Les Officiers de l'Amour à l'Orient de Cythère

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Ce cantique figure aux pages 31 à 35 de la Lyre maçonnique pour 1809. Il constitue un des multiples badinages de l'époque sur le thème de l'Amour maçon (mais n'est peut-être pas le plus réussi d'entre eux ...)

Les Officiers de l'Amour à l'Orient de Cythère

Air : De la cinquième Edition 

Je suis Maçon, a dit l'Amour, 
Je viens changer ma politique, 
Que tout désormais dans ma cour, 
Dans mes états soit maçonnique. 
De ma sagesse au monde heureux 
Je vais donner un grand exemple : 
Debout ! à l'ordre demi-dieux, 
Et vous, Hymen, couvrez mon temple !

Vous le savez, ô mes amis ! 
L'Hymen m'a toujours fait la guerre, 
Mais souvent s'il m'a compromis 
Je le rappelle sans colère ; 
Je veux de mon rival jaloux, 
Par mes bienfaits punir la haine ; 
D'ailleurs mes bienfaits les plus doux 
Je les perçois sur son domaine.

Qu'il ait donc ici tout l'honneur, 
Qu'il soit à jamais respectable, 
J'ai mes raisons, quoique vainqueur, 
Pour le nommer mon vénérable. 
Et pour modérer ses tourments 
Sans préjudice à ma puissance, 
Je lui donne deux surveillants : 
Le Désir et la Confiance.

Pour offrir toujours le bonheur 
Et vous signaler ma présence, 
J'ai désigné mon orateur, 
C'est toi, séduisante Espérance ! 
Jeux malins, guidés par mes loix, 
Que votre charme l'environne, 
Et quand vous entendrez sa voix 
Embellissez chaque colonne.

Toi, des appas de la Beauté 
Scrupuleuse dépositaire, 
Tendre et féconde Volupté, 
Je t'ai nommé ma trésorière. 
Que toujours l'amoureux soupir 
Sur mes bons règle tes dépenses. 
Je charge à jamais le plaisir 
De t'en remettre les quittances.

Pour convoquer mes favoris 
J'ai dû nommer un secrétaire, 
Ce poste fatal aux maris 
J'aime à le donner au Mystère. 
S'il avait besoin de secours, 
D'Hymen pour tromper l'avarice, 
Le secrétaire des amours 
Pourra s'adjoindre la Malice.

De tous mes diplômes secrets 
Souvenir, vous tiendrez la liste, 
Pour enregistrer mes bienfaits 
Je vous nomme mon archiviste ; 
Mais pour le repos des époux 
Et leur sauver douleurs trop vives, 
Ne souffrez pas qu'Hymen jaloux 
Prenne les clefs de mes archives.

D'Amour, les ordres entendus, 
Le temple s'ouvre et la lumière 
Frappe Hymen dans les pas perdus, 
Attendant son heure dernière ; 
Mais dès qu'il eut appris, dit-on, 
Qu'il était le chef de l'empire, 
Sur la bouche du dieu barbon 
On vit grimacer un sourire.

A la requête de l'Amour, 
Maillets battants, l'Hymen s'avance, 
Mais non sans craindre plus d'un tour, 
Il se glisse à la présidence ; 
A ce vénérable trembleur 
Tant de gloire paraît suspecte, 
Il n'observe pas sans terreur, 
Qu'Amour est son grand architecte.

Pour débuter avec éclat, 
L'Hymen veut lever la séance, 
L'Amour s'indigne et le débat, 
Réduit l'Hymen à l'impuissance. 
D'Amour le triomphe est complet, 
Et son rival en vain fait rage, 
L'Hymen doit tenir le maillet ; 
Mais pour qu'Amour en fasse usage. 

Tu te dis Maçon vainement, 
Amour, ici je te condamne, 
Sans respect pour ton président ; 
Tu raisonnes comme un profane, 
Tout Maçon porte, avec ardeur, 
Au vénérable obéissance, 
Le chérir est notre bonheur, 
Son amitié nous récompense.

Voir l'air de la cinquième édition.

Il n'y a aucun nom d'auteur.

L’hymen vient après l’amour, comme la fumée après la flamme. ( Chamfort)

 

à gauche : le thème de la guerre puis de la réconciliation entre l'Hymen et l'Amour était déjà celui de l'opéra-ballet héroïque (1747) de Rameau, les Fêtes de l'Hymen et de l'Amour.

 

à droite : Vénus, l'Hymen et l'Amour, tableau de Prud'hon (1758 - 1823)

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