La juste sévérité

Cliquez ici pour entendre l'air

Ces pages sont les pp. 274 et 275 de La Lire Maçonne.

La première apparition de cette chanson est à notre connaissance (p. 73) dans un recueil de Jérusalem daté de 1748. On la retrouve dans certains autres de ces recueils de Jérusalem, ainsi que dans certains recueils qui en sont souvent inspirés, tels celui de Lausanne (p. 134) ou (p. 56) la Lyre maçonne pour le Marquis de Gages.

Au siècle suivant, on la trouvera encore (p. 166) dans la Muse maçonne de 1806.

  

 

La juste sévérité

 

Air nouveau.

 

Modérato

Loin des Profanes, nos jaloux,
Très Vénérable, et vous mes Frères,
Avec délices livrons-nous
Aux charmes de nos lois austères.
Que le Vulgaire, dans la nuit,
Fronde le noeud qui nous assemble ;
Près de nous l'Univers séduit,
N'est rien quand nous sommes ensemble.

Quoi de plus simple que nos mœurs ? 
Nos lois pour base ont l'innocence ; 
La nature dans tous nos cœurs, 
Est encore dans son enfance. 
Issus du plus sage des Rois, 
Nous bâtissons à son exemple ; 
L'humanité rentre en ses droits, 
Et se voit élever un Temple.

Comme l'Athénien discret, 
Dont on nous vante les harangues ; 
Pour mieux taire notre secret,
On nous verrait couper nos langues : 
Que cet aveu, Sexe enchanteur, 
N'alarme point vos tendres âmes ; 
Quoique Maçon, cet Orateur 
Fut-il moins l'Avocat des Dames ?
(*) 

Toi qui, muni des yeux du Lynx, 
Marchant au Trône par l'inceste, 
Osas jadis percer, du Sphinx, 
L'énigme, à tant d'autres funeste ; 
Si le Monstre, plus pénétrant, 
T'eût proposé notre Mystère, 
Oedipe, sa cruelle dent 
T'eût sauvé des bras de ta mère.

(*) Hipéride, fameux Orateur d'Athènes, plaida la cause de la belle Phriné ; & se coupa la langue avec les dents, pour ne pas révéler le secret de sa Patrie aux ennemis dont il était le prisonnier.

Sur Hypéride, voir ici. On lit généralement que la langue lui aurait été arrachée par ses tortionnaires, mais on trouve également la version de l'auto-mutilation évoquée par la Lire.

La courtisane athénienne Phryné avait été mise en procès devant l'aréopage pour impiété. Plaidant pour elle, Hypéride avait arraché le haut de sa tunique et dévoilé sa poitrine. Tant de beauté ne pouvant être que le signe d'une protection d'Aphrodite, Phryné fut acquittée.

Ce tableau (1861) de Jean-Léon Gérôme représente la scène - non sans en en remettre quelque peu, puisqu'Hypéride ici dévoile plus que le buste de Phryné ...

Retour à la table des matières de 
La lire maçonne
: