Des Marseillaises maçonniques

 Cliquez ici pour entendre l'air (si par hasard vous ne le connaissez pas !)

Diverses Marseillaises maçonniques figurent à ce site : 

  • la plus ancienne (Allons, enfants de la lumière) date de 1792 et vient de Toulouse

  • celle du Frère Delalande (Enfants du niveau, de l'équerre), datant de 1796, figure en 1804 au Recueil de Cantiques pour la Loge de la Parfaite-Union à l'Orient de Douay

  • celle du Frère Reynvaan est extraite de son recueil de 1799

  • celle du Frère Loeuillet (Allons, enfants de la Sagesse) vient du Recueil de Cantiques de la Parfaite-Union de Douai

  • une autre, dite Marseillaise de la Paix, est également du XIXe siècle 

  • une autre (Frères et Compagnons, à nous le bon combat !), très guerrière, date du XXe, plus précisément de la guerre 14-18

  • celle-ci date de 1913 et reflétait précisément les efforts maçonniques pour éviter cette guerre

  • la dernière est une véritable déclaration de guerre à l'obscurantisme, dont nous n'avons pu déterminer la date.

L'air de la Marseillaise est également utilisé par cette chanson en 1799.

Et notons également, sur le même air, un cantique dit à la gloire du grand architecte de l'univers, un chant d'inauguration à Douai et même une imploration au Grand Architecte !

 

 ci-contre :

au-dessus, le célèbre tableau de Pils (1849) Rouget de l’Isle chantant La Marseillaise pour la première fois

au-dessous, l'amusant pastiche qui en a été fait à la couverture du livre-CD-DVD de Bernard Muracciole, Airs et Hymnes maçonniques, où il est représenté chantant une Marseillaise maçonnique (plage 7 du CD et 3 du DVD)

Ci-dessous, une partition d'époque de la Marseillaise d'origine (pour ce qui concerne celle-ci, on peut également se référer à la page Rouget de Lisle).

Dans LES HYMNES ET CHANSONS DE LA RÉVOLUTION (1904), Constant Pierre donne de nombreux détails à son sujet, aux pp. 223 à 275.
 

Quelques parodies (non maçonniques) de La Marseillaise

Il existe (même si actuellement il est interdit de chanter sur cet air d'autres paroles que les officielles) de nombreuses parodies de la Marseillaise.  Pour l'anecdote, nous en reproduisons ci-dessous l'une ou l'autre. Le curieux en trouvera encore d'autres aux colonnes 764-765, 881 à 885, 929, 995 à 999, du recueil pour le premier semestre 1906 de L'Intermédiaire des chercheurs et curieux (consultable sur le site de la BNF). Une parodie anti-maçonnique figure aussi au présent site. Ainsi que quatre Marseillaises compagnonniques.

La Marseillaise de la Paix

(paroles attribuées à André Chénier)

De l'universelle patrie
Puisse venir le jour rêvé
De la paix, de la paix chérie
Le rameau sauveur est levé (bis)
On entendra vers les frontières
Les peuples se tendant les bras
Crier: "il n'est plus de soldats"
Soyons unis, nous sommes tous frères.

Plus d'armes, citoyens
Rompez vos bataillons
Chantez, chantons
Et que la paix féconde nos sillons.

La Marseillaise de la Commune

(paroles de Mme Jules Faure, 1871)

Français, ne soyons plus esclaves !,
Sous le drapeau, rallions-nous.
Sous nos pas, brisons les entraves,
Quatre-vingt-neuf, réveillez-vous. (bis)
Frappons du dernier anathème
Ceux qui, par un stupide orgueil,
Ont ouvert le sombre cercueil
De nos frères morts sans emblème.

Refrain 

Chantons la liberté,
Défendons la cité,
Marchons, marchons, sans souverain,
Le peuple aura du pain.

Depuis vingt ans que tu sommeilles,
Peuple français, réveille-toi,
L’heure qui sonne à tes oreilles,
C’est l’heure du salut pour toi.(bis)
Peuple, debout ! que la victoire
Guide au combat tes fiers guerriers,
Rends à la France ses lauriers,
Son rang et son antique gloire.
(refrain)

Les voyez-vous ces mille braves
Marcher à l’immortalité,
Le maître a vendu ses esclaves,
Et nous chantons la liberté. (bis)
Non, plus de rois, plus de couronnes,
Assez de sang, assez de deuil,
Que l’oubli dans son froid linceul
Enveloppe sceptres et trônes.
(refrain)

Plus de sanglots dans les chaumières
Quand le conscrit part du foyer;
Laissez, laissez, les pauvres mères
Près de leurs fils s’agenouiller. (bis)
Progrès ! que ta vive lumière
Descende sur tous nos enfants,
Que l’homme soit libre en ses champs,
Que l’impôt ne soit plus barrière.
(refrain)

