Hainl

 

Fils d'un autrichien à la fois cordonnier, maître de musique et ménétrier qui s'était installé à Issoire après y avoir été prisonnier de guerre, François George (dit George ou Georges) Hainl (1807-1873) semble avoir eu une jeunesse fort bohème de violoniste pour fêtes de village, avant de s'inscrire au Conservatoire de Paris en 1829 et d'y obtenir un premier prix de violoncelle. 

Plus tard, il mena une carrière de chef d'orchestre et de compositeur, à Lyon puis, à partir de 1863, à Paris.

Il a composé pour son instrument : Souvenirs du Bourbonnais, Fantaisie sur Guillaume Tell, Souvenirs du Mont-Dore, Souvenirs de Naples, ...

Une biographie fort complète par Arthur Pougin figure aux pp. 28-33 de la Chronique musicale en 1873.

Le recueil 1847 de la Revue maçonnique publiée à Lyon donne en ses pp. 97 à 104 le compte-rendu de la célébration en commun par les deux Loges lyonnaises Equerre et Compas et Etoile Polaire, le 21 mars, de la féte solsticiale d'hiver. On y lit, aux pp. 97 et 98, que :

... les principaux artistes de la première scène lyonnaise, les Frères Georges Hainl, Chaunier, Alteyrac, Albertini, Luiggini, occupaient une place qui leur avait été réservée ... le Frère Georges Hainl a joué un solo de violoncelle avec une verve, une inspiration qui ont enthousiasmé l'assemblée et enlevé à plusieurs reprises de vifs applaudissements ; nous avons souvent entendu cet artiste, nous l'avons vu rarement mieux inspiré  ; il avait oublié tout ce qui était autour de lui pour s'identifier avec son instrument. Le Frère Luiggini tenait le piano.

Dans le recueil 1844, on avait déjà pu lire (p. 255) que, lors de la Fête de l'Ordre à la Loge lyonnaise du Parfait Silence,

Le frère George Hainl a, en forme d'intermède, joué un morceau de violoncelle ; il a été couvert d'applaudissements.

Voici ce qu'en dit Fétis, d'abord dans son volume 4 :

HAINL (Georges-François), violoncelliste distingué, compositeur pour son instrument et premier chef d'orchestre du grand théâtre de Lyon, est né à Issoire (Puy-de-Dôme), le 19 novembre 1807 ; il fut admis au Conservatoire de Paris, comme élève de Norblin pour le violoncelle, le 22 avril 1829. Le premier prix de cet instrument lui fut décerné au concours de 1830. Pendant plusieurs années il voyagea pour donner des concerts. En 1838, il était à Bruxelles, et dans l'hiver de l'année suivante il donna plusieurs concerts en Hollande avec le pianiste Dœhler. Après avoir obtenu de brillants succès dans le midi de la France, il accepta, en 1840, la place de premier chef d'orchestre du grand théâtre de Lyon. Au moment où cette notice est écrite, il occupe encore !a même position. M. Hainl est renommé à juste titre comme un des artistes français les plus distingués pour la direction d'un orchestre. Parmi les compositions qu'il a publiées pour son instrument, on remarque en particulier sa Fantaisie avec orchestre sur des thèmes de Guillaume Tell, op. 8. Cet artiste s'est fait connaître aussi comme écrivain par un petit ouvrage qui a pour titre : De la musique à Lyon depuis 1713 jusqu'en 1852, Discours de réception prononcé en séance publique de l'Académie de Lyon ; Lyon, 1852, in-8° de 37 pages.

et ensuite dans son supplément :

HAINL (François-Georges), violoncelliste et compositeur, est mort à  Paris le 2 juin 1873. Cet artiste, qui depuis 1840 était premier chef d'orchestre du Grand-Théâtre de Lyon, fut appelé en la même qualité à l'Opéra, où il vint prendre le bâton de commandement le 24 juillet 1863, succédant à  Dietsch, qui venait d'être « admis à faire valoir ses droits à la retraite ». Pendant les dix années qu'il passa à l'Opéra, il monta les ouvrages suivants : le Docteur Magnus, Roland à Roncevaux, l'Africaine, Don Carlos, la Fiancée de Corinthe, Hamlet, Erostrate, la Coupe du roi de Thulé, sans compter l'adaptation de Faust à notre première scène lyrique et la reprise du Freischütz ; puis, comme ballets, la Maschera, Néméa, le Roi d'Yvetot, la Source, Coppélia, et Gretna-Green

Peu de temps après son entrée à l'Opéra, et à la retraite de M. Tilmant, George Hainl avait été nommé chef d'orchestre de la Sociéte des concerts du Conservatoire ; moins habile pour conduire la symphonie que l'opéra, ne connaissant pas, d'ailleurs, les traditions de la Société, il ne brilla pas dans ces fonctions, dont il se démit au bout de trois ans. Il était aussi devenu chef d'orchestre de la chapelle impériale et des concerts de la cour, et avait conduit les grands festivals de l'Exposition universelle, à la suite desquels il avait été nommé chevalier de la Légion d'honneur. 

Un bras énergique et vigoureux, une grande précision dans les mouvements, une mesure dont les temps étaient solidement et distinctement marqués, l'assurance en soi-même, une confiance qu'il savait communiquer aux artistes placés sous ses ordres, avec cela le regard fier et une ferme volonté, telles étaient les qualités de George Hainl, qualités si rares à rencontrer chez un conducteur et qui forment le vrai chef d'orchestre. Malheureusement, son éducation musicale n'était pas à la hauteur de ses aptitudes, et l'organisateur des études était en lui bien inférieur au conducteur. Or, dans un théâtre comme celui de l'Opéra de Paris, où la mise à la scène d'un ouvrage inédit exige, de la part du chef d'orchestre, des facultés complexes, des connaissances profondes et étendues, il faut, pour remplir ces fonctions, non-seulement un « batteur de mesure » excellent, mais un musicien solide et éprouvé. Sous ce dernier rapport, il faut l'avouer, George Hainl n'était pas à la hauteur de son rôle, et c'est ce qui fait que l'on dut placer à côté, et au-dessus de lui, un « directeur de la musique », chargé de l'organisation supérieure des études en ce qui concernait les ouvrages nouveaux. L'artiste chargé de cette mission n'était autre que M. Gevaert. 

Il serait injuste cependant d'amoindrir les qualités de George Hainl comme chef d'orchestre, qualités que nous avons énumérées plus haut. Berlioz, qui s'y connaissait, a rendu d'ailleurs, en ces termes, hommage à son talent ; c'était à l'époque où il était encore attaché au Grand-Théâtre de Lyon : 

A une supériorité incontestable sur le violoncelle, il joint toutes les qualités de chef d'orchestre conducteur-instructeur-organisateur, c'est-à-dire qu'il dirige d'une façon claire, précise, chaleureuse, expressive ; qu'il sait faire la critique des défauts de l'exécution et y porter remède, autant que les forces musicales dont il dispose le lui permettent, et enfin qu'il sait mettre en ordre et en action productive tous les moyens qui sont à sa portée, administrer son domaine musical et vaincre promptement les difficultés matérielles dont chacun des mouvements de la musique, en province surtout, est ordinairement entravé. D'où il résulte implicitement qu'il joint à beaucoup d'ardeur un esprit pénétrant et une persévérance infatigable. Il a plus fait en quelques années pour le progrès de la musique à Lyon que ne firent en un demi-siècle ses prédécesseurs.

(avec mes remerciements à Paul VdV qui a attiré mon attention sur l'existence de ce compositeur maçon)

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