Chant maçonnique

de Herz et Chemin-Dupontès

Le Tome premier de Hermès, ou Archives maçonniques donne (pp. 178-196) un compte-rendu de la Tenue solennelle par laquelle la Loge des Trinosophes a, le 23e jour du 11e mois 5818 [i. e. le 23 janvier 1819], fait l'installation de ses Oſficiers dignitaires (ndlr : élus en décembre), célébré la fête de l'Ordre, et chanté l'indépendance de la patrie.

Après un pompeux discours de l'Orateur sur ces thèmes, nous lisons que :

Le jeune Frère Herz (Henri) a touché du piano avec ce talent savant et varié qui le fait rechercher dans le monde profane. Il a joué divers morceaux de sa composition ; l'exécution en a été brillante et parfaite : il avait sans doute voulu se surpasser. Mais de nouveaux plaisirs sont réservés à l'Atelier : la belle voix du Très Cher Frère Bertin (de l'Opéra), secondée par l'organe agréable du Frère Hérold, a exécuté le chant maçonnique que nous nous faisons un plaisir de reproduire ici.

Nous reproduisons ce chant ci-dessous.

Les couplets 2 et 3 y honorent le solstice d'hiver.

Le 4e couplet fait évidemment allusion à l'évacuation anticipée du territoire français, terminée le 30 novembre 1818, par les troupes d'occupation étrangères qui s'y étaient installées après la chute de Napoléon. Cet événement fut salué par des fêtes dans des Loges. On voit ici que le 12 décembre les Trinosophes avaient décidé de participer à cette allégresse patriotique générale.

Après quoi :

De vifs, mais réguliers applaudissemens, partis de tous les points du carré, ont été une preuve non équivoque de la satisfaction générale qu'a causée la belle exécution de ces strophes. Le Respectable Frère Chemin-Dupontès, auteur des paroles, a remercié, tant pour lui que pour le Très Cher Frère Herz, auteur de la musique, et pour les Excellents Frères Bertin et Hérold, dont les talens ont si agréablement contribué aux plaisirs de cette réunion.

Chemin-Dupontès

Jean-Baptiste Chemin-Dupontès (1760-1852 ?) commença sa carrière comme imprimeur-libraire ; il fut fondateur (en 1797) et écrivain de la théophilantropie, et par la suite dignitaire du Grand Orient de France.

Il était Vénérable des Sept Écossais réunis en 1815.

En 1819, il était Orateur-adjoint des Trinosophes. En 1823, il était à nouveau Vénérable des Sept Ecossais Réunis.

Il fut plus tard le Vénérable d'Isis-Monthyon.

Auteur prolifique, on lui doit notamment, comme écrits maçonniques :

Il aussi dirigé les périodiques Travaux maçonniques et philosophiques (1818-19) et Encyclopédie maçonnique, ou Mémoires sur les sociétés secrètes (1821-1831) et participé à l'Univers maçonnique (1835-6)

Après quoi l'Orateur, le Frère Méallet, se lancera (pp. 186-196) dans une abracadabrante explication des emblèmes de la Loge de Table.

           

CHANT MAÇONNIQUE.

 

 I.

De l'allégresse entonnez le refrain,
Joyeux Maçons : l'Architecte du monde,
Pour ses enfans, de sa puissante main,
Rouvre de biens une source féconde.

plusieurs voix.

De l'allégresse entonnons le refrain ;.
Trois fois Houzé ! l'Architecte du monde,
Pour ses enfans, de sa puissante main,
Rouvre de biens une source féconde.

 

II.

De la Nature annonçant le réveil,
Vers notre pôle un enfant vient de naître :
Dans cet emblême admirons le Soleil,
Qui, mort pour nous, reprend un nouvel être.

plusieurs voix.

De l'allégresse, etc.

 

III.

Bientôt géant, sur nos heureux climats,
Il versera la vie et la lumière.
Brillans vainqueurs de la nuit, des frimas,
Ses feux rendront la jeunesse à la terre.

plusieurs voix.

De l'allégresse, etc.

 

IV.

Un nouvel astre, aussi, du haut des cieux,
Répand enfin son éclat sur la France :
De l'étranger il délivre nos yeux,
Et nous promet la paix, l'indépendance.

plusieurs voix.

De l'allégresse, etc.

 

V.

Puisse, ô Soleil, ton disque radieux
Voir prospérer notre chère patrie,
Et n'éclairer, dans ton cours glorieux,
Rien de plus grand, de plus digne d'envie !

plusieurs voix.

De l'allégresse, etc.

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