La Perpendiculaire

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L'ouvrage de Jacques Brengues, Les francs-maçons dans la ville - Saint-Brieuc 1760-1990 (Ed. Soreda 1995), donne le texte de deux cantiques dus à Louis René François Bienvenüe (1760-1835) ; juriste, littérateur, parlementaire (en 1815), il est le grand-père de Fulgence Bienvenüe (1852-1936), artisan du métro de Paris, dont une station (Montparnasse-Bienvenüe)  porte le nom.

Ces cantiques s'intitulent Le Sorcier et La Perpendiculaire.

Il reproduit (pp. 145-6) ce dernier d'après les archives départementales des Côtes-d'Armor.

Brengues mentionne que La Perpendiculaire fut chantée pour la première fois à l'installation de la Loge l'Union Philanthropique de Lamballe, pour laquelle Bienvenüe, alors orateur de La Vertu Triomphante, fut délégué par sa loge pour l'y représenter. Il cite aussi un document d'époque selon lequel de grands applaudissements accueillirent cette fraternelle prestation. Il ne donne pas la date de celle-ci, mais elle se situe certainement entre 1802, date où Bienvenüe, initié en 1801, devint Orateur, et 1806, date où La Vertu Triomphante fut mise en sommeil, et probablement en 1802, date de la fondation de la Loge de Lamballe.

Son fils Arsène (1798-?), également maçon, a écrit sa biographie, texte resté manuscrit mais détenu par Brengues ; il y fait - sans la citer - allusion à cette chanson en y voyant un aspect de gaudriole. Certes nous ne sommes plus au XVIIIe, où le chansonnier maçonnique abordait avec plus d'élégance le thème ressassé des rapports entre les maçons et le "sexe faible". Mais nous ne sommes qu'au tout début du XIXe, et le sujet sera plus tard traité avec une lourdeur plus justiciable du terme de gaudriole

Air: De la croisée 

Au bonheur d'être dans ces lieux, 
Frères quel autre est comparable ? 
A nos ébats les plus joyeux 
Préside la sagesse aimable : 
Car incapable de céder 
Aux impressions de vulgaire 
En tout nous aimons à garder 
La perpendiculaire 

Oui les mesures du compas 
Pour emblèmes nous sont données ; 
Pourtant je ne répondrai pas 
De l'effet de ces Canonées : 
On peut s'oublier aisément 
Dans une rencontre si chère; 
Et perdre au moins pour un moment 
La perpendiculaire.

Tant qu'il faut généreux et bon, 
De son ordre se montrer digne, 
Le véritable Franc-Maçon, 
Point ne s'écarte de la ligne :
Mais qu 'un jeune objet plein d'appas 
Attaque la vertu d'un frère, 
Adieu, Règle, Équerre, Compas 
Et perpendiculaire.

Si nos statuts semblent bannir 
Un sexe à qui tout rend les armes : 
Ah ! ce n'est pas pour le punir 
De sa faiblesse et de ses charmes ! 
Mais il ne trouve nul appas 
Dans le Compas et dans l'Équerre, 
Sur toute chose il n'aime pas 
La perpendiculaire.

Il a du ciel tous les bienfaits, 
Le Maçon qui dans son ménage 
Des nombres heureux et parfaits 
A volonté pour faire usage ; 
De ses maçonniques travaux 
Il reçoit le plus doux salaire, 
Il perd et retrouve à propos 
La perpendiculaire.

Frères de nos antiques lois 
Je connais l'austère prudence ; 
Mais l'on peut s'égarer parfois, 
Et la première est l'indulgence. 
Et ! n'allez donc pas réprouver 
La muse indiscrète et légère, 
Qui n'a pas su trop conserver 
La perpendiculaire.

Voir ici sur l'air de la Croisée.

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