L'Ordre (respecté) de la Félicité

En cliquant ici, vous entendrez le fichier midi de la partition, séquencé par Christophe D. 

Dans cette chanson (longue et pleine d'allusions au symbolisme maritime qui est le sien), l'Ordre de la Félicité se décrit d'emblée comme le rival de la maçonnerie - sur laquelle il dit avoir l'avantage, non seulement d'être nouveau (alors qu'à l'époque la maçonnerie, elle, se glorifie habituellement plutôt de son antiquité), mais surtout d'être mixte (à un moment - les années 1740 - où l'on ne pense encore guère à créer des Loges d'Adoption).

Elle figure à la fois :

Le texte est donné également aux pp. 105-6 du vol. 33 (1920) des Transactions of the Quatuor Coronati Lodge, en annexe à un article de J. E. S. Tuckett sur l'Ordre de la Félicité  


    
     
        

Rival de la maçonnerie, 
Notre ordre est autant respecté, 
Il a de plus la nouveaute,
Et des Dames la compagnie.
Vive, vive et que partout soit chanté 
L'ordre de la félicité.

 

Chez nous il faut que le vray zèle 
Soit conduit par la liberté,
La vaine curiosité, 
N'est point admise en la nacelle.
Vive, &c.

 

Une fregatte quoy que neuve, 
N'est pas souvent propre à voguer, 
II n'est pas sûr d'y naviguer 
Si l'on ne l'a mise a l'epreuve ; 
Vive, &c.

 

Nous ne sommes jamais rebelles
Aux loix de notre engagement.
L'honneur en est le fondement,
Et nos coeurs les garands fidèles.
Vive, &c. 

 

Pour un marin l'apprentissage, 
Est d'écouter docilement,
On ne bâtit solidement
Qu'en connoissant des bois l'usage.
Vive, &c.

 

Bravons les rochers et l'orage, 
II n'est qu'un tems pour tout risquer, 
Et le plus propre à s'embarquer 
Fut toujours celui du bel âge 
Vive, &c.

 

Souvent du sein de la tempête 
On a vu naître les Zéphirs,
II en est ainsi des désirs, 
Ils croissent plus, on les arrête; 
Vive, &c.

 

Venez, volez, troupe immortelle, 
Plaisirs, abandonnez les cieux,
Pour faire des amans heureux,
Comblez leur ardeur mutuelle.
Vive, &c.

 

Des plus beaux dons que flore étale, 
Ici mon oeil est enchanté, 
Et mon odorat est flatté 
Des parfums que la terre exhale.
Vive, &c.

 

Quel doux mouvement nous entraîne,
Unissons nos mains et nos coeurs,
Avec des guirlandes de fleurs,
Les graces forment notre chaine.
Vive, &c.

 

Temple adorable, heureux azile 
Des humains et des immortels,
La constance vers tes autels 
Rend enfin la route facile.
Vive, &c.

 

De cinq dieux le concours propice 
Nous y fait gouter un plaisir,  
Dont la bouche par un soupirs; 
Exprime le tendre délice; 
Vive, &c.

 

Que le reste soit lettre close,
Freres et Soeurs, n'en dites rien, 
C'est altérer le prix d'un bien, 
Que d'en trop découvrir la cause; 
Vive, &c.

 

Soit du repos, soit de la course, 
Goutons les plaisirs en secret, 
Des dieux le bonheur n'est parfait,
Qu'en ce qu'ils en cachent la source.
Vive, &c.

 

Comme eux jouissant de nous-même, 
A tout il faut nous préferer, 
Laissons aux autres ignorer 
Ce qui fait notre bien suprême.
Vive, &c.

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