Eva

En cliquant ici (midi) ou ici (MP3), vous entendrez le fichier de la partition de Béranger, séquencé par Christophe D.

Dans son Manuel complet de la maçonnerie d'adoption ou maçonnerie des dames, Ragon (pp. 37-9) donne, à la fin du chapitre Loge de Table, ce cantique Eva destiné aux Loges d'Adoption. Mais, avec un couplet de plus, il figurait déjà (pp. 61-63), sous le titre Cantique d'Adoption et la signature A. Curmer, à la Lyre des Francs-maçons de 1830 (pp. 61-2), avec la même référence d'air. Mais nous avons trouvé une édition encore antérieure aux pp. 121-3 de la Lyre maçonnique pour 1810. Et cette édition-là doit bien être la première, puisque le titre en est Cantique maçonnique, chanté à la Fête d'adoption donnée par la Loge de Saint-Eugène, à l'Orient de Paris, le 7 Janvier 5809.

Voir l'air Quand les boeufs vont deux à deux, le labourage en va mieux.

Eva

Vuillaume écrit (p. 281) dans son célèbre Tuileur (1830)  qu'au 3e Grade (Maîtresse) de la Maçonnerie d'Adoption Le cri d'acclamation est Eva, répété cinq fois et (p. 274) qu'au premier grade Dans les acclamations, au lieu de frapper dans les mains, on ne fait que frapper légèrement l'extrémité des doigts l'une sur l'autre, par cinq fois, en disant Eva ( héb. hhavah vita). C'est le nom de la mère commune des hommes.

Mais antérieurement Guillemain de Saint-Victor, dans La vraie maçonnerie d'adoption, préconisait au contraire (p. 28) de dire Vivat plutôt qu'Eva, ce qu'il justifiait dans la note de bas de page suivante :

Comme vivat est en usage dans la maçonnerie adonhiramite, bien des maçons prétendent que, par finesse, il faudroit dire EVA ; mais ce mot n'ayant aucune signification dans notre langage, c'est un ridicule qu'il ne faut pas imiter, vu que vivat exprime l'applaudissement, non-seulement chez les Français, mais chez les Latins, desquels nous tenons ce mot.

Dans son Instruction de Compagnonne, Ragon fait figurer (p. 47) le dialogue suivant :

D. Que signifie le mot Eva, mis à chaque côté du tableau ?

R. Il me rappelle mon origine, ce que je suis, ce que je dois être.

D'après nos informations, l'acclamation Eva serait toujours en usage à la Loge parisienne Cosmos de la Grande Loge Féminine de France, Loge qui travaille au Rite d'Adoption.

La chanson sera également donnée par Taxil (pp. 266-8) dans Les Soeurs maçonnes, en tant que témoignage (!) de la perversité de la Maçonnerie d'Adoption.

                     


éVA. (Cantique.)

 

Air : Quand les boeufs vont deux à deux,
Le labourage en va mieux.

 

On nous dit de l'Angleterre
Que tout son vocabulaire
Dans goddam se renfermait (prononcez goddem).
Mais dans la Maçonnerie,
Un mot a plus de magie,
Ce mot, qui ne l'aimerait !
Êva, Éva, Éva, Éva ! (bis.)
Un vrai maçon ne sera
Jamais sourd à ce mot-là.

 

Heureux le maçon fidèle 
Qui peut consacrer son zèle
A la beauté qu'il chérit.
Mais bien plus heureux encore, 
Quand, d'une Sœur qu'il adore 
Le tendre regard lui dit : 
Eva ! etc.

 

Quoique ennemi de la guerre 
Et que la paix lui soit chère, 
Un Maçon est-il soldat ?
Son cœur se montre intrépide, 
Et, si l'honneur qui le guide 
Lui dit au jour du combat : 
Eva ! etc.

 

Qu'on lui prépare une fête, 
Qu'un banquet pour lui s'apprête, 
Un Maçon l'acceptera. 
Mais qu'au sein de la folie, 
Une voix, soudain, lui crie : 
« Un Frère indigent est là ! » 
Eva ! etc.

 

Ignorant notre langage, 
Mondor, au déclin de l'âge, 
Épouse une jeune sœur. 
La pauvre petite femme, 
Qui le croit Maçon dans l'âme, 
A beau dire avec ferveur,
Eva ! Eva ! Eva ! Eva ! (bis)
Vieux Profane est et sera 
Toujours sourd à ce mot-là.

 

Aux Sœurs.

Chères sœurs, cette journée 
Pour nos cœurs toute l'année, 
Est un objet de désir ; 
Et, pour qu'il nous la ramène, 
Chacun de nous dit sans peine 
Au temps trop lent à s'enfuir : 
Eva ! Eva ! Eva ! Eva ! (bis)
Mais lorsque vient ce jour-là, 
On dit au temps : Halte-là.

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