Chant du Député Grand Maître 

 Cliquez ici pour entendre le fichier midi de cette partition, séquencé par Christophe D. 

Par rapport à la première (en 1723), l'édition de 1738 des Constitutions d'Anderson contient une série de 7 chansons supplémentaires, dont celle-ci, le Chant du Député Grand Maître, est la première.

L'image correspond à l'édition 1746 des Constitutions.

I. The Deputy Grand-Master’s Song.

N. B. Every two last Lines of each Verse is the Chorus.

I.

On, on, my dear Brethren, pursue your great Lecture,
And refine on the Rules of old Architecture :
High Honour to Masons the Craft daily brings,
To those Brothers of Princes and Fellows of Kings.

II.

We drove the rude Vandals and Goths off the Stage,
Reviving the Arts of Augustus' fam’d Age.
And Vespasian destroy’d the vast Temple in vain,
Since so many now rise in CAERNARVON’s mild Reign.

III.

The noble five Orders compos’d with such Art,
Will amaze the fixt Eye, and engage the whole Heart :
Proportion’s sweet Harmony gracing the Whole,
Gives our Work, like the glorious Creation, a Soul.

IV.

Then Master and Brethren, preserve your great Name,
This Lodge so majestick will purchase you Fame;
Rever’d it shall stand till all Nature expire,
And its Glories ne’re fade till the World is on Fire.

V.

See, see, behold here, what rewards all our Toil,
Inspires our Genius, and bids Labour smile:
To our noble Grand Master let a Bumper be crown’d,
To all Masons a Bumper, so let it go round.

VI.

Again, my lov’d Brethren, again let it pass,
Our ancient firm Union cements with the Glass;
And all the Contentions ‘rnongst Masons shall be,
Who better can work, or who better agree.

Ci-dessous le même texte en regard de sa traduction française, pour laquelle nous nous sommes inspirés de l'ouvrage de Georges LAMOINE, Les Constitutions d'Anderson. Traductions sur les textes de 1723 et 1738 (Editions SNES, Toulouse, 1995).

V. The Deputy Grand-Master’s Song.

N. B. Every two last Lines of each Verse is the Chorus.

I.

On, on, my dear Brethren, pursue your great Lecture,
And refine on the Rules of old Architecture :
High Honour to Masons the Craft daily brings,
To those Brothers of Princes and Fellows of Kings.

II.

We drove the rude Vandals and Goths off the Stage,
Reviving the Arts of Augustus' fam’d Age.
And Vespasian destroy’d the vast Temple in vain,
Since so many now rise in CAERNARVON’s mild Reign.

III.

The noble five Orders compos’d with such Art,
Will amaze the fixt Eye, and engage the whole Heart :
Proportion’s sweet Harmony gracing the Whole,
Gives our Work, like the glorious Creation, a Soul.

IV.

Then Master and Brethren, preserve your great Name,
This Lodge so majestick will purchase you Fame;
Rever’d it shall stand till all Nature expire,
And its Glories ne’re fade till the World is on Fire.

V.

See, see, behold here, what rewards all our Toil,
Inspires our Genius, and bids Labour smile:
To our noble Grand Master let a Bumper be crown’d,
To all Masons a Bumper, so let it go round.

VI.

Again, my lov’d Brethren, again let it pass,
Our ancient firm Union cements with the Glass;
And all the Contentions ‘rnongst Masons shall be,
Who better can work, or who better agree.

V. Chant du Député grand maître. 

N. B. Les deux derniers vers de chaque strophe sont le chœur. 

I

Allons, chers frères, poursuivez votre importante lecture 
Et affinez les règles de l'ancienne architecture : 
Ce sont de grands honneurs que l'Art apporte chaque jour aux maçons,
A ces frères de princes et compagnons de rois.

II

Nous avons chassé de la scène les frustes Vandales et Goths, 
Faisant revivre l'Art de l'époque célèbre d'Auguste :
Et Vespasien détruisit en vain le grand Temple 
Puisque maintenant il s'en élève de si nombreux, sous le doux règne de CARNARVON

III

Les nobles cinq ordres composés avec tant d'art 
Stupéfieront l'œil fixé et séduiront le cœur : 
La douce harmonie des proportions ornant le tout, 
Donne à notre travail, comme à la glorieuse création, une âme. 

