Cantique

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Ce cantique provient des pages 19 à 22 du recueil édité par Desveux en 1804.

Il commence par les traditionnelles précautions oratoires de fausse modestie appelant à l'indulgence des auditeurs, comme l'avait déjà fait Honoré et comme le font très souvent les Orateurs à l'époque.

Comme souvent dans le chansonnier de cette période, des penseurs antiques (Héraclite, considéré comme misanthrope, et Démocrite, considéré comme trop satirique) sont ici convoqués pour montrer que ce qui manquait à leur philosophie était ... la maçonnerie. Comme le dit une chanson du XVIIIe :

Il ne manquait à ces grands hommes
Que l’esprit d’un vrai Maçon,
Pour égaliser leur couronne
A un disciple de Salomon.

Pour le reste, ce sont les vanités du monde profane qui sont ici classiquement décriées.

Une chanson sur le même thème, et par moments fort semblable, mais avec moins de couplets, sur un autre air et en vers de 10 pieds au lieu de 8, figure aux pp. 23-25 de la Collection de Cantiques de la Loge La Paix Immortelle.

Voir ici sur l'air On compterait les Diamans.

     

         
      

CANTIQUE

 

Sur l'Air : On compterait les Diamans.

 

Je tremble d'offrir des Couplets, 
Et toujours j'en fais la folie,
L'esprit rejette mes essais ;
Mon cœur aussitôt les publie ;
Fuyez, faible timidité, 
Mes juges ne sont point sévères. 
Dans ces lieux règne la bonté ; 
L'indulgence est le lot des Frères.

 

Pour louer un homme en faveur 
Un Poëte monte sa lyre ; 
Un autre s'érige en censeur, 
Et débite mainte satyre :
Celui-ci par de plus doux sons 
Chante les bois et les Bergères : 
Moi j'aime à peindre en mes Chansons 
Les mœurs, les vertus de mes Frères.

 

Le pauvre Héraclite en dégoût 
Avait pris la nature entière ;
Il critiquait, censurait tout, 
Habillait l'homme à sa manière :
Ce Philosophe larmoyant 
Ne connaissait pas nos mystères ; 
Il eût parlé différemment 
S'il eût vécu parmi nos Frères.

 

Démocrite, d'un ton railleur,
Traitait tous sentimens de l'ame ; 
De la douce amitié son cœur 
N'éprouvait point la tendre flâme ; 
Il eût changé d'opinion 
Si, reçu dans nos sanctuaires,
Il eût vu la paix, l'union 
Qui règnent parmi tous les Frères.

 

A ses voisins, à ses parens,
Le premier jour de chaque année, 
On vient offrir des vœux ardens 
Qui ne durent que la journée :
La bouche exprime en ce moment
Ce que le cœur ne pense guères ; 
Le plus sincère embrassement
Est celui donné par les Frères.

 

Dans ce siècle, on a des amis
Pour jouir du sot privilège 
De les voir captifs et soumis ; 
En vrai despote on les assiège ; 
Un rien, le plus léger soupçon
Leur attire un regard sévère ; 
La plus agréable leçon 
Est celle qu'on reçoit d'un Frère.

 

 On accorde légèrement
Dans le monde sa confiance ;
On s'engage par un serment
 garder une confidence ;
La promesse d'un indiscret
Est écrite sur la poussière ;
On est bien sûr de son secret 
Quand il n'est donné qu'à son Frère.

 

Tout le plaisir d'un grand repas
Bien souvent sur l'orgueil se fonde,
L'abondance ne suffit pas
Si l'amitié n'en fait la ronde ;
Bientôt une froide gaité
S'évanouit au bruit des verres ;
La plus agréable santé,
Est celle qu'on porte à ses Frères.

 

 Rappellons-nous l'égalité 
Qui doit diriger nos mystères,
Piquons-nous d'uniformité,
Chargeons pour des santés bien chères ;
Que le doux bruit de nos canons,
Porté vers les deux hémisphères,
Dise aux échos : les vrais Maçons
Célèbrent la santé des Frères.

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