La Saint-Jean d'Hiver 1809 au Grand Orient

 

Ce document est imprimé sur un feuillet de 4 pages. Il illustre la partie musicale de l'édition 1809 de cette manifestation traditionnelle.

Le Winter dont la musique est ici parodiée est sans doute Peter von Winter (1754-1825), dont le catalogue est beaucoup trop vaste pour que l'on puisse déterminer quel peut avoir été l'air utilisé ici. A notre connaissance, il n'était pas maçon, même s'il a composé, sur des livrets de Schikaneder, des suites à la Flûte Enchantée, dont, en 1798, Das Labyrinth oder Der Kampf mit den Elementen sous-titré Der Zauberflöte zweyter Theil.

On remarque que les 24 premiers vers du duo résultent d'une sélection (dans un ordre différent) effectuée dans un hymne à l'amitié de 48 vers figurant au Recueil de Cantiques du Manuel des franches-maçonnes.

Le récit qui précède ce duo, et tous les textes qui viennent ensuite, relèvent de l'hommage servile aux autorités tant maçonniques (le Grand Orient représentant l'Ordre maçonnique, ami de l'unité, et auquel doit se rallier tout rite maçonnique : l'allusion est claire au REAA, dont les autorités continuaient à refuser toute allégeance au GO !) que (surtout !) impériales.

Le texte ci-dessous est recopié tel quel aux pp. 231-6 du volume 7 des Annales maçonniques.


                  

GRAND ORIENT DE FRANCE

 

FÊTE DE St-JEAN D’HIVER 5809,

 

PRÉSIDÉE PAR LE Très Sérénissime GRAND-MAITRE.

 

CONCERT.

 

Lorsque le Très Sérénissime Grand Maître entre dans le Temple, l’Orchestre exécute une marche.

 

INVOCATION.

 

Les deux Strophes suivantes sont parodiées sur de la Musique de Winter.

 

I.

 

Des vertus, comme des lumières,
Toi, bienfaisant dispensateur,
En ce jour un peuple de frères
T’implore, ô puissant Créateur !
Sans discuter sur ton essence,
Adorant ta divinité,
Leur union, leur bienfaisance,
Voilà leurs droits à ta bonté.

 

II.

 

Joignant au précepte l’exemple,
Tout Franc-Maçon reconnaissant,
Sous l'azur des cieux voit le temple
De l’Architecte tout-puissant,
Et, le front courbé vers la terre, 
Il implore son Créateur.
Dans l'homme il reconnaît un frère,
Et son culte est celui du coeur.

 

RECIT.

 

Nous chez qui l’ordre règne, et qu'un sage préside,
Nous qu’un vrai zèle épure et guide,
Concourons tous, par notre loyauté,
Par notre amour pour l’équité,
Au sublime oeuvre du génie.
Que nos travaux, sous l’oeil de la Divinité,
Aient pour centre le chef de la grande patrie,
Et qu'à l’Ordre, principe, ami de l’unité,
Tout rite maçonnique à jamais se rallie ;
Nous chérirons les nœuds de la fraternité.

 

DUO.

 

O toi ! sainte Amitié sublime accord des âmes,
Source du vrai bonheur,
Embrase de tes flâmes
Notre sensible coeur.
C’est par toi que l'on goûte
La pure volupté ;
Le temps sans cesse ajoute
Un lustre à ta beauté.
Deviens ici le gage 
D’une tendre union ;
Ecarte tout nuage
De ce pur horizon.
De la cruelle envie,
Tu confonds les noirceurs ;
Sur l’hiver de la vie
Tu sais semer des fleurs.
De l’amoureuse flâme
Tu n'as pas les attraits ;
Mais aussi dans notre âme
Tu préviens les regrets. 
Tout devient jouissance
Dans tes aimables noeuds ;
Par ta seule présence
Tu sais nous rendre heureux.

Le plaisir que ce jour fait naître
Met tous les cœurs à l’unisson
Pour fêter notre auguste maître,
Quel Français ne serait Maçon !
Une aimable philosophie,
Compagne de la paix du coeur,
Dans l'utile emploi de la vie
Lui fait trouver le vrai bonheur.
Des grandeurs il quitte le faîte,
Il s’honore de l’amitié,
Et pour en célébrer la fête,
Avec nous il est de moitié.
Oh ! comment d'une sainte ivresse
Modérer les heureux transports,
Quand les vertus et la sagesse
Daignent sourire à nos accords !

 

RECIT.

 

Oh ! vous, dignes Maçons ! vous qui n'aimez la vie
Que pour la rendre utile aux hommes, à l'état,
Vous qui faites le bien sans faste, sans éclat,
Vivez pour l'Amitié, le Prince et la Patrie.

 

AIR.

 

Notre héros, ce grand guerrier,
Sait unir l'olive au laurier ;
Il rend le bonheur à la terre,
L'heureuse paix est due à ses vertus.
Rendons un juste hommage au grand homme de guerre,
Au pacificateur un hommage de plus. 
Fille du ciel, viens sur la terre,
Viens parmi nous, ô douce Paix !
On n'entend plus gronder les foudres de la guerre ;
Rentrez dans vos foyers, rentrez, guerriers français.
Vous recevrez la fleur nouvelle
Des mains de vos heureux enfants.
Qu'il sera doux, pour prix de votre zèle,
D’exercer vos bras triomphants
Sur les épis qui doreront vos champs !
Et toi, Napoléon, dans ta cité chérie,
Jouis du prix de tes succès.
De ton héros, ô ma Patrie !
Chante la gloire et les bienfaits.

 

CHŒUR.

 

Beaux arts consolateurs, accourez à sa voix,
Elevez jusqu'aux cieux sa gloire et sa puissance ;
Embellissez, chantez la France
Et ses héros et leurs exp1oits.

 

FIN.

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