Cantique à Minerve

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La seule édition que nous connaissions de ce Cantique est dans le volume 2 (1801-1802) du Miroir de la Vérité d'Abraham (pp. 238-40, reproduites ci-dessous).

Il fut chanté par le Frère Rizaucourt à l'occasion de l'Installation de la Respectable Loge des Elèves de Minerve, le 9 avril 1802.

C'est l'occasion, dans le style maçonnico-mythologique fort en vogue à l'époque, de faire l'éloge de Minerve, déesse de la Sagesse et patronne de l'Atelier, et de vanter sa supériorité (non pas sur le seul critère de la beauté, mais selon les critères maçonniques réunis de sagesse, force et beauté) sur Vénus (Cypris), nonobstant le jugement de Pâris (déclenché, comme le rappelle le 3e couplet, par le jet d'une pomme par Eris, déesse de la Discorde, lors des noces de Thétis et Pélée).

Le deuxième couplet fait allusion à l'assistance donnée par Minerve à Télémaque, fils d'Ulysse.

On remarquera aussi l'allusion, dans l'avant-dernier couplet, à la voûte étoilée.

Le Tracé précise que ce Cantique, d'une touche légère, d'une expression vive, délicate et très-poétique, a reçu de tout l'Atelier les plus vifs applaudissemens.

Voir ici sur l'air mentionné Après de pénibles combats.

 

Minerve montrant le chemin [escarpé !] de la vertu à Télémaque (image Gallica)

      

     

 

 C A N T I Q U E

 

Pour l'Installation  de la Respectable Loge des Elèves-de-Minerve.

 

Air : Après de pénibles combats.

 

Enfin le jour est arrivé ;
Heureux enfans de la sagesse,
Livrez-vous tous à l'a[l]légresse,
Votre édifice est achevé.
En cet instant, Minerve vous contemple,
Elevez-lui vos coeurs reconnaissants.
Frères, célébrez dans vos chants
La Déesse de votre temple.

 

Déïté que nous adorons,
Toi qui guidas le fils d'Ulysse,
Ainsi qu'à lui, sois-nous propice,
Dicte-nous toujours tes leçons ;
A nos côtés daigne marcher sans cesse ;
Viens établir ton séjour en ces lieux ... ;
Daigne pour nous quitter les cieux,
Viens te rendre à notre tendresse.

 

Minerve ! l'on sait que jadis
Souvent tu visitas la terre,
Et qu'un jour, pour te satisfaire,
Tu vins aux noces de Thétis ;
Descends encor de la voûte éternelle : ...
Dans ce banquet, où brillent tes appas,
La discorde ne viendra pas
Jetter de pomme à la plus belle.

 

Je voudrais appronver Pâris,
Et cependant je le condamne,
Quand, par un jugement profane,
Il se déclare pour Cypris.
Un Franc-maçon, avec plus de réserve,
Aurait su faire un choix mieux mérité.....
Que de maux il eût évité,
En donnant la pomme à Minerve !

 

Qu'on n'attaque point nos vertus,
Car de l'Amour suivant les traces
Nous chérissons avec les grâces
Le doux empire de Vénus.
Mais las ! chez nous, Minerve, bien plus chère,
Sait l'emporter en douce autorité,
En sagesse, en force, en beauté,
Sur la Déesse de Cithère.

 

O ! Minerve, si tes appas
Paraissent cachés sous tes armes,
Le Maçon aperçoit des charmes
Que le profane ne voit pas.
Si telle aussi que t'a dépeinte Homère,
Nous regardons seulement tes yeux bleux,
N'est-ce pas l'emblême des cieux
Qu'en eux le Maçon considère ?

 

Boussole de notre art divin,
Qui nous conduit dans la carrière ... 
Du vrai séjour de la lumière,
Enseigne aux mortels le chemin....
Vertu puissante, ... ô ! Sagesse sacrée,
Répands sur nous tes augustes bienfaits ;
En ces lieux, brillante d'attraits,
Tu seras toujours révérée.

 

Rizaucourt, Orateur.

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