Complainte de la Clémente Amitié sur sa démolition

 

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Il est intitulé :

Complainte sur l'horrible catastrophe de la démolition de la Clémente Amitié, en punition de ses forfaits épouvantables.

Un conflit minable

J'aime mes Frères, moi non plus

Cette chanson constitue une pièce, particulièrement pittoresque, du dossier du spectaculaire conflit qui, en 1826, opposa la loge de la Clémente Amitié au Grand Orient, et qui se plaçait dans le cadre plus large de la guéguerre perpétuelle entre ce dernier et les écossais du Suprême Conseil. 

Cette affaire nous semble exemplaire :

  • d'une part de la stupidité d'un conflit de Rites dont la seule réalité est une susceptibilité orgueilleuse de part et d'autre, 

  • d'autre part de l'importance, en maçonnerie aussi, du droit à la rébellion contre une autorité jugée abusive, droit opposé, selon la chanson, à la passive obéissance attendue de ses loges par le Grand Orient en vertu du principe (se servir de sa raison, c'est être mauvais maçon) qui lui est injurieusement prêté.

C'est la signature, le 22 septembre 1825, d'un pacte d'affiliation entre Emeth (relevant du Suprême Conseil) et la Clémente Amitié (à l'époque membre du Grand Orient) qui mit en route le conflit ayant abouti à la démolition de cette dernière. Le Grand Orient, prenant ombrage (puisqu'il ne considérait pas Emeth comme maçonnique) de ce pacte, émit en effet une circulaire contre les structures écossaises qu'il définissait comme irrégulières et infréquentables, circulaire que la Clémente Amitié critiqua vivement, s'exposant ainsi à la vindicte de son Obédience.

Nous donnons ci-dessous quelques détails sur cette affaire, tels que décrits par deux auteurs contemporains de convictions opposées (et aussi partiaux l'un que l'autre) ; ils permettront au lecteur de mieux comprendre le contexte et certains aspects de la chanson.

 

Bésuchet, féal du Grand Orient, présente cette affaire comme suit dans le volume 1 (p. 132) de son Précis historique :

L'hostilité de quelques associations écossaises contre le Grand Orient, continue avec persistance, mais sans chaleur.

Une loge de l'obédience du Grand Orient, la Clémente Amitié, prétend leur prêter son appui, et sans droits et sans titres elle croit devoir mettre le Grand Orient en cause ; mais

Que peut contre le roc une vague animée ?

Le Grand Orient dédaigne la faconde de quelques maçons égarés, et après avoir rempli tous les devoirs que lui imposent sa dignité, son indulgence, sa bonté paternelle, ne trouvant dans la majorité influente de cette loge que de frères sourds à sa voix, il la démolit....... La loge de la Clémente Amitié va reprendre son obscurité dans les associations écossaises.

Pour illustrer ses dires, Bésuchet - qui par contre ne cite pas une ligne des documents incriminés émanant de la Clémente Amitié - publie aussi, dans ses pièces justificatives

  • l'arrêté de la Grande Loge d'Administration (présidée par Langlacé) du Grand Orient du 5 septembre 1826 (p. 284), dont voici un extrait :

... Art. 2. Les Frères N., N., N., N., N., N., signataires de l'imprimé mentionné, qui, malgré la suspension contre eux prononcée par l'arrêté de la Grande Loge Symbolique, ont repris l'exercice de leurs fonctions dans la séance de la Loge la Clémente Amitié, en date du 19e jour du 6e mois 5826 (19 août 1826, E. V.), sont définitivement interdits de leurs droits maçonniques, et seront rayés du tableau général de l'ordre.

  • la circulaire (p. 277) du Grand Orient du 7 novembre 1826 (Bésuchet écrit 1827), dont voici un extrait :

Un scandale affligeant vient d'être donné à la maçonnerie de France, par la loge de la Clémente Amitié, Orient de Paris.

Des Maçons irréguliers, agitateurs inquiets et ambitieux, après être parvenus à s'y introduire, y ont fait adopter leurs principes destructeurs de notre harmonie ; ils ont entraîné dans leur parti la Loge tout entière.

