Une Fête d'Adoption en 1860

 

On lit à la page 458 du de janvier-février 1861 de la revue L'initiation ancienne et moderne (cette revue est une des nombreuses animées par Riche-Gardon ; elle allait se prolonger dans le Journal des Initiés) :

La loge Jérusalem des vallées égyptiennes a donné une belle fête pour l'initiation de plusieurs soeurs. Le très-cher vénérable et doyen de l'Ordre, le bon frère Boubée, y a manifesté de nouveau l'exquise et éloquente courtoisie spéciale qu'il a vouée à nos chères soeurs en travaillant à développer leurs connaissances. Il a été bien secondé dans cette douce tâche par l'orateur, le cher et zélé frère Hubert, qui a des travaux d'un caractère différent pour chaque tenue. Un grand nombre de dames et quelques hommes sympathiques assistaient à cette initiation de maçonnerie blanche, et en ont retiré la plus heureuse impression. Des maçons et maçonnes de différents ateliers s'étaient joints aux bons frères de la Jérusalem des vallées égyptiennes par sympathie pour la belle fraternité dont ils donnent l'exemple. Puisse le cher et vénérable Frère Boubée, décider souvent sa Loge à donner de telles fêtes. 

Le Tracé de cette Tenue, datée du 8 décembre 1860, a été imprimé à l'époque et a fait l'objet en 1997 d'une réédition en fac-similé par l'éditeur Christian Lacour-Ollé, aux éditions Lacour/Rediviva (cet éditeur a un catalogue extrêmement riche de textes anciens, tant maçonniques que régionalistes, catalogue dédié à tous ceux qui possèdent le culte du passé et du souvenir reconnaissant).

Ce document nous semble d'autant plus intéressant qu'il constitue à notre connaissance un des derniers témoignages de la Maçonnerie d'Adoption que le XIXe siècle avait héritée du XVIIIe mais que, après une période de faste sous l'Empire, il avait progressivement laissé dépérir.

La Colonne d'Harmonie était à cette occasion conduite par le jeune Frère Delevallez fils (que nous n'avons pu identifier plus précisément). 

Il est relaté au Tracé que, la cérémonie étant terminée et avant le traditionnel discours de l'Orateur, un Frère membre de la colonne d'harmonie vocale, accompagné d'une musique douce et mélodieuse, fait entendre les couplets suivants :

Mais le discours qui suivait a dû être écourté (et deux autres, annoncés au programme, ont même été purement et simplement annulés) au moment où le Maître des Cérémonies est venu annoncer ... que le banquet était servi ! (voilà qui met en évidence le caractère sans doute au moins autant mondain que maçonnique de la manifestation ...)

A ce moment, on put entendre le choeur suivant :

invocation à laquelle la Soeur Eloquente répondit en disant avec âme et d'une voix mélodieuse :

          

On notera le caractère très religieux de ce rappel du devoir de philanthropie.

La Part du Diable est un opéra-comique (1843) d'Auber.

A la fin du banquet, eut lieu un hommage au Vénérable Boubée, auquel fut offert un bijou ; ce qui fut salué par un tonnerre d'applaudissements, de trépignements et les cris de bravos, mille fois répétés.

Par la suite on entendit des chants à l'extérieur du temple : une chorale profane de 30 membres, les Tyroliens de Montmartre, s'était jointe à la colonne d'harmonie pour chanter un hymne éclatant (dont la nature n'est pas précisée).

On se dirigea enfin vers la salle du Bal, où l'on dansa jusqu'à l'aube. Ses 87 printemps n'empêchèrent pas Boubée de danser le premier quadrille avec la Grande Maîtresse.

 

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