Couplets à nos Frères de la garde impériale

Ces Couplets à nos Frères de la garde impériale de retour à Paris figurent aux pp. 30-31 du fascicule de Delorme Les faux-maçons, satire, suivie de poésies et chansons maçonniques.

Ils sont évidemment postérieurs à la bataille de Friedland (citée dans le texte) qui le 14 juin 1807 avait entraîné les traités de Tilsit des 7 et 9 juillet et, avec l'espoir d'une paix durable, permis le retour de l'empereur - avec sa garde - à Paris. 

La loge de la Parfaite Réunion pouvait alors se réjouir de revoir sur ses colonnes ceux de ses membres qui revenaient de cette campagne. La chanson est consacrée tout entière à cette joie, sans la moindre mention de, ou même allusion à, Napoléon lui-même, ce qui est fort peu conforme aux usages de l'époque.
 

D'après son Tableau de 1805, la loge de la Parfaite Réunion comprend de nombreux militaires (dont 4 généraux, 2 colonels, 1 major, 6 capitaines).

Deux d'entre eux seulement - qui font tous deux partie des Officiers Dignitaires à ce moment - sont des officiers de la garde impériale

Ils se trouvent donc à Paris au moment de la confection de ce tableau 1805, puisque la garde possédait le privilège de cantonner à Paris en temps de paix, et que c'est seulement à la fin août 1805 que la Grande Armée s'ébranlera vers l'Allemagne après que Napoléon ait dû abandonner ses projets d'invasion de l'Angleterre.

Ces deux officiers sont :

  • le second Surveillant Jean Baptiste-Isidore Martin, capitaine de chasseurs à cheval de la garde impériale, membre de la légion d'honneur, né à St-Diziers (Haute-Marne), âgé de 33 ans. (ci-contre, portrait par Alexandre Benoît Jean Dufay Casanova, 1770-1844)

  • le premier Maître de Cérémonies Pierre Lahubardière, capitaine des grenadiers à cheval de la garde impériale, membre de la légion d'honneur, né à Bernay (Eure), âgé de 32 ans (ci-contre)

 

 

Notons une curiosité à ce tableau de 1805 : il comprend aussi (p. 17) le Frère Chiftichi, aumônier des Mamelucks, Rose-Croix. Mais lui est affilié libre et se trouve au corps (c'est-à-dire avec son régiment). Les mamelouks étaient adjoints au régiment des chasseurs à cheval de la Garde impériale, mais casernés, non à Paris comme eux, mais à Melun. Il s'agit de Y[o]uhanna Chiftichi, ministre du culte copte, collaborateur de Champollion et prêtre-soldat. Et en fait il habitait Paris.

On voit que Laforêt, qui était membre de nombreuses Loges dont celle-ci, s'était fendu d'une partition pour la circonstance, mais nous n'avons trouvé aucune indication donnant à penser qu'elle ait pu être conservée.

 COUPLETS,

 

A NOS FRÈRES DE LA GARDE IMPÉRIALE,
DE RETOUR A PARIS.

 

Musique du Frère Laforêt.

 

Que tes exploits sont heureux et brillants,
Garde fidèle, à vaincre accoutumée !
Viens recevoir les honneurs éclatants
Que le grand peuple offre à la Grande-Armée.

 Le Français, joyeux et vaillant,
Aima, chanta toujours la gloire ;
Mais le vit-on, comme à présent,
Toujours maître de la victoire ?

Que tes exploits, etc.

 

Vainqueurs d'Austerlitz, de Friedland,
Soyez fiers de vos destinées :
Vos noms, je le prédis gaîment,
Vivront encor dans mille années.

Que tes exploits, etc.

  

Redoutables dans les combats,
Aimables quand finit la guerre,
Vous possédez, braves soldats,
L’art de vaincre et celui de plaire.

Que tes exploits, etc.

 

Tandis que le bruit du canon
Aux dangers appelait nos frères,
La parfaite réunion
Faisait pour eux des voeux sincères.

Que ton retour soit fêté par nos chants,
Garde fidèle, à vaincre accoutumée !
Reçois aussi les honneurs éclatants 
Que le grand peuple offre à la Grande-Armée.

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