Joseph Haydn

 Cliquez ici pour entendre un extrait de l'Hymne au Soleil dans l'Eté des Saisons, interprété par le Wiener Singverein et les Wiener Symphoniker sous la direction de Karl Böhm (CD DGG 423 922-2)

 

 

Joseph Haydn (1732 - 1809) fut initié le 11 février 1785 dans la Loge de la Vraie Concorde à l'Orient de Vienne, et il est probable que Mozart avait joué un rôle important dans sa décision.

Il n'apparaît pas qu'il ait manifesté ensuite une grande assiduité (Autexier estime même possible qu'il n'ait jamais assisté à aucune autre Tenue que celle de son Initiation). D'aucuns affirment cependant qu'il aurait composé quelques lieder maçonniques, qui n'ont cependant pas été retrouvés.

Les livrets de ses deux grands oratorios, La Création (1798) et Les Saisons (1801 ; c'est une véritable mine pour les Solsticiales !), ont été écrits par le baron von Swieten, donné comme franc-maçon par certains auteurs. Dans la Lyre Maçonne (pp. 57 à 77), Philippe Autexier commente la Création.

 

"The Ancient of Days" de William Blake (1794) est reproduit (image ci-contre) sur la couverture du CD de la Création, dans l'enregistrement réalisé en 1982 par S. Kuijken avec La Petite Bande (disque Accent ACC 58229D)  

 

Les Symphonies parisiennes de Haydn 

Les six symphonies parisiennes de Haydn, créées en 1787, résultent d'une commande de la Société Olympique de Paris, organisation para-maçonnique.

...  le journaliste du Mercure de France discerna immédiatement ce qui distinguait ces oeuvres nouvelles : « On a exécuté à tous les Concerts des Symphonies de M. Haydn. Chaque jour on sent mieux, et par conséquent on admire davantage les productions de ce vaste génie qui, dans chacun de ses morceaux, sait si bien d'un sujet unique, tirer les développements si riches et si variés. » 

... On sait que Haydn reçut vingt-cinq louis par symphonie (soit l'équivalent de 300 000 francs actuels), cinq fois plus qu' on ne lui accordait habituellement.

En 1803, la Société, qui avait repris le nom de Concert des Amateurs, lui fit parvenir une médaille. Elle portait sur l'avers une couronne de lauriers entourant la dédicace « A Haydn » et sur le revers, trois torches posées sur un trépied en forme de colonne et entourées de lyres, avec l'inscription «Le même feu les anime» et la signature : «Professeurs et amateurs». On n'avait pas oublié, semble-t-il, que Haydn était aussi un «frère» ...

(le texte ci-dessus est extrait du livre de Gérard Gefen)

Les directeurs de ce concert firent offrir à Haydn d’écrire, pour leur réunion, plusieurs symphonies, offrant 600 francs pour chacune d’elles. Haydn trouva la somme si exorbitante qu’il ne crut à la réalité de l’offre que lorsqu’un banquier allemand lui assura avoir les fonds à sa disposition. Ce ne fut pas encore assez pour rassurer le grand compositeur, il s’enquit auprès d’un ecclésiastique, s’il pouvait, en toute sûreté de conscience, accepter une somme aussi considérable, eu égard au peu d’importance du travail ; rassuré de tout côté, il se mit à écrire et adressa à la Loge-Olympique diverses partitions, qui toutes eurent un grand succès. Ces manuscrits, qui appartenaient de droit à la Loge, furent vendus, pour être gravés, à divers éditeurs, et les directeurs adressèrent à Haydn, outre les 600 francs, le prix des manuscrits ainsi cédés, procédé auquel le compositeur fut très-sensible.

