Lemaire

Jean Baptiste Alfred LEMAIRE (1842-1907) entre au Conservatoire de Paris en 1855 et obtient en 1863 des diplômes de flûte et de composition.

Vers 1867 il devient chef de musique adjoint de la Garde impériale de Napoléon III. Lorsque le roi d'Iran Nasser-al-Din visita Paris, il admira la musique militaire française, et ses orchestres qui l'avaient accueilli. Il demanda donc à son ambassadeur en France, Amir-Nezâm Garoussi (1820-1900), d’engager un musicien militaire français pour réorganiser et réformer les groupes de musique de l’armée iranienne et de la cour. L’ambassadeur d’Iran transmit le message du shah au gouvernement français. Le maréchal Adolphe Niel (1802-1869), alors ministre de la Défense, présenta à ce poste Lemaire, qui se rendit en Iran en 1868. Son travail y fut tellement apprécié qu'il devint général, directeur général des musiques de l'armée et fondateur du Conservatoire de Téhéran.

En tant que compositeur, il écrivit des marches militaires et adapta les pièces traditionnelles iraniennes aux principes de la musique classique occidentale.

En 1873, le Shah lui commanda une marche pour les cérémonies officielles de sa cour, mais aussi pour être jouée lors des cérémonies d’accueil officielles dans les capitales européennes. Lemaire composa une marche intitulée Salut royal (Salâm-e Shâh), qui fut longtemps considérée de facto comme le premier hymne national d’Iran, sans l'être de manière officielle. La partition reprit vie après la révolution islamique, quand elle fut complétée, en 2005, par des paroles, sous le titre Le jeune Iran (Irân-e djavân).

Lemaire joua aussi un rôle important dans les affaires économiques et politiques de son pays d'adoption, notamment en tant que responsable du pavillon persan à l'exposition universelle de 1889 à Paris.

Le mémorial de la Loge de la Clémente Amitié - Loge qui a une longue tradition d'amitié avec l'Iran - nous apprend (p. 425) que, initié dans cette Loge le 28 février 1902, Lemaire y devint Compagnon et Maître le 12 septembre de la même année ; cette hâte s'explique sans doute par le fait que, installé à Téhéran, il ne devait être à Paris qu'occasionnellement. Il ne dut donc participer qu'à peu de Tenues à Paris, ce qui n'empêcha pas que, en novembre 1906, trois mois avant sa mort, il devienne à Téhéran le premier Vénérable de la nouvelle Loge le Réveil de l’Iran, dont fut membre le poète Adib al-Mamâlek Farâhâni.

On lit dans l'article FREEMASONRY in the Qajar Period de l'Encyclopaedia Iranica :

In November 1906, a little more than a year after Hardinge’s recall from Tehran, the traditional primacy of the French Grand Orient among Persian masons was reaffirmed with the establishment in Tehran of the lodge Réveil de l’Iran (Lož-e bīdārī-e Īrānīān) the first regularly affiliated lodge to operate in Persia. This resulted from the initiative of a dozen French and Persian masons most of whom had already been initiated into the degree of master in the lodges of Paris (primarily the Clémente Amitié).

The first worshipful master was Jean-Baptiste Lemaire, music director of the Persian army, but most of the founding officers of the lodge were Persians. Even before official recognition was received from the headquarters of the Grand Orient in Paris, they began initiating a large number of prominent persons, many of whom were connected to the Constitutional movement: the scholar and politican Hasan Taqīzāda; the writer, journalist, and lexicographer Mīrzā ʿAlī-Akbar Khan Dehkodā; two members of the clerical class, Sādeq Mojtahed Sangalajī and Esmāʿīl Mojtahed Behbahānī; Nasr-Allāh Taqawī, chairman of the Majles; Jamāl-al-Dīn Esfahānī, the preacher and crypto-Azalī; the politician and scholar Moḥammad-ʿAlī Forūgī Dokāʾ-al-Molk; Qajar princes such as Masʿūd Mīrzā Zell-al-Soltān, Amān-Allāh Mīrzā, and Ebrāhīm Khan Zahīr-al-Dawla; and the poet Adīb-al-Mamālek Farāhānī. To the last is owed one of the few literary documents of Persian Freemasonry, a poem in 538 rhyming couplets entitled Āʾīn-e Frāmāšūn wa Farāmūš-kāna, notable for its ingenious attempt to appropriate for Freemasonry numerous themes of Islamic and Persian tradition (for example, the koranic expression, ahl al-bayt, meaning the family of the Prophet, is interpreted by A dīb-al-Mamālek to mean “the People of the Lodge”; Dīvān, p. 575, verse 18 of the poem).

On lira d'autres détails sur cette loge (voir particulièrement les pp. 134 ss.) dans le chapitre (par Mangol Bayat) Freemasonry and the Constitutional Revolution in Iran: 1905-1911 aux pp. 109-150 de l'ouvrage coordonné en 2008 par Andreas Önnerfors et Dorothe Sommer, Freemasonry and Fraternalism in the Middle East.

ci-contre : la version modernisée de l'hymne de Lemaire.

voir (et/ou entendre) également à ce propos :

partition, partition, fichier sonore, page wiki 

Retour à la table chronologique :

Retour à la table alphabétique :