IV

Alors Maître et Frères, préservez votre grand nom 
Cette loge si majestueuse vous vaudra la renommée; 
Révérée, elle tiendra jusqu'à la mort de toute la nature, 
Sa gloire ne s'éteindra pas avant que le monde soit en feu. 

Voyez, voyez, admirez ce qui récompense encore tous nos travaux, 
Inspire notre génie et ordonne au labeur de sourire : 
A notre noble grand maître, qu'une rasade soit remplie, 
A tous les maçons une rasade, qu'elle circule.

VI

Encore, mes bien aimés frères, qu'elle circule, 
Notre ancienne et ferme union se cimente en buvant 
Et la seule querelle entre maçons sera pour savoir 
Qui travaillera le mieux ou qui s'entendra le mieux. 

Henry Bridges, marquis de Caernarvon (orthographié Carnarvan dans d'autres éditions), avait été en 1738 élu Grand Maître pour un an. Il le fut à nouveau de 1754 à 1757, ce qui explique que le couplet 2 reste inchangé à l'édition de 1756.

Conservatisme anglais aidant, il le restera à l'édition 1767, mais à l'édition 1784 le vers concerné (dernier du couplet 2) devient Since so many now rise, where our principles reign (Puisque maintenant il s'en élève de si nombreux, là où règnent nos principes). Dans le recueil The Complete Free Mason: Or Multa Paucis for Lovers of Secrets datant de 1763 ou 1764 (p. 138), on lit plutôt Since so many now rise in Earl Ferrer's mild Reign (le comte Ferrers fut Grand Maître de 1762 à 1764).

Aucune de ces éditions ne donne de partition, mais nous en avons trouvé une dans le Masonick Minstrel de 1816 (pp. 195-6), reproduite ci-dessous.

Cette partition coïncide avec celle donnée par Smollet HOLDEN dans son recueil de 1795, A Selection of Masonic Songs (n° 4, pp. 8-9) .

On voit qu'ici le dernier vers du couplet 2 est devenu Since so many now rise in this glorious domain (Puisque maintenant il s'en élève de si nombreux dans ce glorieux domaine).

Dans les éditions de 1738 et 1746 (mais plus dans les suivantes ; par contre on le trouve encore vers 1764 dans le recueil précité The Complete Free Mason), est ajouté - avec un chorus et des santés spécifiques - un couplet par le Frère Gofton à l'époque où le PRINCE fut initié, et tandis que la PRINCESSE était enceinte. 

Additional Stanza by Brother Gofton, at the Time when the Prince was made a Mason, and while the Princess was pregnant.

7

Again let it pass to the Royal lov'd Name,
Whose glorious Admission has crown'd all our Fame:
May a Lewis be born, whom the World shall admire,
Serene as his Mother, August as his Sire.

Chorus

Now a Lewis is born, whom the World shall admire,
Serene as his Mother, August as his Sire.

To our Brother Frederick, his Royal Highness the Prince of Wales.
To our Brother Francis, his Royal Highness the Grand Duke of Tuscany.
To the Lewis

Strophe supplémentaire par le Frère Gofton à l'époque où le PRINCE fut fait maçon, et tandis que la PRINCESSE était enceinte. 

Qu'elle passe encore au nom royal bien aimé, 
De celui dont l'initiation glorieuse a couronné notre renommée :
Qu'un LOUIS puisse naître, que le monde admirera, 
Serein comme sa Mère, Auguste comme son Père. 

Chœur. 

Un LOUIS est maintenant né, que le monde admirera, 
Serein comme sa Mère, Auguste comme son Père

A notre Frère FREDERIC, son Altesse Royale le Prince de Galles. 
A notre Frère FRANCOIS, son Altesse Royale le Grand Duc de Toscane. 
Aux Louis 

Ce couplet fait allusion à deux événements :

Lewis est à la fois :

  • un accessoire de levage des pierres, appelé louve en français : voir le schéma explicatif ci-contre et les deux images ci-dessous : à gauche, photo d'un modèle réduit, prise par Marc Meurrens au Masonic Hall de Nottingham ; au centre, gravure d'origine allemande
  • le prénom Louis 
  • un mot anglais pour lowton qui veut dire louveteau ou fils de maçon.

Dans la maçonnerie anglo-saxonne, on trouve (exemple ci-dessous à droite) un Lewis jewel porté par les maçons dont le père est également maçon (leurs noms sont gravés sur les deux plaques, et la partie inférieure représente l'accessoire ci-contre).

