Inauguration du Temple du Grand Orient (Paris 1842)

En février 1841, le Grand Orient de France, désireux de voir la Maçonnerie parisienne posséder un temple plus digne de nos augustes mystères que ceux qui existaient jusqu'ici, avait publié son projet de construction d'un nouveau bâtiment, dont la première pierre fut posée le 9 août, avec le projet d'achever la construction en un an.

En l'absence de disponibilités financières suffisantes, cet optimisme allait cependant faire long feu, si bien que l'Obédience dut se résoudre à développer un autre projet, l'aménagement d'un autre bâtiment, situé à proximité mais loué, bâtiment qui fut solennellement inauguré le 24 juin 1843(c'est seulement en 1852 qu'elle mit un terme à ces solutions provisoires en faisant l'acquisition de son siège actuel de la rue Cadet).

Cependant une inauguration partielle, moins prestigieuse (il n'y avait pas, comme ce serait le cas l'année suivante, de délégation des Ateliers des départements) ayant pour objet le seul Temple destiné aux Ateliers de Paris, avait déjà eu lieu, également à l'occasion de la Fête de l'Ordre, le 24 juin 1842.

Un document mis en ligne par la BNF présente successivement :

Le Frère Bourgouin est l'auteur des deux cantiques.

La présente page présente le second de ces cantiques, dans l'édition mentionnée ci-dessus. Celle-ci se réfère cependant à une édition antérieure parue dans Le Globe, édition que nous n'avons pu consulter car les volumes disponibles sur le web s'arrêtent en février 1842.

Une question se pose sur la datation indiquée, le 25 juin 1842, alors que la cérémonie d'inauguration à laquelle se réfère le cantique avait eu lieu le 24.

On peut être en tout cas être certain que l'année 1842 est correcte : c'est montré par la correspondance entre les notes de bas de page du cantique et le fait que dans le Tracé de 1842, on trouve à la fois (p. 53) la déploration du décès (le 24 avril 1842) de Bouilly et (p. 58) l'annonce de la désignation (le 25 février 1842) de Las Cases (il s'agit du fils du célèbre Emmanuel, mémorialiste de Napoléon et donateur d'un reliquaire napoléonien à la loge des Admirateurs de l'Univers) comme Grand Maître adjoint.

Ce Tracé ne fait cependant aucune allusion audit cantique, qui ne semble donc pas avoir été chanté ce jour-là. Peut-être Bourgouin l'avait-il préparé dans l'espoir de le présenter le 24 (ce que semblerait confirmer le fait que l'avant-dernier couplet s'adresse aux Officiers du Grand-Orient, organisateurs de cette journée), mais n'en a-t-il pas eu l'occasion ? Et s'est-il alors rabattu sur la première occasion ? La question ne pourrait sans doute être tranchée que par la consultation de l'année 1842 complète du Globe.


   

              

inauguration 

du Nouveau 

Temple maçonnique, 

cantique composé et chanté 

Par le Frère Bourgouin

le 25 juin 1842.

 

 

 

Venez, et serrons-nous, mes frères ;
Pour nous l’âge d’or renaîtra, 
Si, comme le faisaient nos pères,
Nous cultivons le vert acacia.
Plantons ici sa noble tige.
Symbole de notre union ;
A la vertu que ce temple s’érige
Et soit l’orgueil du franc-maçon.

 

 

Sous ta paternelle puissance,
Grand Jéhova ! prends en ce jour
Les fils d’Hiram, enfants de France ;
Répands sur eux ton éternel amour !
Inspire-les de ta sagesse,
Impose-leur la mission
De soulager la timide détresse :
C’est le devoir du franc-maçon.

 

 

Frères ! ici qu’on ne s’aborde
Qu’avec douceur, urbanité ;
Que sur l’autel de la concorde
Brûle toujours l’encens de l’amitié.
Que l’un pour l’autre on s’utilise ;
Que le cœur plein d'effusion
Scelle la paix, qu’un baiser l’éternise !
C’est le désir du franc-maçon.

 

 

Qu’aucun devoir ne nous échappe ;
Aux malheureux tendons la main.
L’infortune est aveugle et frappe
Eux aujourd'hui, nous peut-être demain !
Sacrifier son existence,
Du pélican c’est la leçon,
Pour soutenir le faible et l’indigence,
C’est le bonheur du franc-maçon.

 

 

Ces principes parent votre âme,
Officiers du Grand-Orient !
Du feu sacré l’ardente flamme
Comme à nous brille en votre cœur fervent.
Reflétez la vive lumière,
Au loin donnez l’impulsion.
De tous progrès arborez la bannière,
C’est le seul vœu du franc-maçon.

 

 

Pleurons le bon octogénaire (1)
Dont la perte afflige le cœur.
Si le destin nous fut contraire,
Auprès de nous reste un consolateur (2).
Espérons en ce digne frère
Qui joint à l'éclat d'un beau nom
L'amour du bien, les entrailles d'un père,
Et le cœur pur du franc-maçon.

(1) Le Frère Bouilly.
(2) Le Frère Las Cases.

 

 

(Extrait du Globe Franc-Maçon, archives des initiations anciennes et modernes, paraissant tous les mois par livraison de deux feuilles grand in-8°. Prix : 12 fr. par an. Bureaux, rue du Faubourg-Montmartre, 11.)

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