Hymne à la Paix (américaine)

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Cette chanson est la seule de tout le recueil d'Honoré (où on la trouve aux pp. 48-50) dont celui-ci imprime (aux pp. 81-2) la partition, ce qui nous donne à penser que cette mélodie (dont l'auteur n'est cependant pas désigné) a été composée spécialement pour cette circonstance. 

La Paix qui est ici souhaitée est visiblement la fin de la guerre d'indépendance des Etats-Unis et du conflit franco-anglais subséquent, que laissait espérer l'évolution favorable du conflit en 1781 : la victoire de Yorktown en octobre (dans laquelle La Fayette joue un rôle important) allait confirmer cette évolution et entraîner (chute du ministère North) la résignation anglaise, aboutissant en 1783 aux Traités de Paris et de Versailles.

Les fiers léopards évoqués au 4e couplet sont évidemment ceux du blason de l'Angleterre.

                     

H Y M N E

A   L A   P A I X.

(L'air est noté à la fin du Recueil.) 

 

Frères loin des forfaits
D'une guerre barbare,
Terminons nos banquets
Par une Hymne à la Paix :
Qu'au gré de nos souhaits,
Son règne se déclare ! 
Oh ! paix, tous à la fois,
Par trois fois trois,
Par trois fois trois,
Nous élevons nos voix ; 
Par trois fois trois,
Nous élevons nos voix.

Si le monde à nos yeux
Est un peuple de frères,
Qui pour le voir heureux
Doit former plus de voeux ? 
Viens éteindre les feux
Des armes meurtrières :
Oh ! Paix, &c. 

Du midi, jusqu'au nord,
J'entends le bruit des armes ;
Un belliqueux transport
Porte en tous lieux la mort ;
Viens mettre tout d'accord ;
Dissipe nos alarmes :
Oh ! paix, &c.

Que des fiers léopards,
La farouche lignée,
Restreinte en ses remparts,
Ploye ses étendards ! 
Sauve de leurs poignards,
L'Amérique éloignée ;
Oh ! paix, &c.

Crains de cruels revers,
Vois ta perte prochaine,
Fière Albion, les mers
Sont à tout l'univers ;
Tes desseins découverts,
Ta résistance est vaine : 
Oh ! paix, &c.

Tes projets inouïs,
Ont révolté la terre ; 
Sous tes yeux éblouis, '' |
Ils sont évanouis :
Laisse faire à Louis 
Tout le bien qu'il veut faire :
Oh ! paix, tous à la fois,
Par trois fois trois,
Par trois fois trois,
Nous élevons nos voix ;
Par trois fois trois,
Nous élevons nos voix.

Par le T. C. F... le Boux de la Bapaumerie.

 

L'abréviation (on sait qu'Honoré est un maniaque des abréviations) Par trs... fs... trs... doit évidemment se lire : Par trois fois trois 

L'auteur du texte (et également, dans le même recueil, du Cantique des Santés et de ceux des pp. 43 et 45) est le Très Cher Frère Le Boux de la Bapaumerie, Lieutenant-Général du Bailliage de Montreau-Faut-Yonne, Vénérable de la Respectable Loge de l'Unanimité, à cet Orient.

Le Boux de la Bapaumerie se piquait de littérature, puisqu'il publia à Paris en 1783 Aulnayes de Voux, Idylles françaises.

Montereau-Faut-Yonne (ou Montereau) est, à mi-chemin entre Melun et Sens, un chef-lieu de canton de Seine-et-Marne, au confluent de la Seine et de l'Yonne, ce qui explique sans doute son importance stratégique (justifiant la présence d'un Lieutenant-Général) et son caractère fortifié, déjà visible sur la gravure ci-contre datant de 1638.

La Loge de l'Unanimité de Montereau fut fondée en 1769 sous le nom de Saint-Bernard et constituée en 1772 par la Grande Loge ; elle passa ensuite au Grand Orient et changea en 1777 son titre distinctif en l'Unanimité (en 1781, la Grande Loge créait une nouvelle Loge, dénommée Saint-Bernard de la Constance : il y avait donc manifestement ici une certaine rivalité entre les deux Obédiences). Bord écrit qu'après la Révolution l'Unanimité ne reprit jamais ses travaux : c'est inexact, puisque nous connaissons en 1848 un cantique adressé à cette Loge.

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