Vive la Maçonnerie !

 Cliquez ici (midi) ou ici (MP3) pour entendre l'air, emprunté au riche site La Révolution Française

La BNF a mis en ligne, sur son site Gallica, une collection (20 n°s de 1910 à 1914) du (peu connu) périodique mensuel La Lumière maçonnique : revue mensuelle de la maçonnerie universelle, fondé en janvier 1910 pour pallier la disparition en 1909 de la Revue maçonnique (qui avait publié 344 n°s en 30 ans).

Le gérant initial en fut le célèbre occultiste Oswald Wirth, qui fut considéré pendant un temps comme un maître à penser de la maçonnerie ; il poursuivit sa collaboration dans les années suivantes avec sa rubrique les arcanes du tarot.

En 1914, le gérant devint Jules Kienlin.

Jules Kienlin

Jules Charles Barthélémi Kienlin (1866-1945) était publiciste et libraire. Il avait dirigé l’Acacia avant La Lumière maçonnique.

Il fut initié en 1904 à la Loge parisienne l'Enseignement mutuel et affilié à la Loge Goethe.

Il fut en 1912 le cotraducteur de la Flûte enchantée avec Jacques-Gabriel Prod'homme (1871–1956), directeur de la Revue Franco-Allemande et lui aussi maçon.

Le prospectus ci-contre, datant de 1911, définit les objectifs de la revue. 

On peut y voir aussi que l'adresse de la revue était 61, rue de Chabrol à Paris, qui était le siège de la Librairie Commerciale de l'éditeur Aristide Quillet (1880-1955), lui-même maçon.

L'implication de celui-ci apparaît également à la mention suivante dans le même prospectus :

Il est d'ailleurs également mentionné comme gérant pendant la période intermédiaire entre Wirth et Kienlin.

Le n° 7-8 (juillet-août) de 1910 commence (dès la page de couverture donc) par la reproduction (images ci-dessous) de la chanson suivante, en mentionnant qu'elle est reprise de L'Univers Maçonnique de 1837 et que l'auteur en est G. Quillet

Nous l'avons effectivement trouvée (aux colonnes 268-9) dans le n° 2 (qui date en fait de 1835 et non 1837) de cette revue.

Mais elle est en fait encore antérieure : elle figure en effet (pp. 156-9) à la Lyre maçonnique de 1811 (avec 13 couplets et non 7 comme ici : 6 des couplets originaux, sans doute considérés comme maçonniquement moins corrects, n'ont pas été repris, comme on le voit à la comparaison faite sur une autre page) et elle est bien l'oeuvre d'un Quillet (mais il s'agit de Pierre-Nicolas Quillet, la mention G. Quillet est donc erronée).

Mais pourquoi La Lumière maçonnique a-t-elle fait, un siècle plus tard, tant d'honneur à cette chanson, somme toute assez banale ? Aurait-elle été considérée comme particulièrement significative par les rédacteurs de la revue ? Ou plutôt faut-il voir là un hommage rendu par Aristide Quillet à un autre Quillet qui était peut-être l'un de ses lointains parents ?

           

Vive la Maçonnerie !

Air : Nous n'avons qu'un temps à vivre.

Vive la Maçonnerie !
C'est le charme des grands coeurs.
De la chaîne qui nous lie,
Chers Frères, chantons les douceurs.

De l'antique chevalerie
Faisant revivre les beaux jours,
Servons le prince et la patrie,
Chantons Bacchus et les amours.
Vive la Maçonnerie ! etc.

Sous l'allégorique figure
Que nous offre chaque leçon,
Je vois la gaité d'Épicure
Et la morale de Platon.
Vive la Maçonnerie ! etc.

Si dans le monde on nous condamne
De nous tenir souvent reclus,
Qu'importe le monde où l'on se damne,
Quand on est parmi les élus ?
Vive la Maçonnerie ! etc.

Le profane, dans son audace,
Par ses plans nous croit confondus.
Il faut, quoi qu'il dise ou qu'il fasse,
Qu'il reste dans les pas perdus.
Vive la Maçonnerie ! etc.

Le Maçon sacrifie aux Grâces,
Mais il dédaigne les grandeurs,
Et, sans s'arrêter aux surfaces,
Il pénètre les profondeurs !
Vive la Maçonnerie ! etc.

Ose-t-on franchir toute épreuve,
Pour connaître tous nos secrets :
Sur l'orphelin et sur la veuve,
On voit répandre des bienfaits.
Vive la Maçonnerie ! etc.

Puissent sur les deux hémisphères,
Réunis par nos voeux secrets,
Tous les peuples devenus frères
Sceller une éternelle paix !
Vive la Maçonnerie ! etc.

G. QUILLET.

Voir ici sur l'air mentionné.

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