Air de Calpigi

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Nous avons pu retrouver l'air de Calpigi, utilisé par Bazot pour son Secret maçonnique, dans le recueil Musique des chansons de Béranger publié à Paris (chez Perrotin) en 1853 (6e édition). Béranger l'a en effet utilisé pour trois de ses chansons, La Sainte-Alliance barbaresque (n° 99, p. 64), Nabuchodonosor (n° 164, p. 122) et les Orangs-Outangs (n° 303, p. 251). Ci-dessous, la première de ces partitions (qui sont d'ailleurs identiques).

 

 

 

 

 

 gravure illustrant la chanson les Orangs-outangs 

 

L'air de Calpigi est l'air Je suis né natif de Ferrare de l'opéra Tarare. Calpigi y est le chef des eunuques, esclave européen, chanteur sorti des chapelles d'Italie, homme sensible et gai.
 

Le Tarare de Salieri

L'opéra Tarare (1787) est de Salieri, sur un livret de Beaumarchais.

Selon l'article les musiciens dans l’histoire de la Franc-maçonnerie paru en avril 1952 (n° 21) dans les Cahiers de la Grande Loge de France,Tarare est un opéra symbolique dont texte et musique devaient avoir une portée philosophique, ésotérique et morale, traitant du Bien, du Mal et des mystères de la Destinée. Mais l'article estime que Tarare est considéré par la postérité comme l'une des plus mauvaises pièces du père de "Figaro" et comme l'un des opéras les moins remarquables du musicien

Selon le même article, l'ouvrage remporta pourtant à l'époque un énorme succès de curiosité, que ses auteurs avaient préparé avec un art consommé de l'intrigue et de la publicité, mais qui se soutint jusqu'en 1826, soit près de quarante années, malgré une critique acharnée et féroce, à laquelle prêtaient le flanc un livret extraordinaire et ampoulé et une musique bizarrement conçue.

Ce succès est confirmé par le fait que de nombreuses chansons y ont été consacrées à l'époque, comme en témoigne le Chansonnier historique du XVIIIe siècle de Raunié (voir vol. X, pp. 257-70).

Tarare a cependant été ressuscité en 1988 au festival de Schwetzigen et publié en DVD

Voici le texte de cet air :

Je suis né natif de Ferrare;
Là, par les soins d'un père avare,
Mon chant s'étant fort embelli ;
Ahi ! povero Calpigi !
Je passai du Conservatoire
Premier chanteur à l'Oratoire
Du souverain di Napoli:
Ah ! bravo, caro Calpigi ! 
(Le choeur répète le dernier vers) 

La plus célèbre cantatrice,
De moi fit bientôt par caprice
Un simulacre de mari;
Ahi ! povero Calpigi !
Mes fureurs, ni mes jalousies,
N'arrêtant point ses fantaisies,
J'étais chez moi comme un zéro:
Ahi ! Calpigi povero !

Je résolus, pour m'en défaire,
De la vendre à certain corsaire,
Exprès passé de Tripoli;
Ah ! bravo, caro Calpigi!
Le jour venu, mon traître d'homme,
Au lieu de me compter la somme,
M'enchaîne au pied de leur châlit,
Ahi ! povero Calpigi!

Le forban en fit sa maîtresse;
De moi, l'argus de sa sagesse:
Et j'étais là tout comme ici:
Ahi ! povero Calpigi ! ...

Nous en avons emprunté le fichier midi (que vous entendez en boucle) à la page correspondante (où il illustre le texte d'une chanson de 1792, sur cet air, intitulée Le nouveau joujou patriotique) du site La Révolution française de Martine Lopez. 

Son succès durable et international, mentionné ci-dessus, est attesté par le fait qu'il a été également utilisé :

- en 1789, par une Chanson sur la Prise de Bruxelles composée dans le cadre de la Révolution Brabançonne

- en 1847, dans LES ÉPAVES, ouvrage d'un auteur Louisianais, Louis Allard, publié sur Internet par la Bibliothèque Tintamarre

- en 1855, par le célèbre occultiste (et maçon) Eliphas Lévi (1810-1875) - qui s'appelait encore à l'époque Alphonse-Louis Constant -, dans une chanson où il comparait Napoléon III à Caligula - ce qui lui valut la prison.

 

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