Quatrième Santé

 Cliquez ici pour entendre l'interprétation par Léopold Simoneau de la partie de l'air mentionné qui correspond - si notre hypothèse d'attribution ci-dessous est bien exacte - à cette chanson

Cette chanson figure aux pp. 19-20 du Recueil de La Bonne Harmonie de Neuchâtel de 1865. Elle réutilise, avec quelques modifications, les deux couplets d'une chanson figurant déjà (p. 479, sur l'air Je vais te voir charmante Lise) à l'édition 1787 de la Lire maçonne et en ajoute un 3e.

Alors que les Santés d'Obligation lors des Banquets sont en général à cette époque au nombre de 7, cette Loge se limite à 5, dont voici la 4e.

On trouvait déjà ce texte au recueil du Locle de 1842.

Mais dans ce recueil, c'était, pour des raisons liées au statut du canton à cette époque, non la 4e mais la 5e santé.

Dans son remarquable ouvrage La Fraternité en choeur, Sylvain Chimello mentionne (n° 59, p. 111) que cette chanson figure également à un document imprimé à Mulhouse, qu'il a trouvé aux Archives communales de Besançon : Chants maçonniques offerts par les Frères de la Colonne d'Harmonie à leurs Frères de la Parfaite Harmonie et aux Frères Visiteurs qui ont bien voulu participer aux travaux de la Fête solsticiale du 4 octobre 1863.

      

L'air dit de Joseph vient de l'opéra Joseph ou Joseph en Egypte (1807) de Méhul, sur un texte d'Alexandre Duval. Ce peut être, soit celui dont l'incipit est À peine au sortir de l'enfance, soit celui qui ouvre l'opéra :

Vainement Pharaon, dans sa reconnaissance,
S'empresse à flatter mes désirs ;
Au milieu des honneurs, de la magnificence,
Mon coeur est tourmenté par d'amers souvenirs.

ARIA

Champs paternels, Hébron, douce vallée!
Loin de vous a langui ma jeunesse exilée,
Comme au vent du désert se flétrit une fleur.
Ô mon père ! Ô Jacob ! dans une pure ivresse,
Tu m'appelais l'espoir, l'appui de ta vieillesse...
Et sans moi tu vieillis en pleurant ton malheur !
Frères jaloux, troupe cruelle !
C'est vous, dont la main criminelle
A son amour m'osa ravir.
Vous avez pu voir sans frémir
Ses pleurs, sa douleur paternelle.
Ingrats ! Je devrais vous haïr ;
Et pourtant malgré ces alarmes,
Malgré cet affreux souvenir,
Si vous pouviez vous repentir,
Je serais touché de vos larmes.

Il est à noter que l'air proprement dit (Champs paternels) ne commence qu'après un récitatif, et que seuls les 10 derniers vers de l'aria sont sur la même métrique que le cantique ci-dessus. 

Cliquez ici pour entendre un extrait, chanté par Roberto Alagna accompagné par le Royal Opera House Orchestra Covent Garden dirigé par Bertrand de Billy (CD French Arias, EMI Classics 7243 5-57012-2 0).

L'air peut être écouté sur youtube dans deux interprétations anciennes, celle de John McCormack en 1917 et celle de Leopold Simoneau (complet, avec le récitatif) en 1957.

Cet air est également utilisé par une chanson de Rougemont.

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