Ceux dans qui ils eussent dû trouver plus particulièrement une résistance dont leur devoir leur commandait l'exemple, ont cédé les premiers aux séductions de l'amour-propre, aux illusions de la vanité. Les Officiers dignitaires de cet Atelier se sont laissé prendre aux appâts de la flatterie ; et préférant à l'esprit de fraternité qui seul doit distinguer les vrais Maçons, les vaines insignes qui leur ont été prodiguées, ils ont, les premiers, rompu les liens qui les unissaient au G. O. de France. Dès que l'ambition eut pénétré dans le coeur, l'erreur a trouvé un accès facile dans leur esprit.

Prosélytes fervents d'une association irrégulière, non-seulement ils ont voulu se laisser égarer par la main qui les poussait dans la voie des ténèbres ; mais encore ils ont usé de l'influence que leur qualité leur donnait sur la Loge confiée à leur direction, pour entraîner leurs Frères dont ils ont à leur tour trompé la crédulité.

Une espèce de manifeste, adressé à tous les Maçons réguliers, dicté par la malveillance, imprimé au mépris de l'art. 15, sect. 15 du chap. 7 des statuts généraux de l'Ordre, publié et distribué avec profusion, est sorti de la Loge de la Clémente Amitié ; dans lequel elle avoue ses liaisons et ses relations avec des Maçons travaillant sous les auspices d'une puissance qu'elle appelle régulière, et qui n'est point le G. O. de France.

 

C'est un point de vue opposé que développe Rebold dans son Histoire des trois Grandes Loges de francs-maçons en France (pp. 137 ss.) :

A la fête solsticiale du 27 décembre [1825], l’Orateur du Gr. Orient, dans son discours d’office, sous l’influence de la majorité dominante, prêche l’intolérance contre ses FF. ; au lieu de s’inspirer des sentiments maçonniques, il attaque le Sup. Conseil, uniquement parce que celui-ci déploie de nouveau une certaine activité dans ses relations intérieures et extérieures, et que plusieurs loges sont venues se ranger sous son obédience ; ces discours sont toujours les avant-coureurs de quelque acte d’hostilité.

...

1826. — Le Gr. Orient, gouverné par une coterie rétrograde, en présence de la nouvelle organisation que le Sup. Conseil donne à sa Gr. Loge centrale, prend encore une fois ombrage de l‘activité déployée par son rival ; et toujours acharné contre tout ce qui tend à affaiblir son propre pouvoir, il adresse, à la date du 25 février, la circulaire suivante à tous les ateliers de son obédience :

« Très-chers frères,

» Le Gr. Orient de France, chargé de veiller à ce que l’irrégularité ne pénètre point dans les temples qu’il a érigés ou reconnus, dans la crainte que la religion des maçons zélés qui en soutiennent les colonnes ne soit trompée, croirait manquer au devoir sacré que lui imposent des circonstances inattendues, s'il ne s'empressait de donner à tous les ateliers de la correspondance les documents que plusieurs d'entre eux lui ont demandés, relativement à une prétendue puissance maçonnique, dont le but est de tenter de rivaliser avec le centre unique de la maçonnerie en France.

» C'est avec une profonde douleur que nous avons vu surgir tout à coup une association irrégulière qui prend la qualification de Gr. Loge écossaise, sous le prétexte de régir le rite écossais, quoique le Gr. Orient en exerce le droit depuis 1804, en vertu du concordat qui fut établi à cette époque, et au moyen duquel la puissance lui en fut confiée, et que, depuis lors, il n'a cessé de régir tous les ateliers écossais qui existaient en France et de constituer les loges et les chapitres qui ont demandé à professer ce rite.

...

» Ce simple exposé suffira pour vous convaincre combien sont illusoires le droit et le pouvoir que cette association irrégulière prétend s'arroger ; elle n’est d’ailleurs composée que de maçons isolés et sans mandat, tandis que le Gr. Orient de France est la réunion de tous les représentants nommés librement et volontairement par les ateliers français et écossais du royaume, et par beaucoup d’ateliers d’outre-mer, ce qui constitue une véritable diète maçonnique, dont les pouvoirs réunis ne forment qu'un faisceau...

