un Pie Jesu en 1829 pour la mort de son maître Gossec

  • plusieurs opéras comiques, dont L'Ecole de Rome, écrit en collaboration avec Roll

  • plus de 200 romances, barcarolles et chansonnettes, composées entre 1825 et 1840, qui lui valurent une gloire internationale. L'une d'entre elles est dédiée à la Malibran.

Il a notamment composé une partition pour une chanson de Béranger (initialement écrite par celui-ci sur l'air Eh ! vogue la galère), Ma Nacelle, que nous avons trouvée (pp. 74-5) dans le recueil Musique des chansons de Béranger publié à Paris (chez Perrotin) en 1853 (6e édition) et que nous avons reproduite au bas de cette page : c'est le fichier midi correspondant à cette partition qui vous est proposé.

Nous avons trouvé dans la Revue Musicale (de Fétis), en 1829, un compte-rendu flatteur d'un concert privé donné par lui (avec la participation du jeune Liszt jouant à la perfection !) et dans la Revue et gazette musicale de Paris en 1856 celui du brillant concert ... donné ... sous la direction de M. Panseron, au bénéfice des pauvres de la loge des Amis-unis-inséparables (sic), en présence des dignitaires du grand Orient, présidés par le prince Murat, grand-maître de l'ordre.

 

 

Panseron et le vieux Drapeau

Une autre de ses chansons est Le Vieux Drapeau, chant national d'Auguste Panseron, paroles de Béranger, édité en 1830 (avec une lithographie Piaget et Lailavoix, passage des Panoramas à Paris) par Schonenberger, éditeur de musique, boulevard Poissonière à Paris

Le Vieux Drapeau avait été écrit en 1820 par Béranger (qui avait choisi comme mélodie l'air connu Elle aime à rire, elle aime à boire), mais Panseron, sans doute dans l'enthousiasme révolutionnaire de 1830, reprit son texte dix ans plus tard pour y adapter une mélodie nouvelle de sa composition, dont nous avons trouvé la couverture (ci-contre) mais pas la partition elle-même.

Dans le chapitre XXIX de ses Mémoires, Berlioz évoque ces journées historiques :

Je n’oublierai jamais la physionomie de Paris, pendant ces journées célèbres; la bravoure forcenée des gamins, l’enthousiasme des hommes, la frénésie des filles publiques, la triste résignation des Suisses et de la garde royale, la fierté singulière qu’éprouvaient les ouvriers d’être, disaient-ils, maîtres de la ville et de ne rien voler ... Et la musique, et les chants, et les voix rauques dont retentissaient les rues, il faut les avoir entendus pour s’en faire une idée! ... Ce fut ... quelques jours après cette révolution harmonieuse que je reçus une impression ou, pour mieux dire, une secousse musicale d’une violence extraordinaire. Je traversais la cour du Palais-Royal, quand je crus entendre sortir d’un groupe une mélodie à moi bien connue. Je m’approche et je reconnais que dix à douze jeunes gens chantaient en effet une hymne guerrière de ma composition, dont les paroles, traduites des Irish melodies de Moore, se trouvaient par hasard tout à fait de circonstance. Ravi de la découverte comme un auteur fort peu accoutumé à ce genre de succès, j’entre dans le cercle des chanteurs et leur demande la permission de me joindre à eux. On me l’accorde en y ajoutant une partie de basse qui, pour ce chœur du moins, était parfaitement inutile. Mais je m’étais gardé de trahir mon incognito, et je me souviens même d’avoir soutenu une assez vive discussion avec celui de ces messieurs qui battait la mesure, à propos du mouvement qu’il donnait à mon morceau. Heureusement, je regagnai ses bonnes grâces en chantant correctement ma partie dans le Vieux drapeau de Béranger, dont il avait fait la musique et que nous exécutâmes l’instant d’après. Dans les entr’actes de ce concert improvisé, trois gardes nationaux ... parcouraient les rangs de l’auditoire, leurs shakos à la main, et faisaient la quête pour les blessés des trois journées...

... ce dont il est possible de conclure que l'anonyme chef de ce choeur patriotique improvisé, rencontré par Berlioz, pouvait être notre Auguste Panseron ?

Panseron figure, avec les mentions suivantes, au Registre Matricule (établi à la fin du XIXe siècle) de la Loge parisienne Les Frères Unis Inséparables :

Panseron Auguste Mathurin, professeur au Conservatoire,
Né en avril 1795 à Paris, demeurant 21 rue d’Hauteville
Rose Croix, affilié aux Frères Unis Inséparables le 13 février 1846.
(membre) 1846 -1857
1850 Prés. de la Colonne d’Harmonie
1856-1857 Membre Honoraire

Une de nos sources pour cette page est l'article de Denis HAVARD DE LA MONTAGNE sur la page dédiée aux Prix de Rome 1810-1819 du site Musica et Memoria.

       

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