Hommage à nos Soeurs

 

Nous avons trouvé ce cantique (dont les paroles sont du Frère Perin) dans deux imprimés :

- au recueil d'Orcel de 1867 (pp. 22-23)

- au Calendrier maçonnique pour l'An de la Vraie Lumière 5877, publié à Lyon en 1877 par l'Imprimerie-Librairie S. Pelletier, Cours Lafayette, 93, qui figure, sous la cote Bibliothèque municipale de Lyon Chomarat 3257, dans les collections de la Bibliothèque municipale de Lyon, laquelle nous a obligeamment autorisé à faire usage sur ce site des clichés (crédit photographique Bibliothèque municipale de Lyon, Didier Nicole) qu'elle nous en a fournis, et que nous avons adaptés pour les mettre aux normes du présent site. Perin est ici orthographié Perrin.

Il a été créé le même jour et dans les mêmes circonstances (une fête baptismale à Lyon), et a le même parolier, que deux autres (le célèbre Midi, maçons et Accueillons les petits enfants) figurant également au Calendrier maçonnique pour l'An de la Vraie Lumière 5877 ; elle a le même compositeur, le Frère Melchissedec, que l'une d'entre elles.

On pourrait s'interroger sur le sous-titre Hommage à nos Soeurs : à notre connaissance, il n'existait plus à cette époque de Loge d'Adoption dans la région, et il n'y avait pas encore (la création du Droit Humain remontant à la fin du XIXe) de Loge maçonnique mixte, ni a fortiori féminine. Mais il a été d'usage, dès le XVIIIe, d'appeler Soeurs les épouses de maçons, même si elles n'appartenaient à aucune organisation de caractère maçonnique.

Le texte se veut un hommage galant à celles-ci, mais sa rédaction quelque peu laborieuse, et bien dans le style de l'époque, est loin d'atteindre le charme léger des chansons du XVIIIe sur le même sujet.

Idéologie bourgeoise

Le texte, et particulièrement le 2e couplet, est bien conforme à l'idéologie de l'époque quant au rôle de la femme dans la Société (et dès lors dans la maçonnerie !), et il n'est pas sans évoquer ces phrases extraites

- l'une du journal La République maçonnique en 1881, dans un article dont l’objet avoué était de s’opposer à une campagne dont l'initiation de la femme est le but :

A l'homme l'action extérieure, les luttes de la vie et de la tribune ; à lui le côté actif et brillant, et peut-être un peu superficiel. A la femme l'action lente, douce et persévérante du foyer. A elle d'être le conseiller avant la bataille, la consolatrice après la défaite, la récompense après la victoire.

- l'autre dans un opuscule du Frère Yorick-Albert Leblanc, intitulé La femme et la Franc-Maçonnerie, imprimé à Fontenay-aux-Roses en 1891 par les soins de sa Loge le Héros de l’Humanité :

la femme doit rester en dehors de nos luttes et de nos angoisses  (ndlr : la maçonnerie serait-elle donc un lieu de luttes et d’angoisses ?)  ; elle doit se conserver tout entière pour panser nos blessures (ndlr : le médecin des âmes évoqué ci-dessous par le parolier).

Le repos du guerrier, en quelque sorte ... Voilà bien exprimés, sous une forme quasi-caricaturale, les clichés de la société patriarcale, si bien théorisés par Rousseau et si dominants au XIXe. La lutte dans l’arène publique, la bataille - et la guerre - sont l’affaire de l’homme, l’aménité, la douceur et la paix du foyer sont celle de la femme. Ce sont les stéréotypes, dans notre culture, de l’opposition solaire-lunaire : Mars et Vénus.

Opposition que la pratique maçonnique peut d'ailleurs amener à voir tout autant comme une complémentarité, à l'instar de celle des Colonnes Force et Beauté ...


    
Les fleurs les plus belles

HOMMAGE A NOS SŒURS

Paroles du Frère Perrin, musique du Frère L. Melchissedec

Chanté par le Frère Féret
au banquet de la fête baptismale, célébrée le 3 aoÛt 1862 (Ere Vulgaire) par la Respectable Loge
Les Chevaliers du temple

 

Pour embellir notre banquet,
Nos frères désiraient des roses ;
Et pour en former un bouquet,
Ils les voulaient fraîches écloses.
Pourquoi, dis-je, chercher des fleurs ?
A nos statuts soyons fidèles,
Et puisque nous aurons nos sœurs,
Ne sont-elles point les plus belles ?

 Qui guide, enfant, nos premiers pas,
Aduîte enfin, qui nous console,
Et qui, souvent, avec ses bras
Nous forme une douce auréole?
N'est-ce donc pas l'ange si beau
Qui nous abrite de son aile,
De notre naissance au tombeau,
La femme, des fleurs la plus belle ?

 Laissons à d'autres les Soucis,
La Tulipe avec l'Amarante
Conservons les Myosotis,
Eux seuls savent charmer l'attente.
Souviens-toi, disent-ils toujours,
Les promesses sont éternelles
Si tu veux garder tes amours,
Cuîtive les fleurs les plus belles.

 Soyez notre guide ici-bas,
O vous toutes, mères ou femmes ;
Frères, appuyons notre bras
Sur ces médecins de nos âmes.
Ne cherchons point de vains plaisirs 
Quand tous nous attendent près d'elles,
Et sachons borner nos désirs,
A cueillir les fleurs les plus belles.

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