N’exaltez plus vos lois nouvelles,
Le peuple est sourd à vos accents,
Assez de phrases solennelles,
Assez de mots vides de sens. (bis)
Français, la plus belle victoire,
C’est la conquête de tes droits,
Ce sont là tes plus beaux exploits
Que puisse enregistrer l’histoire.
(refrain)

Peuple, que l’honneur soit ton guide,
Que la justice soit tes lois,
Que l’ouvrier ne soit plus avide
Du manteau qui couvrait nos rois. (bis)
Que du sein de la nuit profonde
Où l’enchaînait la royauté,
Le flambeau de la Liberté
S’élève et brille sur le monde !
(refrain)

Parodie royaliste 

(texte de J. Peltier)

Allons, amis de la patrie, 
Français trop longtems aveuglés,
Que des suppôts de l'anarchie
Les drapeaux sanglants soient brûlés !...

cette parodie, ainsi que la parodie gastronomique (ci-dessous plus bas), sont citées dans les souvenirs de Louis Du Bois (1773-1855), consultables sur le site de la Bibliothèque municipale de Lisieux ; celui-ci cite également - ci-contre - le couplet additionnel paru en 1794 à Lyon et attribué à Collot-D'Herbois.

A l'Arbre de la Liberté 

Arbre chéri, deviens le gage 
De notre espoir et de nos voeux ;
Puisses-tu fleurir d'âge en âge
Et couvrir nos derniers neveux !
Que, sous ton ombre hospitalière,
Le vieux guerrier trouve un abri ;
Que le pauvre y trouve un ami ;
Que tout Français y trouve un frère !
Aux armes, citoyens ; etc.

La Marseillaise agricole

N'oublions pas la Marseillaise agricole qui fut chantée pour la Fête de l'agriculture du 10 messidor an VI [28 juin 1798] : c'est l'œuvre de François de Neufchâteau (1750-1828), poète, magistrat, avocat et homme politique (il fut président du Sénat de 1804 à 1814), qui fut aussi membre de la Loge des Neuf Sœurs et du Grand Chapitre du Grand Orient de France. En voici quelques vers :

Aux Armes, laboureurs! Prenez votre aiguillon ; 
Marchez (bis), qu'un vent docile ouvre un large sillon.

Allons, amis du labourage, 
Pousser le soc avec vigueur ;
Charmez les soins de votre ouvrage 
Par un chant qui parte du cœur (bis). 
Du sein de la moisson naissante, 
A vos besoins l'espoir sourit ; 
Et sous vos mains partout fleurit 
La campagne reconnaissante.

Vous n'allez plus à la corvée
Vous épuiser pour un seigneur ;
La gerbe n'est plus enlevée,
Sous vos yeux par un exacteur (bis).
La charrue aux yeux de la France,
Aujourd'hui remise en honneur,
Vous assure avec le bonheur,
La véritable indépendance.

Comme l'écrit Charles Porset dans ses notes critiques accompagnant la réédition de l'ouvrage de Louis Amiable, Une loge maçonnique d'avant 1789, la loge des Neuf Soeurs :

on s'explique qu'après de tels morceaux, la postérité ait oublié F. de Neufchâteau; mais, en 1798, une telle Marseillaise pouvait jouer son rôle dans le redressement économique du pays quand on sait que la France était essentiellement agricole ...

La Marseillaise de ... Léo Taxil

L'ineffable Léo Taxil, célèbre pour ses mystifications successivement pro- et anti-maçonniques, a également commis, en 1881, une Marseillaise anticléricale, le Chant des électeurs :

Refrain :

Aux urnes, citoyens, contre les cléricaux !
Votons, votons et que nos voix
dispersent les corbeaux ! 

1

Allons ! fils de la République,
Le jour du vote est arrivé !
Contre nous de la noire clique
L'oriflamme ignoble est levé (bis).
Entendez-vous tous ces infâmes 
Croasser leurs stupides chants ? 
Ils voudraient encore, les brigands,
Salir nos enfants et nos femmes ! 

3

Quoi ! ces curés et leurs vicaires
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi! ces assassins de nos pères
Seraient un jour nos meurtriers ! (bis).
Car ces cafards, de vile race,
Sont nés pour être inquisiteurs...
A la porte, les imposteurs ! 
Place à la République! place ! 

5

Citoyens, punissons les crimes 
De ces immondes calotins ; 
N'ayons pitié que des victimes
Que la foi transforme en crétins (bis)
Mais les voleurs, les hypocrites,
Mais les gros moines fainéants,
Mais les escrocs, les charlatans ...
Pas de pitié pour les jésuites ! 

