Guillion

En cliquant ici, vous aurez l'occasion d'entendre le début de son Ariane à Naxos, dans la transposition proposée sur cette page par le très riche site Musica et Memoria de Denis HAVARD DE LA MONTAGNE

Albert Guillion (1801-1854) commença une carrière de compositeur qui s'annonçait brillante (il fut le premier compositeur français à voir, en 1830, un de ses opéras - qui y obtint un succès éclatant - commandé par la Fenice). 

Mais il se prit bientôt de passion pour l'agriculture et la sériciculture, domaines dans lesquels il fut un innovateur particulièrement inspiré, et abandonna toute activité musicale.

à l'époque où il bataillait encore pour obtenir un prix de Rome, il composa plusieurs musiques pour des textes de Chatelain, dont, en 1823, un cantique maçonnique intitulé le bon Samaritain, où il est désigné comme Frère - ce qui établit son appartenance, jusqu'à présent ignorée des ouvrages listant les compositeurs maçons.

Voici ce qu'en dit Fétis dans son T. 4 :

GUILLON (Albert), compositeur, né à Meaux en 1801, fit ses premières études de musique à la Cathédrale de Paris, puis les termina au Conservatoire. En 1819, il devint élève de l'auteur de ce dictionnaire pour le contrepoint et la fugue ; puis il reçut des leçons de Berton pour le style idéal. Le premier prix de composition lui fut décerné par l'Académie des beaux-arts de l'Institut de France, en 1825, pour la cantate d'Ariane à Naxos, sujet du concours de cette année, et cette scène fut exécutée dans la séance publique du mois d'octobre. Devenu pensionnaire du gouvernement, Guillon partit pour l'Italie et vécut quelque temps à Rome, d'où il envoya à l'Institut plusieurs morceaux de musique d'église de sa composition ; puis il alla à Venise où il écrivit, en 1830, l'opéra sérieux Maria di Brabante, pour le théâtre de la Fenice : cet ouvrage fut applaudi. Depuis lors, Guillon s'est fixé à Venise, protégé par une famille noble qui lui confia l'administration de ses biens. Dès ce moment, Guillon cessa de s'occuper de la musique, se livra à l'agriculture, à l'industrie, et fonda dans une terre à Pederiva di Montebelluna, près de Trévise, un grand établissement pour l'élèv[ag]e du ver à soie, et pour le dévidage des cocons par des machines de son invention, mues par la vapeur. En 1851, il a publié une description de cet établissement, de ses procédés mécaniques et des résultats obtenus, sous ce titre : Memoria sopra una filanda a vapore e dettagli sopra la maniera di filare i bozzoli, preceduti da alcuni cenni sull'ultima educazione dei bachi da seta, Venise, in-fol. lithographié, avec six grandes planches représentant l'intérieur de l'établissement et les détails de la filature. Doué d'une rare intelligence et d'une activité infatigable, il introduisit dans le royaume Lombardo-Vénitien de nombreux perfectionnements dans la culture des terres, dans leur amendement, et dans le système des successions des récoltes. On lui doit plusieurs mémoires intéressants sur ces objets. La Société impériale et centrale d'agriculture de France, la Société d'économie politique de Saint-Pétersbourg, toutes les sociétés d'agriculture d'Italie l'admirent au nombre de leurs membres ; et plusieurs souverains le décorèrent de leurs ordres. Guillon est mort subitement à Venise, dans les premiers jours d'avril 1854. Avant d'obtenir le premier grand prix à l'Institut, il était contrebasse à l'Opéra-Comique.

En 1829, Fétis avait déjà écrit dans sa Revue musicale :

VENISE. — Une brillante soirée donnée le 15 du mois passé par la famile Mangilli-Valmarana a fourni à M. Guillon, pensionnaire de France, l'occasion de faire entendre un de ses ouvrages. Cet essai fait concevoir de grandes espérances. Sa musique est pleine de verve et d'imagination ; et la beauté des pensées ajoute à l'éclat de l'instrumentation la plus riche et la plus savante. Un libretto a été arrangé pour la musique, qui se compose d'une introduetion, d'un quatuor, d'un trio, d'un air de basse, et d'un grand air avec romance. Les beautés de cette musique sont de telle nature qu'on n'en peut guère juger la première fois qu'on l'entend; la romance est le morceau qui a été entendu avec le plus de plaisir, et dont la suave et facile composition l'a fait répéter. 

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