Installation des Tributaires d'Hiram en 1809

L'installation de la nouvelle Loge parisienne des Tributaires d'Hiram eut lieu le 31 juillet 1809. Son Procès-Verbal, qui a été imprimé à l'époque, est visible sur Google-livres.
 

Outre le Procès-verbal proprement dit (comprenant le Tracé du Banquet qui a succédé), cet imprimé reproduit les (très conventionnels) discours prononcés, les listes des Officiers (au nombre de 19 ! il y a notamment 4 Experts) et des membres de la nouvelle Loge, ainsi que quelques cantiques chantés au Banquet.

Le Tracé spécifie d'ailleurs que

Pendant le Banquet, plusieurs Frères ont égayé la fête par des Cantiques analogues à la cérémonie. On a distingué le Frère Chevalier, Vénérable de la Respectable Loge des Admirateurs De L'Univers, qui a chanté un cantique de sa composition, en l'honneur des Tributaires D'Hiram ; le Frère Taskins (sic), artiste, l'a accompagné sur le piano (ndlr : sauf homonymie, c'est la première mention que nous ayons trouvée de l'activité musicale maçonnique de Taskin). Les Frères de l'harmonie ont ensuite exécuté un Morceau de musique (ndlr : il n'est pas précisé lequel, non plus que pour le son de l'harmonie la plus douce et la plus touchante qui avait accueilli les installateurs ou pour les sons mélodieux qui ont accompagné la marche vers la Salle des Banquets), qui a fait le plus grand plaisir. Le Frère Nezot, Maître de la Loge, a chanté un cantique en l'honneur des Frères Installateurs ... Plusieurs autres Frères, tant visiteurs que membres de l'Atelier, ont continué toute la soirée à faire entendre des Cantiques maçonniques, qui ont été vivement applaudis, et dont l'impression a été ordonnée, à la fin de la planche des travaux de ce jour.

Les cantiques reproduits sont ceux :

Nous les reproduisons en fonction de leur intérêt historique plutôt que d'un intérêt littéraire qui nous semble très faible : nous les considérons même comme un exemple frappant de la médiocrité de la maçonnerie sous l'Empire, qui tranche, tant dans le langage que dans l'esprit, avec la verve aimable du chansonnier au XVIIIe.

On peut d'ailleurs en dire autant des discours, qui sont ici solennels, formalistes, creux et pompeux à souhait.

Ci-dessous quelques extraits de celui du Grand Installateur, le Frère de Fondeviolle :

Le Grand Orient de France, en comblant vos vœux, répand sur vous un rayon éclatant de sa gloire pénétrés des faveurs dont il vous comble, nous sentons que vos âmes trop sensibles à des témoignages aussi flatteurs que précieux, suffisent à peine aux vives et tumultueuses émotions qui vous agitent ; eh ! quel est celui d'entre vous qui ne partage pas ces divers sentiments de joie, ces douces émotions d'un trouble et d'un délire enivrant ? nous craindrions de les affaiblir en cherchant à les peindre, et nous laisserons vos âmes se livrer à ces douces sensations, faites pour plaire aux vertueux maçons ...

Mes Frères, l'aurore d'un beau jour vient enfin éclairer votre horizon. Un rayon bienfaisant a dissipé le nuage qui dérobait à vos yeux le temple où vous devez sacrifier ; déjà l'autel est découvert, le Grand Architecte de l’Univers attend vos offrandes ...

Sans cesse armé du ciseau de la sagesse et du marteau de la sévérité, le maçon sait élaguer de ses travaux toutes les aspérités qui pourraient nuire au perfectionnement du grand œuvre, avant que de donner la lumière, avant que de tirer le rideau qui voile au candidat le sanctuaire de la vérité ...

Illustration librement inspirée de la statuette le maire de Champignac de Pascal Rodier aux éditions Fariboles

Les Tributaires d'Hiram

Nous savons peu de choses de cette Loge des Tributaires d'Hiram, sinon qu'elle a survécu à l'Empire puisqu'en 1829 le Vénérable en était Collée et le député Dian (aucun d'eux n'était parmi les premiers membres) et que Bésuchet la mentionne à la même date, tout en précisant qu'elle a un chapitre (dont on sait d'ailleurs qu'il a imprimé ses Statuts et Règlements).

Selon l'American journal of numismatics, la médaille de la Loge représentait, d'un côté l'équerre, le compas, la lettre G, le soleil et la lune, et de l'autre, entre deux branches de myrte et au-dessus d'une tête de mort, une tombe ornée d'une urne où brûle de l'encens. L'objet ci-contre n'est donc pas cette médaille.

Le web nous apprend aussi que René Nouzou en fut Orateur.

Retour au sommaire des chansons diverses du XIXe :

Retour au sommaire du Chansonnier :