Cadet Buteux maçon

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Une des chansons de Désaugiers figurant (p. 152-4) à la Lyre des Francs-maçons de 1830

Cette chanson avait déjà été publiée dans les Bluettes maçonniques et dans la Lyre maçonnique de 1813 (pp. 4 à 6), mais, dans ce dernier recueil, avec (c'est la seule différence) un détail significatif qui, n'étant plus d'actualité, n'a pas été repris en 1830 alors que c'est lui qui donne tout son sens au dernier couplet :

Nous retrouvons donc ici le tant chansonné Hippolyte Marchand, Vénérable de la Loge de Désaugiers, la Parfaite Réunion.



CADET BUTEUX MAÇON.

 

AIR : J'arrive à pied de Province.

Puisq' j'ons eu la valissance
D'être fait Maçon,
J'pouvons ben en conscience
M'bâtir un' maison.
J'la plaçons sur l'esplanade
D'un coteau riant,
D'manière qu' la façade
R'garde l'Orient.

J'ons soin d'la faire ben large
Parc'que je pensons
Qu'ell' ne peut avoir trop d'marge
Pour les bons Maçons :
Port's et f'nêtr's devant, derrière
Y frapp'ront les r'gards,
A c'te fin que la lumière
Y perce d'tout's parts.

J'n'y faisons qu'un seul étage ;
Par c'moyen nouveau,
Gens de p'tit ou haut étage
Y seront d'niveau.
Et j'vous la couvre de sorte
Qu'tout s'ra si ben joint,
Qu'par l'averse la plus forte
Y n'y pleuv'ra point.

D'vers chez nous tous les confrères-
Qui port'ront leurs pas,
Gelât-il à fendr' les pierres,
N's'y r'froidiront pas ;
Car j'y f'rons un' cheminée
Où c'que, morgué ! j'veux
Que l'on fasse tout' l'année
L'plus chaud d'tous les feux.

Ma maisonnette nouvelle
S'achèv'ra prompt'ment,
Vu que j'manions la truelle
Assez proprement.
Et comm' souvent l'cœur me saigne
D'n'avoir point d'argent,
J'y f'rons mettre pour enseigne :
Au petit Saint-Jean.

Après la dernière pierre
J'vous invitons tous,
A v'nir pendr' la crémaillère
Pour sept livr's dix sous.
Vous y tomberez d'emblée ;
Mais j'vous prévenons
Que je r'cevrons l'assemblée
A grands coups d'canons.

Sur deux colonnes, mes hôtes
Liront c't'écriteau :
On expie ici ces fautes
En buvant de l'eau.
Mais c'te peine redoutable
N'f'ra peur qu'au méchant ;
Et l'plus aimé, l'plus aimable
En s'ra l'bon marchand.

                                    DÉSAUGIERS.

Voir ici sur l'air mentionné, J'arrive à pied de province.

Cadet Buteux est un type populaire créé au XVIIIe, peut-être par Jean-Joseph Vadé (l'auteur du Curé de Pomponne), et repris régulièrement au XIXe par Désaugiers et d'autres. Selon Jacques-Philippe Saint-Gérand, dans un article d'un site sur la Langue française du XIXe siècle, le type favori de Désaugiers, Cadet Buteux, est enfant de la Rapée, ce quartier de Paris dans lequel se rassemblent toujours sur les berges de la Seine les usagers d'un langage plein de verdeur, d'images et de sonorités goualantes que l'écriture a quelque mal à fixer.

La chorale Lefébure, colonne d'harmonie maçonnique vivante et interobédientielle tourangelle, a inscrit cette chanson à son répertoire, dans un arrangement réalisé par le Frère O, qui l'a aimablement mis à notre disposition afin que nous puissions en faire profiter d'autres amateurs : vous pouvez y accéder en cliquant ici.

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