Kaija

En cliquant ici, vous entendrez le début de la plage 12 de ce CD, Les agapes, avec la voix de Pauline Meyer

Eric Kaija Guerrier a publié en septembre 2010, aux éditions Yves Meillier, un livre-disque intitulé La traversée de l'intervalle - Aperçus fragmentaires de l’influence de la mystique rhénanique sur la franc-maçonnerie christique.

Le livre

Revendiquant hautement, dès l'introduction, ses origines strasbourgeoises, Eric Kaija Guerrier consacre son premier chapitre à la présentation de la Mystique Rhénane.

Son deuxième chapitre - de loin le plus long - est consacré à un développement sur la Franc-maçonnerie mystique et christique, à travers le Rite Ecossais Rectifié (RER), dont il retrace l'historique. La dernière partie de ce chapitre est consacrée à une analyse approfondie, exemples à l'appui, des convergences et de la communauté spirituelle de pensée existant - même s'il reconnaît qu'aucune filiation directe ne peut être établie, il estime que Strasbourg y a joué son rôle - entre la spiritualité du RER et la Mystique Rhénane.

Après avoir cité (chapitre III) le texte fondamental du RER, l'auteur présente, dans son IVe et dernier chapitre, ses douze chansons autour du symbolisme de la franc-maçonnerie des trois premiers degrés (voir ci-dessous).

Orné de superbes photographies de Nadia Wicker, l'ouvrage se termine par un glossaire, un index de noms propres (où, à notre stupéfaction, est mentionnée - sous l'article Mozart - une plus que douteuse appartenance maçonnique de Haendel), et une riche bibliographie.

Les chansons

Tenter de traduire en musique l'expérience spirituelle et initiatique résultant de cette option maçonnique qu'il a choisie, c'est ce qu'entend faire l'auteur, explique-t-il dans son chapitre IV, en osant la chanson consacrée à l'outillage maçonnique au regard d'une métaphore alchimique et christique à travers l'étape emblématique de la figure d'Hiram Abi. Le cadre - pour lequel il se réfère à Jules Boucher et à Oswald Wirth - de ce projet étant à ses yeux la franc-maçonnerie alchimique et spiritualiste en tant que condition de possibilité de l'expérience initiatique.

Il reconnaît cependant que la materia prima de ses chansons relève en fait plus, à son avis, du REAA que du RER.

On pourrait craindre, à la lecture de ces déclarations d'intentions, de voir l'auteur tomber dans le piège du discours pédagogique ou prosélyte. Disons d'emblée qu'à notre avis il n'en est rien.

En effet, comme il l'écrit, la chanson est essentiellement une invitation à la poésie dont la musique est la compagne simultanée d'un possible dépassement des mots. C'est ce qui - heureusement à notre sens - permet aux chansons d'échapper, par l'universalité du langage poétique, à toute spécificité qui prétendrait les rattacher à une Rituélie, une philosophie, ou même une conception de la maçonnerie, particulière. Comme il l'écrit, le rayonnement constructif se manifestant au coeur du temple relève d'une allégorie parfaitement universelle.

Et c'est effectivement de l'universalité du symbolisme maçonnique, quelles qu'en soient les options ou les expressions, que relèvent les textes, aussi beaux que simples, des chansons, dont la résonance nous apparaît comme susceptible d'émouvoir tout maçon sincère.

De même qu'il n'est indispensable ni d'être chrétien pour apprécier les cantates de Bach ni d'être maçon pour aimer la musique funèbre maçonnique de Mozart, il n'est aucunement nécessaire de partager la vision ésotérico-chrétienne spécifique de l'auteur pour adhérer à la beauté de ses textes et de ses musiques, qui nous semblent traduire, dans un langage accessible à tous et dépourvu de toute scorie ésotérico-mystique, un fonds commun au ressenti de l'ensemble des maçons plutôt qu'une vision spécifique propre à certains seulement.

Le CD comprend 12 plages, dont une (n° 7) est purement instrumentale et une (n° 12) vocale, mais sans texte :