Bouquet présenté au Marquis de Gages

 

Ce texte est-il destiné à être récité ou chanté ? Rien ne l’indique au document mais, quoique nous ne soyons pas certains que ce bouquet ait jamais été chanté, nous le présentons ici au vu de son intérêt historique. Notons cependant que son début est fort semblable à celui d’une chanson (p. 469) de la Lire maçonne (qui se chante sur l’air du Chant des Apprentis) ; mais, après ce début, la métrique ne coïncide plus du tout (la métrique est d’ailleurs ici très irrégulière, avec des séquences variables de vers de 8 et 12 pieds).

Nous en avons emprunté l'image au catalogue de l'exposition La Franc-maçonnerie et l'Europe du XVIIIe siècle à nos jours tenue en 1993 à Bruxelles. Celui-ci précise (p. 146) que c'est la Loge des Amis Thérésiens à Mons qui a présenté en 1783 ce bouquet au Marquis de Gages. Cette Loge était formée exclusivement de religieux Récollets ou Carmes et avait été fondée entre 1780 et 1783 selon les sources.

Nous en donnons une transcription dont nous ne pouvons garantir la totale exactitude (nous avons en particulier quelques incertitudes sur les noms de fleurs, voir plus bas).

Bouquet présenté par les Frères de la Loge des Amis Thérésiens au Très Respectable Frère De Gages Grand Maître Provincial des Loges des Pays-Bas Autrichiens

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Que ce jour est heureux ! Qu'il nous est favorable !
car mes frères nous possédons
le plus vertueux des maçons
dans De Gages le Vénérable.
de son coeur bienfaisant nous goûtons les douceurs,
nous sommes enchantés de son âme charmante ;
Tout l'univers connaît sa vertu triomphante :
allons lui présenter nos Respects et nos Coeurs.

Sa douceur, sa Bonté, sa Candeur, sa Sagesse
livrent tous les maçons à la plus pure ivresse.
tout cède à son air gracieux
de ce beau trône lumineux 
nous verrons parler ses Lumières
C’est De Gages qui nous éclaire,
pour nous rendre zélés, parfaits et vertueux

De Gages est couronné sous ce dais magnifique
dans cet éclat divin son esprit pacifique
va nous prodiguer ses leçons
Sous ses aimables lois que la tendresse inspire,
Un père, moins qu’un Maître, en ce temple on admire
Qui rend heureux tous les maçons

Frères, couronnons-lui la tête
le vrai maçon doit être franc ;
nous approchons de la Saint Jean
Souhaitons-lui la bonne fête
mais nous n’avons pas de Bouquets
ce n’est pas le temps des (saffrettes ?)
(1)
Les aubis (rubis ?)
(2) sont passés, nous n’avons point d’ambrettes (3)
nous sommes en défaut d’œillets.

Mais très illustre Respectable,
Pour suppléer aux fleurs
Daignez avoir pour agréable
Le petit présent de nos cœurs.

(1) Nous n'avons trouvé aucune fleur de ce nom. En ancien français, saffrette est un adjectif synonyme de remuante, frétillante : Toutes avaient sous vêture secrète / Un teint vermeil, une mine saffrette (Marot, Des Nonnes qui sortirent du Couvent pour s'aller récréer). Le temps des saffrettes serait-il une figure de style pour le printemps ?

(2) Nous n'avons trouvé le mot aubis dans aucun dictionnaire. Il faut peut-être lire rubis, qui est un nom de pierre et non de fleur : rubis serait-il dans ce cas une sorte de métaphore pour une fleur rouge ?

Merci d'avance à tout linguiste distingué qui pourrait éclairer ces deux points ...

(3) L'ambrette est, selon le Dictionnaire de L'Académie française, 4e Edition (1762), une Petite fleur d'une odeur agréable, & qui sent l'ambre

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