Dès le 28 février, la loge La Clémente Amitié réfute cette circulaire, qu’elle combat victorieusement sur tous les points. Dans son mémoire (NDLR : le texte intégral de ce mémoire est consultable aux pp. 289-301 du Tome VI des Annales chronologiques, littéraires et historiques de la maçonnerie des Pays-Bas à dater du 1er janvier 1814 de Wargny), elle s’attache surtout à contester la suprématie du Gr. Orient sur le rite écossais. A la page 11 de ce manifeste, on lit les réflexions suivantes, dont le mérite est patent :

« Le Gr. Orient nous ordonne sans cesse de repousser de nos ateliers les maçons écossais du Sup. Conseil, qu’il signale comme irréguliers, parce qu’ils ne sont pas soumis à sa puissance. Le motif de cette défense est qu’il aspire au monopole de tous les rites pratiqués en France, mais non dans des vues conservatrices, puisque déjà il est parvenu à anéantir le rite Écossais philosophique, le rite rectifié, et tant d’autres qui ont disparu dès qu'il les a centralisés.

Les considérations sur lesquelles la Clémenle Amitié s‘est appuyée pour combattre cette circulaire, étaient tellement fondées que le Gr. Orient n’a pu rien alléguer pour justifier ses prétendus droits et ses procédés antimaçonniques ; il agit comme tous les pouvoirs arbitraires dans de semblables circonstances ; il fait usage de son autorité pour frapper ; aussi, par sa décision du 5 septembre prononce-t-il la radiation de cette loge, et, ajoutant l'injustice à l’arbitraire, il refuse d’en admettre les défenseurs, qui se présentèrent le 17 du même mois pour soutenir l’appel qu’elle avait interjeté contre sa condamnation.

...

Le même parti du progrès (presque toujours en minorité), qui avait tenté, en 1819, de réunir les deux obédiences, et échoué en présence des prétentions du Sup. Conseil, essaya de nouveau, en 1826, d‘opérer cette fusion, dans laquelle, avec grande raison, il voyait le seul salut de la maçonnerie française. Sa persévérance remporta un succès, en ce que le Gr. Orient autorisa de nouvelles négociations ; mais pendant que les maçons sérieux et pacifiques faisaient tous leurs efforts pour atteindre le but proposé, le parti rétrograde, de son côté, fidèle à ses antécédents, cherchait à les entraver par d'indignes manœuvres. Ainsi, le Gr. Orient, dominé cette fois encore par ce parti, envoyait en secret dans toutes les loges des inspecteurs afin de s‘assurer que les temples étaient rigoureusement fermés aux maçons écossais appartenant au Sup. Conseil ; il y dépêchait même des orateurs chargés d'agiter les esprits, d‘exciter les passions et d’imposer à ces ateliers la scandaleuse obligation d’un serment d‘exclusion et de haine contre les maçons dissidents. Il faisait rayer de sa correspondance les loges qui, dans cette circonstance, avaient la fermeté de lui refuser le tribut d’une obéissance servile ; il les inscrivait sur des tables de réprobation, sur un livre noir, dont la dénomination seule est un outrage aux principes d'union, de fraternité et de tolérance, hors desquels il n'y a plus de maçonnerie. (ndlr : les mêmes accusations sont formulées ici par Caille dans l'avant-propos à son texte de 1827 intitulé De l'indépendance des rites maçonniques ou Réfutation des prétentions du Grand Orient de France sur le rite écossais ancien et accepté ; citation : Que faisait au contraire le Grand Orient de France ? On dirait qu'il avait choisi ce moment pour pousser avec plus d'activité la guerre qu'il nous avait déclarée. Envoyer des inspecteurs dans tous ses ateliers, pour s'assurer que les portes nous en étaient rigoureusement fermées ; y envoyer des orateurs pour remuer les passions, et agiter les esprits ; imposer à ses Loges la scandaleuse obligation d'un serment d'exclusion et de haine contre nous ; rayer de sa correspondance celles qui, dans cette circonstance, ont eu l'honorable fermeté de lui refuser le tribut d'une obéissance servile ; les inscrire sur des tables de réprobation, sur ce livre noir dont la dénomination seule est un outrage aux principes d’union, de fraternité et de tolérance hors desquels il n'y a plus de maçonnerie : voilà par quels actes le Grand Orient préludait à la transaction honorable qu'il avait dit vouloir nous offrir.)

Dramatis personae

Les punis

Les 6 Frères suspendus du Grand Orient le 19/08/1826 et mentionnés dans la chanson sont Alexandre, Barbier, Chartier, Gosse, Millet et Leblanc.

Leblanc, désigné dans la chanson comme le plus noir, est Leblanc de Marconnay et c'est sans doute lui, bien connu comme trublion, l'initiateur du conflit.

