La Lumière 

 

Aux pages 109 et 110 du Tome VII des Annales maçonniques de Caillot (ce volume est accessible sur Google Livres), figurent ces Couplets chantés au banquet de la Respectable Loge des Arts-Réunis dans les dernières années de l'Empire (on dénombre plusieurs Loges des Arts-Réunis ; quoique ce ne soit pas précisé, il nous semble vraisemblable qu'il s'agit ici de celle de Paris plutôt que par exemple de Rouen ou de Dijon ; celle de Grenoble ne fut fondée qu'en 1824).

      

C O U P L E T S

Chantés au banquet de la R.'. L.'. des Arts-Réunis.

Air : Mesdames, quel est votre mot ?

Alors qu'avec de simples mots
Le grand Architecte du monde
Des gouffres profonds du chaos
Eut tiré la machine ronde,
Il sentit que, pour animer
Cette masse énorme et grossière,
L'éclat du jour devait briller,
Et Dieu fit jaillir la lumière.

On nous vante beaucoup les yeux :
En avoir deux est bon, sans doute ;
Il est reconnu que sans eux
Le pauvre humain n'y verrait goutte.
La vue est un bienfait des cieux,
Une faveur très-singulière,
Mais à quoi servirai[en]t les yeux,
Si nous n'avions pas la lumière ?

Voyez l'aveugle malheureux
Que guide un chien bon et fidèle ;
Un voile épais et ténébreux
Couvre pour jamais sa prunelle.
Qui pourrait peindre ses transports,
Si le jour frappait sa paupière ?
Pour lui les plus riches trésors
Ne pourraient valoir la lumière.

Dans ce sexe qui des amours
Voit l'essaim voler sur ses traces,
Nos yeux admirent les contours
D'un corps où respirent les grâces.
Cachés sous des voiles jaloux
S'ils subjuguent notre âme entière,
Convenez qu'ils sont bien plus doux
Quand nous leur donnons la lumière.

De ses avantages divers
Si je voulais faire l'enquête,
Je composerais mille vers :
Prudemment ici je m'arrête ;
Même pour ces méchants couplets
Je réclame indulgence entière,
Car le vent affreux des sifflets
Éteindrait ma faible lumière.

Goguet, Or.'. Adjoint.

Nous n'avons trouvé nulle part de référence d'un air qui s'appellerait Mesdames, quel est votre mot ? Nous avons bien un air La différence du mot à la chose, mais la métrique ne semble pas correspondre.

Un poème assez célèbre (et quelque peu coquin) de l'abbé de l'Attaignant, poème qui s'intitule Le mot et la chose, a pour premier vers Madame quel est votre mot.

On peut présumer - d'autant que la métrique concorde - que l'air utilisé ici était bien celui d'une chanson sur ce poème ; mais il resterait à en retrouver la musique, qu'elle soit de l'abbé lui-même ou de quelqu'un d'autre ...

Par ailleurs, des couplets (p. 16) de la Lyre maçonnique de 1810 (figurant aussi au recueil de Desveux en 1804) donnent comme air du mot et de la chose.

La même chanson se retrouve aux pp. 31-2 du Nouveau Code Récréatif des Francs-Maçons.

Retour au sommaire des Annales de Caillot :

Retour au sommaire du Chansonnier :