RONDE

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RONDE.

 Air : L'Amitié vive et pure.

1

Nous n'avons tous qu'une ame,
Qu'un esprit, qu'un sentiment ;
Même but nous enflame 
Et nous aimons bonnement.
Sans nous fatiguer la tête
Par de vains raisonnemens, 
Chez nous le cœur fait la fête,
La fête des bonnes gens.

2

Le funeste égoïsme 
N'a sur nous aucun pouvoir ;
Au travers de son prisme
Nous voyons tout peint en noir.
Qui fait des heureux lui-même 
S'assure un droit au bonheur.
De ce bon grain que l'on sème, 
Le fruit n'attend pas la fleur.

3

Une sagesse austère 
Souvent cause du souci,
Jamais un front sévère 
Ne nous en impose ici ;
Amitié, douceur affable 
Veillent à nos réglemens,
Jugés par le Vénérable 
Nous sommes tous ses enfans.

4

Que le profane fronde 
Tout à son aise vos goûts, 
Qu'importe qu'il en gronde, 
Le bonheur est parmi vous. 
Dans ce petit coin du monde 
L'univers semble être à nous ;
Ailleurs si richesse abonde 
Plaisirs ne sont pas si doux.

5

On ne voit point un frère 
Chez nous briguer les honneurs ;
En silence il préfère 
Attendre le cri des cœurs.
Avoir le commun suffrage 
Voilà notre vanité ;
Notre plus bel apanage 
Est la douce égalité.

6

Que chacun me seconde 
Dans ces momens enchanteurs, 
Chargeons tous à la ronde, 
Tirons pour nos visiteurs ;
De fleurs couronnons leurs têtes ;
Heureux s'ils s'en vont contents
Ils reviendront à nos fêtes 
Rire avec de bonnes gens.

Ces couplets figurent aux pages 213 à 215 du Code récréatif. Ils y sont désignés comme se chantant sur l'air l'Amitié vive et pure. Sous le titre Ronde maçonnique, les mêmes paroles (à l'exception du couplet 3) se retrouvent aux pages 14 et 15 du Recueil de chansons maçonniques publié en 1918 par la Loge Ernest Renan du Grand Orient de France, qui donne comme titre pour l'air (dans une version et harmonisation de Francis Casadesus) celui du Vaudeville de la double épreuve.

Il nous revient que cette Ronde figure également au recueil Nouveau choix de chansons franc-maçonnes édité en 1810. 

Elle a aussi été transformée pour une utilisation lors de l'installation de la Loge parisienne des Tributaires d'Hiram le 31 juillet 1809.

Mais la chanson est plus ancienne et remonte au XVIIIe, puisqu'elle figure déjà (identiquement) aux pages 137-8 de l'édition 1787 du Recueil de Cantiques du Manuel des franches-maçonnes ou la vraie maçonnerie d'Adoption, avec la mention : air du vaudeville de la foible épreuve (il s'agit probablement d'une faute de transcription : il ne semble jamais y avoir eu de vaudeville de la foible épreuve, mais bien un vaudeville de la double épreuve - avec le titre alternatif Colinette à la cour -, oeuvre de Lourdet de Santerre et Grétry créée à Paris en 1782 ; c'est d'ailleurs bien double qui est mentionné au recueil de la Loge Ernest Renan). En voici le premier couplet :

On trouve (pp. 129-30) en 1803 au Recueil précieux de la Charbonnerie des premiers tems une chanson manifestement inspirée de celle-ci.

Le couplet 2 isolé se trouve, sous le titre Couplet maçonnique, et avec la même mention d'air, à la p. 76 de la Lyre maçonnique pour 1810.

Le texte se retrouve au n° 15 de ce carnet manuscrit.

On retrouvera cette chanson aux colonnes 715-6 de l'Univers maçonnique en 1836.

Concernant l'air l'Amitié vive et pure, voir la page ad hoc.

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