Une fiche Bossu présente Jean-Henry Alexandre, né à Bruxelles le 10 décembre 1797, tailleur, initié à la Clémente Amitié en 1823 ; il était Trésorier au moment de sa suspension .

Antoine Barbier, marchand de draps à Elbeuf, né en 1797, initié dans la loge en 1821, était 2d Surveillant au moment de sa suspension.

Un Chartier était selon Bossu secrétaire de la Loge en 1826.

Guillaume François Gosse, initié dans la loge en 1812, était 1er Surveillant au moment de sa suspension.

Bossu nous apprend aussi que Jean-Baptiste Millet-Saint-Pierre (1797-1872), affilié en 1824, était Vénérable en 1827 ; il l'était aussi au moment de sa suspension mais allait être remplacé par Leblanc en juin 1827.

Les démolisseurs

Grand Netori était à l'époque le nom codé (par anagramme) désignant le Grand Orient. La chanson ne cite que les initiales (B, C et R) de ses représentants. 

Mais la fiche Bossu précitée nous apprend aussi que Millet est l'auteur d'une chanson ridiculisant les Frères Caille et Benou du Grand Orient.

Curieux personnage que le Frère Louis Caille (1764-1848), avocat à la cour royale de Paris, membre au cours de sa longue carrière maçonnique de nombreuses loges (avec beaucoup desquelles il eut des désaccords), membre de l'Ordre du Temple, devenu 33e du Grand Orient en 1820, désigné à la chanson comme C... du poulailler franc-maçon : après avoir persécuté la Clémente Amitié, il se convertit à l'écossisme, publia en 1827 le texte De l'Indépendance des rites maçonniques, ou Réfutation des prétentions du Grand Orient de France sur le rit écossais ancien et accepté, participa en tant que Vénérable de la loge (écossaise, fondée en 1818) des Amis Constants de la Vraie Lumière aux fêtes d'Ordre écossaises de la Saint-Jean d'hiver 1827 et a, selon cette fiche Bossu, donné sa démission de tous les emplois, titres et dignité dont il était pourvu au Grand Orient de France, ce qui lui valut en 1829 d'entrer comme 33e au Suprême Conseil.

Jean-Baptiste Benou (1764-1831) était lui aussi avocat à la cour royale et 33e du Grand Orient, depuis 1815. Il avait été commissaire-priseur à Paris en 1800 selon une fiche Bossu, ce qui explique ces vers de la chanson : Ayons donc pour rapporteur un Commissaire-priseur.

Moret, vénérable des Sept Ecossais réunis, 33e du Grand Orient en 1827, est encore un avocat à la cour royale.

R... est en fait Jean-Marie Richard (1757-1840) ; celui-ci fait l'objet de nombreuses fiches Bossu qui nous apprennent notamment que, 33e, officier du Grand Orient depuis 1814, il avait été en 1816 77e du rite de Misraïm, en 1812 Vénérable de la Clémente Amitié (il l'a été à plusieurs reprises entre 1808 et 1818), ce qui explique que la chanson le traite de traître à la fois à Misraïm et à cette loge : c'est lui en effet qui le 19 août 1826 avait été envoyé par le Grand Orient pour tenter de reprendre le contrôle de la loge, ce que celle-ci avait refusé par un vote de 32 voix contre 2, maintenant en fonction les six suspendus, ce qui ne pouvait qu'entraîner la rupture définitive et le changement d'Obédience. En tant que Grand Orateur, il est cosignataire de l'arrêté de démolition du 5 septembre 1826.

Puisqu'elle mentionne sa participation aux événements du 19 août, la chanson est postérieure à cette date, mais elle est aussi antérieure au 29 décembre, date à laquelle son existence est mentionnée dans un rapport de police. Elle peut donc avec certitude être datée des 4 derniers mois de 1826.

           

     

 COMPLAINTE

Sur l'horrible catastrophe de la démolition

de

La Clémente Amitié,

en punition de ses forfaits épouvantables.

 

Air connu.

Francs-Maçons, peuple bonace
Au Grand Nétori lié,
De
la Clémente Amitié
Venez ouïr la disgrâce,
Et sa démolition
Par délibération.

