DELICES DES MAÇONS

  Cliquez ici (midi) ou ici (MP3) pour entendre un fichier de l'air Que ne suis-je la fougère

Cliquez ici pour entendre le fichier (mp3) de la partition de la Clé du Caveau pour l'air Jusque dans la moindre chose (remerciements à Daniel Bourgeois, auteur du fichier Musescore utilisé)

Cette chanson  figure à la p. 522 (qui fait partie de celles qui sont absentes des éditions antérieures) de l'édition 1787 de La Lire Maçonne.

L'air Présumant trop de ma Lyre doit selon Bachaumont se chanter sur Que ne suis-je la fougère mais peut également d'après cette page se chanter sur Ce mouchoir, belle Raymonde.

DELICES DES MAÇONS.

 

Sur l'Air Présumant trop de ma Lyre.

 

Tandis qu'une nuit obscure, 
Ailleurs couvre tous les yeux, 
La lumière la plus pure 
Nous éclaire dans ces lieux : 
Ils sont l'asyle des grâces, 
Ils sont le temple des moeurs ; 
Et les soucis sur nos traces 
N'y naissent jamais qu'en fleurs.

 

ô Déesse tutélaire ! 
ô Charmante & douce Paix ! 
Regne fur toute la terre, 
Ainsi que dans nos banquets ; 
Protège un Ordre qui t'aime,
Nos combats ne sont qu'un jeu, 
Ici tu dirois toi même,
Feu, double feu, triple feu.

 

De l'odieuse imposture 
Bravons l'impuissante voix,
Eleves de la nature 
Buvons y par trois fois trois 
Rendons un semblable hommage 
Aux ris, aux jeux, aux plaisirs ; 
Et dans leurs suite volage, 
Hâtons nous de les saisir.

 

Le ciel, en nous donnant l'être, 
Forma nos coeurs pour sentir ; 
Insensé qui veut connoître,
Avant de savoir jouir, 
Vivre est notre unique ouvrage ; 
Vivons, bornons là tous nos voeuxs
L'on est toujours assez sage, 
Lorsque l'on sait être heureux.

On retrouvera cette chanson en 1806 dans la Muse maçonne (p. 330).

Nous avons trouvé l'origine de cette chanson : elle figurait en effet quelques années plus tôt, sous le titre Hymne pour une Fête maçonne célébrée a Clermont-Ferrand par la Loge de St. Michel de la Paix et sous la signature de M. Sautereau de Bellevaud, à la fois :

Cette version d'origine est presque identique mais elle contient, avant les autres, un couplet supplémentaire (écarté par la Lire car trop épicurien ?) :

Amis ornons notre tête
des heureux dons du printems, 
& pour chanter cette fête 
formons les plus doux accens : 
livrons-nous à l'allégresse, 
& dans ce temple écarté 
forçons enfin la sagesse 
d'embrasser la volupté.

Ici l'air indiqué est Jusque dans la moindre chose.

Saint-Michel de la Paix fut dans la seconde moitié du XVIIIe une des Loges principales de Clermont-Ferrand. Fondée en 1766, elle fut reconstituée en 1778 par le Grand Orient, mais fusionna en 1792 avec Saint-Maurice. Elle regroupait notamment des marchands et des hommes de loi (procureurs et greffiers).

Jean Sautereau de Bellevaud (1741-1809) était avocat à St. Pierre-le-Moûtier (agglomération située à 140 km. au nord de Clermont-Ferrand) et avocat en Parlement ; il sera député de la Nièvre. 

Selon Marcel Auche dans Les Francs-maçons de la Révolution (Editions de la Hutte), il fut membre (1783-5) de la Loge de Saint-Pierre-le-Moûtier Saint Pierre des Lions (NB : Le Bihan ne mentionne en cet Orient que Saint Pierre ès Liens, fondée en 1783 - peut-être s'agit-il d'une erreur de transcription ?). Mais il était manifestement maçon avant 1783, puisque son texte n'est pas postérieur à 1774.

Il se piquait de poésie, et nous avons trouvé de lui l'une ou l'autre publication : en 1774 deux contes en vers, en 1771 La Tempête, en 1782 une Epigramme et une autre ici en 1769.

L'avant-dernier couplet est cité (p. 525 du .doc et 538 du pdf) dans l'ouvrage de Daniel MORNET, LES ORIGINES INTELLECTUELLES DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE 1715 - 1787.

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La lire maçonne
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