Anschuez

Juriste de son métier, Joseph (Johann) Andreas Anschuez (ou Anschütz, 1772-1855) est un musicien amateur, pianiste, compositeur et grand animateur de la vie musicale à Coblence (où il fut un des fondateurs en 1808 du Musikinstitut, dont il resta l'intendant jusqu'en 1846).

Un document de 1901 (qui en donne une biographie p. 135) nous apprend (p. 12) qu'il fut membre, dès sa fondation, de la Loge de Coblence (à ce moment chef-lieu du département du Rhin-et-Moselle créé en 1797) L'Union désirée (on voit p. 19 qu'il figure en tant qu'Apprenti au Tableau de 1810). Au tableau de 1813, il figure (p. 24) en tant qu'Intendant de l'Harmonie. On ne le trouve cependant plus à la liste (p. 83) des fondateurs de la Loge Friedrich zur Vaterlandsliebe qui lui succéda après la chute de l'Empire.

Il n'est pas à confondre avec le compositeur Ernst Gebhard Salomon Anschütz (1780-1861), membre de la Loge Apollo de Leipzig. 

Vu l'époque, cette Loge appartenait au Grand Orient de France et était bien entendu francophone, ce qui explique sans doute que les titres de ses oeuvres maçonniques mentionnées plus bas soient en français.

Le Tome II de la monumentale tétralogie d'Yves Hivert-Messeca, l'Europe sous l'acacia, nous confirme (p. 75) cette appartenance.

Voici ce qu'en dit Fétis dans son T. 1 (p. 113) :

Anschütz (Joseph-André), procureur général à Coblence, est né dans cette ville le 19 mars 1772. Son père était administrateur des archives sous le gouvernement électoral de Trêves , et son aïeul avait été organiste et directeur de la chapelle du prince éiecteur. Doué d'une heureuse organisation pour la musique, Anschütz fit de rapides progrès dans l'étude de cet art, sous la direction de son grand-père. A l'âge de dix ans, il fit avec son père un voyage à Mayence, et eut l'honneur dé jouer du piano devant l'électeur, qu'il étonna par son habileté et par son aplomb dans la lecture de la musique à première vue. En 1788 son père l'envoya à Mayence pour y suivre les cours de droit à l'université. Il y resta jusqu'à la fin de 1790 ; mais à cette époque, le pays ayant été envahi par les armées françaises, Anschütz et son père suivirent le prince électeur à Augsbourg. Ils y restèrent jusqu'en 1797, et pendant cet exil Joseph-André acheva de développer ses facultés musicales. Ses premiers ouvrages furent publiés à Augsbourg, chez Gombart. De retour à Coblence, il y fut employé dans la magistrature ; mais en même temps il fit de grands efforts pour relever dans cette ville la situation de la musique, que les maux de la guerre avaient fait négliger. Il réunit ce qui restait des anciens membres de la chapelle, et en forma un institut dans lequel les jeunes gens des deux sexes reçurent une éducation musicale. Par ses sollicitations, Anschütz obtint que le gouvernement prît cette institution sous sa protection, et lui accordât des subsides. Un chœur nombreux et un orchestre furent formés ; et chaque année les progrès devinrent plus sensibles dans l'exécution des œuvres instrumentales et vocales. Anschütz a continué pendant longtemps d'être l'âme active de ses progrès.

Les compositions publiées de cet amateur zélé sont celles-ci : 

[suit une liste de 16 items, où nous avons relevé :

On connaît aussi de lui deux Tantum ergo, un Ecce panis, et des messes avec orchestre.

Le site Composers-classical-music lui attribue également l'item suivant, qui s'identifie probablement au deuxième ci-dessus :

Hymne maconnique, imitation d'un hymne Gaulois (Tenor, 2 basses, choir and strings), dont il est mentionné ici et ici (à propos d'une édition de 1812) que les paroles sont de T. Ponteuil. Le document précité mentionne (p. 12) un Pierre Ponteuil comme Maître des Cérémonies lors de l'installation de la Loge le 5 février 1810 et (p. 9) que cette cantate était exécutée à chaque Loge festive.

Selon cette page, l'incipit en était Silence, o mes Frères chéris.

Par ailleurs, nous avons trouvé à la p. 3 du journal Le Temps du 28 août 1910 un article (non signé) intitulé Un maréchal de France agent électoral et relatant ironiquement les pittoresques interventions en 1805 et 1811 du célèbre maréchal Lefebvre en tant que président des collèges électoraux des départements de Mont-Tonnerre, Rhin-et-Moselle, Roër et Sarre. Nous en extrayons les passages suivants :

Enfin, pour assurer le succès de ses opérations, il rendit visite à la loge maçonnique « l'Union désirée », dont il n'ignorait pas l'influence.

Cet atelier, à l'Orient de Coblentz, avait été fondé en 1808 par des fonctionnaires français.

...

En plus de « l'Union désirée », il existait à Coblentz un chapitre de rose-croix ; à Bonn, « les Frères courageux » ; à Kreuznach, « les Amis réunis » ; à Ebernach et à Neuendorf deux loges dont les noms sont perdus pour la postérité. Celle de Neuendorf était composée presque exclusivement d'employés des douanes.

Tous ces ateliers se firent représenter par des délégués à la tenue de gala organisée en l'honneur du duc de Dantzig.

« Le maréchal fut reçu en grande pompe, raconte un témoin oculaire. Il avait revêtu pour la circonstance les décors de chevalier rose-croix. On le fit passer sous la « voûte d'acier », puis le Frère Rivet, premier surveillant, à d'autres moments receveur principal des douanes, le complimenta. Le maréchal, dans sa réponse, ne retrouva point les accents éloquents qui nous avaient si profondément émus lors de la mort de Hoche ».

Après les formalités du début, on aborda les travaux de l'atelier ou plutôt on vit se succéder une foule d'orateurs célébrant sur tous les tons l'union désirée - une touchante allusion au second mariage de Napoléon - et traduisant l'impatience avec laquelle on attendait le fruit qui devait prochainement la couronner. Lorsque la série des discours fut épuisée, on chanta une cantate paroles du F. Ponteuil, musique du F. Anschuez, (2) appelant les bénédictions du grand-architecte de l'univers sur l'impératrice et sur l'enfant qu'elle allait mettre au monde. A peine l'émotion soulevée par cette « œuvre de génie » s'était-elle calmée, que le Frère Ponteuil se leva, demanda la parole et déclama une pièce de vers sur le même sujet. Empoigné par la beauté de cette poésie inédite, le vénérable (Doazan) opina « Le frère Anschuez, l'Orphée de nos jours, est prié de mettre en musique ce charmant poème. » Conformément au rite, le premier surveillant répéta cette invitation, mais, soit par l'effet d'une distraction, soit pour une autre chose, il commit ce lapsus : « Les Frères Anschuez et Orphée sont priés de mettre en musique ».

Suivant notre chroniqueur, le maréchal s'amusa beaucoup de cette méprise.

...

(2) Joseph-André Anschuez, né à Coblentz en 1772, mort en 1855, pianiste de talent, et compositeur célèbre. Il reste de lui un certain nombre de lieds et surtout deux Tantum ergo et un Ecce panis angelorum

Remerciements anticipés à qui pourrait nous mettre sur la piste de ces partitions !

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