La santé qui suit le couplet est dédiée, non seulement audit Frédéric, mais aussi à un autre prince également maçon, François, qui vient de devenir duc de Toscane, avant de devenir François Ier. La participation de Désagulliers à la réception de ces deux très hautes personnalités mérite d'être soulignée.

C'est une version différente qui se retrouvera plus tard dans Ahiman Rezon.

La principale différence est l'ajout d'un nouveau couplet entre le 2e et le 3e :

Of Wren and of Angelo mark the great Names,
Immortal they live as the Tiber and Thames;
To Heav’n and themselves they’ve such Monuments rais’d,
Recorded like Saints and like Saints they are prais’d.
Retenez les grands noms de Wren et de Michel-Ange, 
Qui vivent immortels comme le Tibre et la Tamise ; 
Au Ciel et à eux-mêmes ils ont élevé de tels monuments 
Préservés et loués comme des saints. 

Mais ici le dernier vers du couplet 2 prend une forme plus permanente que celles faisant référence au Grand Maître du moment : Since so many now rise in Great George’s mild Reign (Puisque maintenant il s'en élève de si nombreux, sous le doux règne de Georges le Grand). Pour la petite histoire, on notera que plus général encore est le libellé donné (p. 293) par un recueil écossais : Since so many now rise in ------------------’s mild Reign.

Ci-dessous la comparaison de ce texte modifié (à droite) avec le texte d'origine (à gauche) :

V. The Deputy Grand-Master’s Song.

N. B. Every two last Lines of each Verse is the Chorus.

I.

On, on, my dear Brethren, pursue your great Lecture,
And refine on the Rules of old Architecture :
High Honour to Masons the Craft daily brings,
To those Brothers of Princes and Fellows of Kings.

II.

We drove the rude Vandals and Goths off the Stage,
Reviving the Arts of Augustus' fam’d Age.
And Vespasian destroy’d the vast Temple in vain,
Since so many now rise in CARNARVON’s mild Reign.

III.

The noble five Orders compos’d with such Art,
Will amaze the fixt Eye, and engage the whole Heart :
Proportion’s sweet Harmony gracing the Whole,
Gives our Work, like the glorious Creation, a Soul.

IV.

Then Master and Brethren, preserve your great Name,
This Lodge so majestick will purchase you Fame;
Rever’d it shall stand till all Nature expire,
And its Glories ne’re fade till the World is on Fire.

V.

See, see, behold here, what rewards all our Toil,
Inspires our Genius, and bids Labour smile:
To our noble Grand Master let a Bumper be crown’d,
To all Masons a Bumper, so let it go round.

VI.

Again, my lov’d Brethren, again let it pass,
Our ancient firm Union cements with the Glass;
And all the Contentions ‘rnongst Masons shall be,
Who better can work, or who better agree.

V. The Deputy Grand-Master’s Song.

N. B. The two last Lines of each Verse is the Chorus.

I.

On on my dear Brethren, pursue your great Lecture,
And refine on the Rules of old Architecture;
High Honour to Masons the Craft daily brings,
To those Brothers of Princes and Fellows of Kings.

II.

We’ve drove the rude Vandals and Goths off the Stage.
Reviving the Arts of Augustus fam’d Age.
Vespasian destroy’d the vast Temple in vain,
Since so many now rise in Great George’s mild Reign.

III.

Of Wren and of Angelo mark the great Names,
Immortal they live as the Tiber and Thames;
To Heav’n and themselves they’ve such Monuments rais’d,
Recorded like Saints and like Saints they are prais’d.

IV.

The five noble Orders compos’d with such Art,
Will amaze the fix’d Eye and engage the whole Heart;
Proportion’s dumb Harmony gracing the whole,
Gives our Work, like the glorious Creation, a Soul.

V.

Then Master and Brethren preserve your great Name,
This Lodge so majestic will purchase you Fame
Rever’d it shall stand till all Nature expire.
And its Glories ne’er fade till the World is on Fire.

VI.

See, see, behold here what rewards all our Toil.
Enlivens our Genius and bids Labour smile;
To our noble Grand-Master let a Bumper be crown’d
To all Masons a Bumper. so let it go round.

VII.

Again my lov’d Brethren, again let it pass,
Our ancient firm Union cements with the Glass;
And all the Contentions ‘rnongst Masons shall be,
Who better can work or best who can agree.

To the Right Worshipful the Grand-Master.

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