Les Fra-Maçonnes, scène I (début)

 

La scène I de la parodie intitulée Les Fra-maçonnes est une des plus longues, c'est la raison pour laquelle nous l'avons tronçonnée en 3 pages. Celle-ci est la première.

LES FRA-MAÇONNES.

PARODIE,
  EN UN ACTE.

 

SCÈNE PREMIÈRE.

Le Vénérable, Le Surveillant.

 

LE VÉNÉRABLE.

Voir l'air Non, je ne ferai pas - Cliquez ici pour l'entendre

Eh bien , tout est-il prêt pour la cérémonie ?

LE SURVEILLANT

Oui, Maître, vous pouvez compter sur mon génie ;

 À suivre vos désirs les Francs-Maçons zélés,
Sont déjà, par mes soins, en ces lieux rassemblés.

LE VÉNÉRABLE.

Voir l'air Ton humeur est, Catherine - Cliquez ici pour l'entendre

 Je craignais, par quelque obstacle,
Qu'ils ne soient tous arrêtés,
Ou qu'ils ne soient au Spectacle
Conduits par les nouveautés :
J'aurais remis notre affaire
À demain, sans nul détour ;
Car je sais qu'à présent, Frère ,
Les nouveautés n'ont qu'un jour.

Voir l'air du Menuet de Grandval - Cliquez ici pour l'entendre

Cependant j'ai l'âme ravie
Que tous mes projets soient suivis
  Commençons la cérémonie ;
Dans l'instant nous serons servis.

LE SURVEILLANT.

Cliquez ici pour entendre l'air La Bonne Aventure et ici pour en voir texte et partition (sur le site momes.net)

Aurons-nous un bon repas ?

LE VÉNÉRABLE

Oui, je t'en assure.

LE SURVEILLANT

J'ai vu des ragoûts là-bas 
D'assez bon augure.

LE VÉNÉRABLE

Nous recevons l'héritier 
D'un vieux Marchand Usurier.

LE SURVEILLANT

La bonne aventure !
Oh gué : la bonne aventure.

 (nous n'avons trouvé aucune trace de la partition de l'air Mais comment ! ses yeux sont humides)

Mais savez-vous, mon Vénérable,
Qu'une cohorte redoutable
Veut nous jouer un méchant tour ?
Je viens, en surveillant habile,
D'apprendre en parcourant la Ville,
Que trente femmes en ce jour
Doivent forcer notre séjour.

Dans les Francs-Maçons au Théâtre (éd. Barbe, Paris 1919), Albert Lantoine considère le texte (ci-dessus) à chanter sur l'air de La Bonne Aventure comme exemplaire du goût pour la bonne chère attribué aux Francs-Maçons, attribution dont il présente une autre illustration particulièrement ... savoureuse :

A Arras, qui fut une des premières villes de France, sinon la première, où la franc-maçonnerie se manifesta, le secrétaire perpétuel de l'Académie de la Ville, Harduin, plaisante les " travaux de mastication " avec un humour qui vaut d'être rappelé :

Vos ventres sont des édifices
Que votre main s'occupe à cimenter ;
Le grand art, le seul art que chez vous on pratique,
C'est d'apprendre sans cesse à devenir gourmets,
Et de manger d'excellents mets
Assaisonnés de sel attique.

(Mémoires de l'Académie d'Arras. Tome XXXVIe. 1864)

NB 1 : Selon l'entrée attique du Wiktionnaire, le sel attique est Tout ce qui a le caractère de cette plaisanterie délicate et fine qui distinguait les Athéniens. On trouve déjà ce sens à la 1ère édition (1694) du Dictionnaire de l'Académie française : Sel attique, Se dit de la pureté & des grâces du langage d'Athènes. A la 4e édition (1762), on trouve : On appelle Sel attique, Ce qui paroît avoir quelque rapport aux bons mots, & à la raillerie fine des Athéniens

NB 2 : Il était d'usage à l'époque que le maçon nouveau reçu prenne en charge les débours du Banquet qui suivait la cérémonie. On comprend donc que la situation de fortune du récipiendaire soit considérée par le Vénérable comme un gage de la qualité du repas.

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