l'Espérance (Zur Hoffnung) à Berne

 

C'est à l'initiative de maçons français (la Suisse étant à l'époque sous domination française) que fut créée la Loge de Saint Jean de l'Espérance à l'Orient de Berne, et c'est sous les auspices du Grand Orient de France qu'eut lieu le 7 février 1804 l'allumage de ses feux.

Pendant cette période française, la Loge a publié deux Recueils de cantiques en 1809 et 1812. 

Un Festlied sur un texte de Muther lui a été dédié en 1819.

Parmi ses membres elle compta Elie Ducommun et les compositeurs Korbmann et Mendel.

Elle existe toujours sous le titre distinctif Zur Hoffnung et est active musicalement (voir par exemple ici).

On remarque ci-dessus l'évolution stylistique du logo de la Loge, toujours centré sur l'ancre, symbole chrétien de l'Espérance.

Léopold Ier, maçon ?

C'est dans cette Loge qu'aurait été initié le futur roi Léopold Ier de Belgique.

Le Grand Orient de Belgique s'est toujours prévalu de l'appartenance maçonnique de celui-ci, appartenance que certains considèrent cependant comme douteuse. Il semble bien en tout cas qu'une telle appartenance n'ait jamais été que nominale, sans trace de présence en Loge.

C'est seulement après le décès du roi que l'Obédience sollicita des preuves de cette appartenance, et qu'elle put les obtenir, via une lettre dont voici la teneur :

« Ce qu’ayant entendu, et considérant : que l`initiation de son Altesse étant de soi déjà profitable à l'Ordre Royal, elle ne pourra que faire honneur à notre Orient ; que suivant nos statuts, tout Chevalier Rose-Croix a le droit de donner la lumière a des profanes, aux lieux où ne se trouvent pas des loges régulières ; que le Très Respectable et Cher Frère de Schifferlin, membre de notre loge, possède le droit précité, en vertu de son rang maçonnique :

l'Assemblée décide par dix-huit voix contre deux, qu’elle donne au Frère de Schifferlin l’autorisation de procéder a cette réception au nom de la Respectable Loge l'Espérance, a l’Orient de Berne, bien entendu que l'acte aura lieu solennellement, et qu”il y sera tenu le meilleur compte des obligations maçonniques. »

Extrait du Procès-Verbal du 9e jour du 10e mois 5813.

« Il est donné connaissance à la loge d’une planche adressée au Vénérable Maître en Chaire de la part du Frère de Schifferlin, qui demande l’autorisation d”initier le prince de Cobourg aux 2e et 3e grades, et qui, en outre, exprime le désir qu'il plaise aux Frères de nommer le prince membre honoraire de 1'Espérance. 

Là-dessus, considérant que le prince de Cobourg a été reçu franc-maçon dans les formes régulières; mais que, en sa qualité d’apprenti, il ne pourrait en tous cas jouir des avantages dus, soit à son rang, soit aux nobles sentiments dont on le sait animé, 

la Loge l'Espérance déclare : 

« qu'elle autorise le Frère de Schifferlin à revêtir le prince de Cobourg des 2e et 3e grades de la maçonnerie symbolique ; que, de plus, elle le reçoit membre honoraire, et lui en fera délivrer lé diplôme en bonne forme. » 

Le Frère de Schifferlin, dont il s'agit ici, était médecin privé d'une Grande Duchesse de Russie, et conseiller de cour russe. C'est peut-être en cette qualité qu'il avait fait la connaissance du prince, alors général de l'Empereur Alexandre I.

Nous sommes persuadés, Très Illustre Grand Maître, Très Respectables et Bien Aimés Frères, que vous accueillerez ces données avec plaisir; car elles intéressent la Maçonnerie Belge au suprême degré. C'est aussi pour cette raison que, de son propre mouvement, notre loge nous avait chargés de vous mander la part qu’elle prise au décès du feu roi, notre Bien Aimé Frère et membre honoraire. Une loge funèbre, tenue le 18 décembre dans notre Temple maçonnique, a consacré une large place à l’honneur du Frère Léopold, et sanctifié sa mémoire en lui érigeant le monument d’usage, quand d'éminentes vertus font regretter davantage, chez un Frère aimé la fin d'une vie longue et dignement remplie. Cette vie de l’Illustre Frère défunt, l’esquisse biographique usitée dans cette grave solennité en a marqué les traits distingués, ceux principalement de l'homme au bandeau royal, et qui, assis sur le trône, en a remplacé le faux éclat par la lumière des plus généreux sentiments qui honorent la franc-maçonnerie. 

C'est assez vous dire, Très Illustre Grand Maître, Très Chers Frères, que le souvenir de l’Illustre Roi Maçon défunt est gravé en traits ineffaçables dans le Temple maçonnique de l'Orient de Berne. Si avec vous, Frères belges, nous déplorons sa perte, nous sommes heureux de partager aussi la jouissance de sa mémoire avec tous vos ateliers ; et votre Grand Orient voudra bien faire part de ces sentiments au Suprême Conseil du système écossais. Comme nous n’avons pas d’adresse profane, nous ne pouvions remplir

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