(PONTÉCOULANT, DE LA FACTURE INSTRUMENTALE DEPUIS SON ORIGINE JUSQU’EN 1789 ; Paris, 1857)

 

Ci-dessous, deux extraits du livret des Saisons :

Hymne au Soleil (l'Eté)

Sie scheint in herrlicher Pracht,
in flammender Majestät!
Heil! O Sonne, Heil!
Des Lichts und Lebens Quelle, Heil!
O du des Weltalls Seel und Aug,
der Gottheit schönstes Bild!
Dich grüszen dankbar wir!

Il brille dans sa splendeur éclatante,
dans sa flamboyante majesté.
Gloire, ô Soleil, gloire!
Source de la lumière et de la vie, gloire !
ô toi, oeil et âme de l'univers,
toi, la plus belle image de la divinité,
nous te saluons avec reconnaissance!

Air de Simon (l'Hiver)

Erblicke hier, betörter Mensch, 
erblicke deines Lebens Bild.
Verblühet ist dein kurzer Lenz, 
erschöpfet deines Sommers Kraft.
Schon welkt dein Herbst dem Alter zu, 
schon naht der bleiche Winter sich 
und zeiget dir das offne Grab.
Wo sind sie nun, die hoh'n Entwürfe, 
die Hoffnungen vom Glück, 
die Sucht nach eitlem Ruhme, 
der Sorgen schwere Last ?
Wo sind sie nun, die Wonnetage,
  verschwelgt in Üppigkeit?
Und wo die frohen Nächte, 
im Taumel durchgewacht ?
Verschwunden sind sie wie ein Traum.
Nur Tugend bleibt.

Regarde ici, homme insensé, 
regarde l'image de ta vie.
Ton court printemps est flétri, 
la force de ton été est épuisée.
Déjà se fane l'automne de ton âge;
déjà s'approche le pâle hiver 
et le tombeau ouvert apparaît.
Où sont-ils donc les projets ambitieux, 
les espoirs de bonheur,
la quête d'une vaine gloire, 
le lourd fardeau des soucis ?
Où sont-ils donc les jours d'ivresse 
dissipés dans les voluptés?
Et les joyeuses nuits 
de veille et de tumulte?
Ils ont disparu, comme dans un rêve, 
seule reste la Vertu.

 

La lettre de candidature de Haydn

Vienne, le 29e jour du mois de Noël 1784

À Franz Philip von Weber, Secrétaire de la Cour et maître des cérémonies de la loge maçonnique La vraie Concorde.

Noble et très respecté Monsieur le Secrétaire de la Cour,

Le sentiment extrêmement favorable que j'ai formé depuis longtemps à l'égard de la Franc-Maçonnerie a éveillé en moi le vœu le plus sincère de devenir membre d'un Ordre dont la sagesse et l'amour de l'humanité sont les principes. Je me tourne vers vous, Monsieur, afin d'exprimer ma requête la plus pressante d'avoir la grande bonté d'intervenir en ma faveur auprès de la Loge de l'Ordre, de manière à instrumenter la demande ci-dessus. 

J'ai l'honneur de rester, avec ma profonde estime,

Votre obéissant serviteur
Josephus Haydn
Maître de Chapelle auprès du prince Esterhazy

Cette lettre n'est pas de la main de Haydn, qui n'a fait que la signer, mais de celle d'un de ses parrains, le comte Anton Georg von Apponyi. La demande a été soumise le 10 janvier et acceptée le 25 janvier. Haydn ayant été rappelé à Eszterhaza par son patron, le prince Nicolas 1er Eszterhazy von Galantha (dit Nicolas le Magnifique), la cérémonie, prévue pour le 28 janvier, dut, à la grande déception de Mozart (présent ce soir-là), être remise au 11 février (date à laquelle Mozart créa son concerto en ré mineur n° 20 K. 466, ce qui l'empêcha d'y être). 

CHAINE47.gif (53633 octets)

Pour en savoir plus ...

... on lira également avec intérêt article de Nicole Desgranges Le Frère Joseph Haydn, Musicien des Lumières dans le n° 47 (janvier 2009) de la revue La Chaîne d'Union, consacré au thème Musique et franc-maçonnerie.

 

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