Oh ! Mahomet, ...

Cliquez ici (midi) ou ici (mp3) pour entendre le fichier de la partition n° 1, celle de la Clé du Caveau (remerciements à Daniel Bourgeois, auteur du fichier Musescore utilisé)

Cliquez ici (midi) ou ici (mp3) pour entendre la partition n° 4 de cet air

Nous connaissons 4 partitions, les trois premières assez voisines, la quatrième très différente, pour cette chanson.

1. La première est donnée par la Clé du Caveau (3e édition) sous le n° 224, avec le titre alternatif Il faut aimer, c'est la loi de Cythère.

2. Dans l'Almanach des Muses pour 1768, figurent le texte (début ci-dessous à gauche) - il est de Rochon de Chabannes - et la partition (ci-dessous à droite).

On trouve le même texte (avec la même mention d'auteur) et la même partition aux pages 77 et 12 (n° 20) du Tome 3 des Chansons choisies avec les airs notés (Londres 1784).

3. Une partition encore antérieure figure sous le n° 5 aux pp. 39-40 du Procès des ariettes et des vaudevilles (1760), pour l'air Votre union sera votre avantage qui se chante également sur Il faut aimer c'est la loi de Cythère.

Christophe D. (qui a séquencé de nombreux fichiers sur d'autres pages de ce site) a comparé ces 3 partitions et il a bien voulu me communiquer ses commentaires ; les voici :

De toute évidence, il s'agit du même thème.
Chaque version possède ses particularités, qui la distingue de l'autre.

Tonalité : elles sont en ré Majeur sauf le n° 1 (en Do Majeur).
La partition n° 2 comporte des mélismes supplémentaires (la partie de la mélodie qui est en croches).
A la 12è mesure de la partition n° 1, la note La est redoublée alors que dans les 2 autres versions la mélodie chute d'une quinte (si-mi).
Dans la partition n° 3, à la 5è mesure, la mélodie passe à l'octave supérieure. (La carrure de 8 mesures pour chaque partie est respectée. Les mesures 3 et 4 sont différentes).
Les 2 dernières mesures (avant la reprise) des partitions 1 et 2 sont différentes. Elles n'existent pas à la partition 3.

Conclusions : 

  • Le thème est bien reconnaissable. 
  • Des différences mélodiques parfois. 
  • La partition 3 un peu plus courte. 
  • Deux tonalités, mais proches pour les voix.

4. La partition ci-dessous, totalement différente, fait partie d'une série figurant aux manuscrits de la famille Adams (Adams Family Papers), précieusement conservés à la bibliothèque de la Massachusetts Historical Society à Boston, qui a eu l'extrême obligeance de nous en communiquer copie et que nous remercions ici chaleureusement. 

Datant vraisemblablement de 1786, elle fait partie des papiers personnels de John Quincy Adams (1767-1848), fils de John Adams (1735-1826 ; de 1797 à 1801, il fut le deuxième président des Etats-Unis), et qui allait lui-même devenir le sixième (de 1825 à 1829). Il est à noter que le fils ne fut pas maçon, et fut même, sur base de la célèbre Affaire Morgan, un anti-maçon rabique, comme en témoigne sa correspondance sur le sujet.


John Quincy Adams jeune

Cet air connut manifestement une grande et longue popularité.

On en trouve par exemple les paroles (cependant différentes du texte ci-dessus) dans Historie van den heer Willem Leevend, un roman épistolaire (en néerlandais) en 8 volumes de Betje Wolff (1738-1804) et Aagje Deken (1741-1804), roman qui date de 1784-1785 et dont un des personnages y est signalé comme chantant souvent cet air.

ô Mahomet, ton Paradis des Femmes
Nous rend heureux, même après le trepas ;
Tu savois bien, pour subjuger nos ames,
Sans ce plaisir que tu n'y viendrois pas.

Que Mahomet est un grand personage,
D'avoir ainsi peuplé son Paradis !
Il savoit bien que l'homme le plus sage
Se voit toujours tenté par des Houris.

Comme en témoigne une chanson de ce site, cette popularité régnait encore à la fin du XVIIIe et au début du XIXe.

chanson(s) de ce site utilisant cet air : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8

 

Retour au sommaire des airs profanes :

Retour au sommaire du Chansonnier :