2

Que veut cette maudite engeance,
Cette canaille à jupon noir ?
Elle veut étouffer la France
La France sous l'éteignoir! (bis)
Mais de nos bulletins de vote 
Nous accablerons ces gredins,
Et les voix de tous nos scrutins 
Leur crieront : A bas la calotte ! 

4

Tremblez, coquins ! cachez-vous, traîtres ! 
Disparaissez loin de nos yeux !
Le Peuple ne veut plus des prêtres; 
Patrie et Loi, voilà ses dieux (bis)
Assez de vos pratiques niaises !
Les vices sont vos qualités.
Vous réclamez des libertés?...
Il n'en est pas pour les punaises ! 

6

Que la haine de l'imposture 
Inspire nos votes vengeurs !
Expulsons l'horrible tonsure ;
Hors de France, les malfaiteurs ! (bis)
Formons l'union radicale ;
Allons au scrutin le front haut :
Pour sauver le pays, il faut 
Une chambre anticléricale. 

LE RETOUR DU SOLDAT (Marseillaise bachique ou gastronomique) 

Refrain :

A table, citoyens,
Vuidez tous les flacons,
Buvez, mangez, qu'un vin bien pur
Humecte vos poumons !

Allons enfants de la Courtille,
Le jour de boire est arrivé,
C'est pour nous que le boudin grille,
C'est pour nous qu'on la conservé (bis)
Ne vois-tu pas dans la cuisine
Rôtir des Dindons et Gigots!
Ma foi, nous serions bien nigauds
Si nous leur faisions triste mine.

Tremblez Lapins, tremblez Volailles,
Ou bien prenez votre parti!
Ne tremblez que dans nos entrailles,
Pour appaiser notre appetit. (bis)
Tout est d'accord pour vous détruire,
Chasseurs et gloutons tour-à-tour,
Peut être viendra-t-il un jour
Où c'est vous qui nous ferez cuire.
A table, citoyens, etc.

Quoi des cuisines étrangères,
Viendraient gâter le goût françois !
Leurs sauces fades ou légères
Aurait le véto sur nos mets (bis)
Dans nos festins quelle déroute !
Combien nous aurions à souffrir!
Nous ne pourrions plus nous nourrir
Que de fromage, ou de choucroutte.
A table, citoyens, etc.

Amis, dans vos projets bachiques,
Sachez ne pas trop vous presser,
Épargnez ces poulets étiques,
Laissez-les du moins s'engraisser. (bis)
Mais ces chapons d'aristocrates,
Chanoines de la basse-cour,
Qu'ils nous engraissent à leur tour
Et n'en laissons rien que les pattes.
A table, citoyens, etc.

On lira avec intérêt l'article consacré par Hinrich Hude à cette Marseillaise de la Courtille et à ses multiples variantes, dans le n° 17 de la revue Dix-huitième Siècle (PUF, 1985 ; pp. 377-95)

On appréciera aussi une très républicaine Marseillaise électorale de 1880 : 

Aux urnes, citoyens, portons nos bulletins ;
Votons, votons, l'avenir est aux vrais républicains.

ainsi que la Marseillaise de la Revanche dédiée à Gambetta en 1871 :

Patience, Français, la revanche viendra !
Prussiens (bis), soldats bandits, votre sang coulera !

Mais il ne faut pas oublier la variante chantée par les Girondins en route pour l'échafaud :

Contre nous de la tyrannie 
Le couteau sanglant est levé

cependant qu'il existait un hymne en l'honneur de la Sainte Montagne :

Montagne, Montagne chérie, 
Du peuple les vrais défenseurs, 
Par vos travaux la République 
Reçoit sa Constitution.

Citons aussi des Marseillaises des femmes, dont celle-ci datant de 1880 :

Allons toutes femmes de France
Au réveil de la liberté
Nous annonçant la délivrance
Au cri de solidarité
Femmes de villes, des campagnes
Nous sommes mères de soldats
Plus de guerre et plus de combats
Mais l'amour de toutes compagnes
Faisons valoir nos droits, élevons nos enfants
Humains, humains libres, instruits, vertueux, beaux et grands !

Et celle-ci de 1870 :

Ah ! plus de pleurs ! Ah! plus de fièvres !
Tout chante, amis, votre retour ;
Français ! buvez ! buvez ! l'amour !
Voici nos fronts, voici nos lèvres ... 

Voir ici dans la Goguette (p. 141) en 1834 une Marseillaise épicurienne de E.-C. Piton

... Et n'oublions pas, pour terminer, cette Marseillaise anti-maçonnique.

 

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