 

C'était une circulaire
Votée au Grand Orient,
Dans les Loges publiant
Aux dissidents grande guerre ;
Mais la
Clémente Amitié
S'y refusa sans pitié.

 

Dans un libelle anonyme
Signé par ses officíers,
Elle écrit aux ateiiers
Que ce n'est pas légitirne,
Puisque le rit écossais
N'est pas du pays français.

 

B......, dans les deux lumières,
Avait publié cela,
Pourtant jamais on ne l'a
Poursuivi sur ces matíères :
Mais les autres parlent dru,
Et B...... n'est pas si cru.

 

Elle n'est pas trop clérnente,
Malgré le nom qu'elle a pris,
Cette Loge de Paris
Qui, dans sa pl..... insolente,
Prouve ses assertions
Par maintes citations.

 

Quand un atelier imprime
Pour rétablir quelques faits,
Le Grand Orient français
Prononce que c'est un crime :
Car il n'est jamais permis
De détromper des amis.

 

On nomme des commissaires
Qui ne sont pas hébétés,
Puisqu'on dit, de tous côtés :
« Ils ont bon né, ces chers frères,
» Et nonobstant le tracas,
» Ils sentiront notre cas ».

 

Par devant eux se présentent
Les six chefs des insurgés ;
Mais loin d'être corrigés,
De leur forfait ils se vantent,
Et par l'aveu de leurs seings
Montrent de mauvais desseins.

 

 Ne faisons pas de bêtises,
Se dit la Commission,
« Avec l'insurrectíon
» Il faut en venir aux prises,
» Ayons donc pour rapporteur
» Un Commissaire-priseur ». 

 

Dans la chambre symbolique,
B...., fier comme aux encans,
Ajoute force cancans
A son verbal authentique,
Et conclut qu'il faut punir,
Sévir, rôtir, démolir.

 

Un membre, plein d'éloquence,
Dit : «
La Clémente Amitié 
» Peut-elle avoir oublié
» La passive obéissance !
» Se servir de sa raison,
» C'est être mauvais maçon.

 

» Soyons Turcs quand la canaille
» Lance des brûlots écrits ;
» C'est un tas de Canaris.
» Je m'y connais, je suis C.....
» Du poulailler franc-maçon 
» L'aigle aux ailes de pigeon.

 

» Ces rebelles ont pour guides,
» Les signataires Barbier,
» Gosse, Alexandre, Chartíer,
» En tête cle ces perfides
» Est Millet le turbulent,
» Mais le plus noir, c'est Leblanc ».

 

On met, pour leur faire niche,
Ces officiers à l'écart,
Et l'on dépêche R......
En vénérable postiche.
Pour qu'il prenne mieux l'essor,
Il est seul l'état major

 

R...... saura bien défendre
L'honneur de son interim ;
Lui qui trahit Misraïm,
Il va s'apprèter à rendre,
En cet instant solennel,
Son atelier maternel.

 

Mais cette Loge coupable
Dit qu'aux six elle a prescrit
L'émission de l'écrit,
Et qu'elle en est responsable.
Puis elle rend le maillet
Au séditieux Millet.

 

Le Grand Orient publie
Que la
Clémente Amitié,
Refusant son envoyé,
Est tout à fait démolie,
Et, malgré l'appel formé,
Met le tout en imprimé.

 

Cet appel n'est qu'une ruse,
Afin que les défenseurs
Viennent dire des noirceurs ;
Mais Nétori les refuse.
Pour confirmer son arrêt,
Il aura bien plus tôt fait.

 

Moret voudrait les entendre,
Mais
Moret n'est qu'un nouveau,
Ignorant l'air du bureau.
L'atelier est, sans attendre,
Au Grand Orient porté
Comme désorienté.

 

Que le cíel long-temps nous laisse
Nos respectables patrons,
Bande noire des maçons !
Car, pour le bien de leur caisse,
Ces architectes experts
Démolíraient l'univers !...

 

Croirait-on que les rebelles,
En passant aux Ecossais,
Osent travailler après
Ces sentences paternelles ?
Et veulent par ce transport,
Survivre à leur belle mort !!..

 

Pères, mères de famiîle,
Racontez à vos enfants
Ces affreux événements,
Pour qu'en eux la vertu brille.
Croque-mitaine est trop vieux,
Grand-Nétori vaut bien mieux.

Nous n'avons pu identifier l'air connu qui est mentionné.

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