Couplets de Piis pour l'inauguration au Centre des Amis en 1797

 Cliquez ici (midi) ou ici (MP3) pour entendre l'air donné par la Clé du Caveau

Ces couplets dûs à de Piis constituent la deuxième des 3 chansons que reproduit (pp. 23-4) le Tracé de l'Installation de la Loge du Centre des Amis dans son nouveau local rue du Vieux-Colombier à la ci-devant maison des dames de la Miséricorde (cette dénomination est rappelée à l'avant-dernier couplet) le 10 mars 1797 en mentionnant qu'elles ont été entendues au banquet qui suivit cette cérémonie.

L'évocation du nom de la Loge est évidemment un encouragement à mettre en évidence l'amitié (au XVIIIe, on parle plus souvent d'amitié que de fraternité) qui doit régner entre les maçons, et dont le modèle fréquemment évoqué par le chansonnier maçonnique est (cfr couplet 3) celui d'Oreste et Pylade.

Le 4e couplet évoque sans doute les heures sombres de la Révolution, après lesquelles la maçonnerie put commencer à sortir d'une quasi-clandestinité et, comme on le voit ici, avoir à nouveau pignon sur rue.

Le dernier couplet se réfère à l'idéal de paix universelle entre les nations.

La citation, en note de bas de page, du livre des Psaumes, Posuit tabernaculum suum in sola, justifie l'invocation, dans les premiers vers, au Soleil, tabernacle du Dieu même. Mais elle n'est pas rigoureusement exacte : le texte d'origine est In sole posuit tabernaculum suum (Dans le soleil il a planté sa tente : le seul sens de tabernaculum en latin classique est en effet celui de tente, le mot n'ayant pris le sens actuel de tabernacle que bien plus tard, dans le latin d'église). 

Voir ici sur l'air Aussitôt que la lumière.

         

AUTRES.

Air : Aussitôt que la lumière

 

Tabernacle du Dieu même (*)
Qui construisit l’Univers ;
O Soleil, astre suprême,
Entends nos joyeux concerts !
Si ce nouveau sanctuaire
Est pour toi de quelque prix,
Laisse arriver la lumière
Jusqu'au Centre des Amis.

 

Partout où seront nos Frères,
Nous jurons de les chérir
C'est par des liens sincères
Que nous voulons nous unir :
Notre temple doit sans doute
Durer des temps infinis,
Puisqu’il a sa clef et voûte
Dans le Centre des Amis.

 

Et d'Oreste et de Pylade,
Désormais imitateurs,
Nous avons de grade en grade
Et leur courage et leurs mœurs :
Que jamais aucun fiel n’entre
Dans nos cœurs bien assortis,
Peut-on être dans son centre
Mieux qu'au Centre des Amis.

 

Des méchants au regard sombre,
Par un encens empesté,
Avaient outragé dans l’ombre
La céleste égalité :
Mais elle brille à sa place,
Et ses bienfaits mieux sentis
Ne vont plus jaillir en masse
Que du Centre des Amis.

 

Si de la Miséricorde
Ce fut ici la maison,
Son nom moderne s’accorde
Avec son antique nom.
Pour trouver la bienfaisance
Sans orgueil et sans mépris,
Où doit aller l’indigence ?
C'est au Centre des Amis.

 

Quoique Mars lui-même admire
Les conquêtes des Français
La Nature entière aspire
Après le baiser de paix.
O ! vous tous, peuples du monde,
En francs voisins réunis,
Puissiez-vous tendre à la ronde
Vers le Centre des Amis.

                     D. P.

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(*) Posuit tabernaculum suum in sola. Lib. Psalm. LVI.

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