Eloge de la Bienfaisance

à la Fête de l'Ordre de Reims en 1825

 

Ces couplets constituent une des 5 chansons reproduites au feuillet souvenir de la Fête de l'Ordre de la Loge rémoise de La Sincérité, le 28 décembre 1825, feuillet reproduit à l'article de Pierre Guillaume paru dans les Chroniques d'histoire maçonnique et intitulé Huit chansons maçonniques (XIXe siècle) de la Loge "La Sincérité" à l'Orient de Reims.

La chanson, qui est un éloge de la bienfaisance et de sa discrétion, est due au Frère Mauvais-Coeffier, 2d Surveillant.

L'obligation de discrétion dans la bienfaisance est un thème fréquent dans le chansonnier maçonnique, comme on le voit par exemple ici, ici ou ici.

L'opéra de Weber, le Freischütz, créé en 1821, avait fait l'objet d'une (au demeurant fort peu scrupuleuse) adaptation française, créée à Paris en décembre 1824 sous le titre Robin des Bois ou les Trois Balles.

Le Choeur des Chasseurs est un air célèbre de cet opéra. Il avait certainement été mis à la mode par cette adaptation, puisque, seulement 12 mois plus tard, il allait être utilisé par notre auteur rémois ; ce devait même être un véritable tube, puisqu'il était suffisamment connu pour pouvoir être chanté en choeur.

Comme on peut le voir ci-dessous, Mauvais-Coeffier s'est inspiré de fort près du texte (dû à Castil-Blaze) de Robin des Bois  - texte d'ailleurs aussi peu conforme au texte allemand qu'à la peu fidèle traduction qui en est donnée ici avec la partition.

Texte dans Robin des Bois

Chasseur diligent,
Quelle ardeur te dévore ?
Tu pars dès l'aurore,
Le coeur content. 
L'effroi te devance
Ton coup est certain.
La douce espérance
Te suit en chemin.
O peine cruelle !
Il faut quitter ta belle ;
Mais le soir près d'elle
Te ramènera.
Tra la la la la la.

Texte chanté à Reims

Maçon diligent,
L'ardeur qui te dévore,
Te rend, dès l'aurore,
Le coeur content ;
L'espoir te devance,
Ton but est certain,
Et la bienfaisance
Te suit en chemin.
En ami sincère,
Pour aider un Frère,
Rien sur cette terre
Ne t'arrêtera.
Tra la la, la la, etc.

Selon diverses fiches du fichier Bossu, cet auteur, Mauvais-Coeffier (ou Coiffier), se prénommait Jean-Baptiste et était né à Reims en 1779 ; en 1804, étant employé au commerce, il avait été reçu à La Sincérité (fondée la même année). Maître dès 1806, il était élémosinaire et 3e expert en 1808. En 1825, devenu 30e et négociant, il était secrétaire, et 2d Surveillant en 1826. Mais en 1827 - que s'est-il bien passé ? - il était banqueroutier, en fuite et ... démissionnaire. L'Almanach du commerce de Paris l'avait désigné en 1811 comme Nég-commiss. se chargeant des recouvremens, achats, ventes, expéditions des produits de la manufacture de Reims et en 1820 comme facteur en marchandises.

 Couplets du Frère Mauvais-Coeffier,

2e Surveillant de la Respectable Loge de La Sincérité, Orient de Rheims ; chantés en choeur, le jour de la Fête de l'Ordre, 28 décembre 1825.

 Air du Choeur des Chasseurs, de Robin des Bois.

1.

Maçon diligent,
L'ardeur qui te dévore,
Te rend, dès l'aurore,
Le coeur content ;
L'espoir te devance,
Ton but est certain,
Et la bienfaisance
Te suit en chemin.
En ami sincère,
Pour aider un Frère,
Rien sur cette terre
Ne t'arrêtera.
Tra la la, la la, etc.

2.

Toujours le Maçon,
Vertueux et sensible,
Devient invisible
S'il fait un don ;
Il cherche l'infortune,
Toujours prévient ses voeux ;
Non, rien ne l'importune
Pour faire des heureux.
Pour aider un Frère,
Toujours il préfère
Silence et mystère
Au bruyant éclat.
Tra la la, la la, etc.

   

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