Carl Friedrich ZELTER 

En cliquant ici, vous entendrez le début du lied Klage, interprété par Dietrich Fischer-Dieskau accompagné par Aribert Reimann (CD Orfeo C 097 841 A)

 

Fils d'artisan, le berlinois Carl Friedrich ZELTER (1758 - 1832) fut d'abord un maçon opératif (il était entrepreneur en bâtiment) avant de se consacrer à la musique.

Ses compositions relèvent essentiellement de la musique vocale.

Il fut un grand ami de Goethe, avec lequel il échangea quelque 900 lettres entre 1799 et 1832, et il compta Mendelssohn et Meyerbeer parmi ses élèves.

Nous ne disposons pas de données sur la Loge à laquelle il a appartenu, mais Gefen tient son appartenance maçonnique pour certaine.

A deux reprises, en 1795 et 1816, Zelter composa un lied sur le même texte de Goethe, la complainte du harpiste (il est à remarquer que le même texte fut également utilisé par Sibelius dans ses musiques rituelles op. 113, pour son Hymne du 3e Grade). C'est le début de la version de 1816 que vous entendez :

La complainte (Harpiste III)

Johann Wolfgang von Goethe

Qui n'a, sur son pain, jamais pleuré,
qui n'a, jamais, passé la nuit,
sur son lit assis, rongé par le souci, 
celui-là vous ignore, vous, forces célestes!

Vous qui dans la vie nous guidez,
faites un coupable du démuni
et le laissez à son souci :
chaque faute se paie pour le terrestre

Klage (Harfenspieler III)

Johann Wolfgang von Goethe

Wer nie sein Brot mit Tränen aß,
wer nie die kummervollen Nächte
auf seinem Bette weinend saß,
der kennt euch nicht, ihr himmlischen Mächte.

Ihr führt ins Leben uns hinein,
ihr laßt den Armen schuldig werden, 
dann überlaßt ihr ihn der Pein:
denn alle Schuld rächt sich auf Erden.

Zelter a également mis en musique le célèbre poème Selige Sehnsucht.

Il semble qu'il ait écrit quelques notes pour l'opéra dont Goethe avait entrepris le livret en vue de donner une suite à la Flûte Enchantée.

On trouve de ses lieder dans le chansonnier d'Amalia en 1851 (p. ex. n° 32).

Voici ce qu'en dit Fétis :

ZELTER (Charles-Frédéric), né à Berlin le 11 décembre 1758, était fils d'un maître maçon et fut d'abord obligé d'exercer l'état de son père. Toutefois, il avait reçu une bonne éducation, parlait et écrivait plusieurs langues, et avait fait une étude approfondie de la musique. Dans sa jeunesse, il avait appris à jouer du piano, de l'orgue et du violon. Ce dernier instrument fut particulièrement l'objet de ses études ; il y acquit une certaine habileté et joua souvent la partie de premier violon dans les orchestres. Son père avait exigé qu'il étudiât l'architecture pour en faire sa profession. Tous les travaux de sa jeunesse furent interrompus par la cécité dont il fut frappé à l'âge de 17 ans, à la suite d'une longue et dangereuse maladie. Dans cette triste situation, il revint à l'étude du clavier du piano qui fut sa seule ressource contre l'ennui. Ayant enfin recouvré la vue, il put reprendre le cours de ses études et se livrer à son penchant invincible pour la musique. Devenu l'élève de Fasch dans cet art, il en fut aussi l'ami dévoué. Une intime amitié le lia à Gœthe jusqu'à la fin de ses jours. Bien qu'il ne cultivât la musique que dans les moments de loisir qu'il pouvait dérober à sa profession, il fit de bonne heure ses premiers essais de composition dans des recueils de chants qui eurent du succès. Les biographes allemands disent qu'il surpasse, dans ce genre de pièces, ses contemporains Reichardt et Schultze, et qu'il y a dans sa manière plus d'originalité, dans son expression plus de force que dans la leur. Après la mort de Fasch, Zelter se chargea de la direction de l'Académie royale de chant fondée par cet homme vénérable, et le roi de Prusse le nomma professeur de musique à l'Académie des beaux-arts de Berlin, en 1809, sur la proposition de Guillaume de Humbold. Il fonda aussi une société lyrique (Liedertafel) qu'il dirigea longtemps avec zèle et qui prit son nom après sa mort. Il avait composé pour cette société environ quatre-vingt-quinze chœurs pour des voix d'hommes. Depuis 1790 jusqu'en 1835, il entretint avec Gœthe une active correspondance qui a été recueillie après leur mort par M. Riemer, conseiller et bibliothécaire du grand -duc de Saxe-Weimar (Briefwechsel zwischen Gœthe und Zelter, Berlin, 1833-1836, six volumes in-8°), et dans laquelle on trouve des passages et des anecdotes remplis d'intérêt concernant beaucoup d'artistes. Nul doute que les rapports fréquents de Zelter avec le grand poête n'aient exercé de l'influence sur le goût et sur les opinions du premier relativement à l'art. La mort inopinée de Goethe fut si douloureuse pour son vieil ami, que deux mois s'étaient à peine écoulés depuis cet événement, lorsque lui-même descendit au tombeau, le 15 mai 1832. Zelter avait été marié deux fois. De son premier hymen, il avait eu deux fils, dont l'aîné mourut en 1812 et le plus jeune en 1816. Son influence sur les progrès de la musique en Prusse fut considérable. Il forma plusieurs élèves distingués, à la tête desquels se place Mendelssohn. …
Il a laissé en manuscrit un grand nombre de cantates pour voix seule et chœur, de chorals et de morceaux de musique d'église, ainsi que quelques essais de musique dramatique, des sonates et d'autres pièces pour le piano. On a aussi de lui plusieurs morceaux relatifs à la musique publiés dans des journaux …

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